Une route sans fin

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Connaissez-vous Une route sans fin? Moi, je n’en avais jamais entendu parler jusqu’à ce qu’un texte de la blogueuse Miss Rebelle attire mon attention sur Facebook. Pourtant, cette année est la 12e édition de ce défi, organisé par les Centres Jeunesse du Québec, qui invitent les jeunes en difficulté, de certaines régions de la province, à se dépasser, sur une distance d’une cinquantaine de kilomètres, à vélo. Cet événement, présenté par la Fondation Bon départ,  a débuté le 1er juin au Saguenay Lac St-Jean pour se poursuivre en Estrie, Lanaudière, Laurentides, Côte-Nord et Chaudière-Appalaches le 2 juin; dans le Bas St-Laurent, Gaspésie/Iles de la Madeleine et Laval hier et se termine aujourd’hui en Montérégie.

Ces jeunes, qui sont souvent aux prises avec des problèmes de toxicomanie, d’anorexie, de dépendance, ou même victimes de violence, sont tous, pour la plupart, assez sédentaires et c’est tout un exploit d’arriver à les entraîner quelques semaines auparavant afin qu’ils puissent participer à ce genre d’événement. Alors que le Centre jeunesse de Laval était pointé du doigt récemment, suite à plusieurs fugues de leur établissement, où sont les médias aujourd’hui lorsqu’il s’agit de souligner les bons coups? Je vous partage ici le texte de Miss Rebelle qui fait présentement le tour des réseaux sociaux :

Je suis fru… Ben ben fru! Même si c’est vendredi, que j’ai fini mon shift, que j’ai bravé le trafic sale d’la 15, même si, à ce moment même, je me retrouve sur mon patio à déguster le premier cocktail du weekend, je suis fru!

Vous vous rappelez quand c’était le temps de dénoncer les fugues des centres jeunesse, vous vous souvenez la saga des fugueuses dans les réseaux de prostitution juvénile? Pendant des jours et des jours, chaque chaîne d’information avait son camion planté dans l’entrée du Centre afin de diffuser en direct les commentaires de la première résidente qui oserait parler publiquement, soit pour confirmer la situation, soit pour dédramatiser! Les journalistes étaient tous là, dès l’arrivée des premiers employés à 7 heures du matin, les caméras à l’épaule malgré le frette de l’hiver, à l’affût d’une peut-être fugue live sous leurs yeux, excités à l’idée de ramener le scoop de la journée. Ils étaient tous présents, espérant identifier un visage devenu populaire sur Facebook, Twitter ou Instagram.

À vous qui avez dénoncé le manque de ressources, de personnel, le manque de places, vous qui avez demandé tant d’explications, qui avez usé de stratégies pour entrer et voir de vos propres yeux afin de transmettre sur le prime time, où étiez-vous aujourd’hui?

Ben aujourd’hui, en ce merveilleux vendredi 3 juin, nos filles ont pédalé plus de 50 km pour La route sans fin! Une belle cause, une activité qui vise la réadapt, la socialisation, le dépassement de soi, la complicité entre intervenant et jeune avec des troubles de comportements! Elles ont persévéré, vécu du succès! Aucune n’a fugué, elles ont participé avec les policiers qui assuraient leur sécurité sans s’opposer, sans fuir! Elles se sont entraînées les soirs de semaines, dans nos rues, sans troubler la paix! Elles vous ont croisé, vous ont dit merci, vous ont salué sans même que vous ne vous doutiez qui elles étaient! Même celles hébergées dans les unités que vous avez tous tenté d’approcher étaient au rendez-vous, sur des vélos stationnaires, pour prendre part à l’événement, et vous étiez tous absents.

Aucun journaliste des grandes chaînes ne s’est pointé le bout du nez, malgré le beau soleil d’une journée d’été. Tellement disponibles quand il s’agit de désespoir et de blâme et si absents quand il s’agit de réussite et de dépassement! Je suis fru que La route sans fin ne figure pas à la une de nos grands quotidiens! De tout ça, j’entends que c’est en public qu’on gère les difficultés et que c’est en famille qu’on partage les réussites! Alors, vu l’absence d’intérêt pour nos jeunes en difficulté qui réussissent, je dis bravo à tous mes collègues qui ont mis l’épaule à la roue pour faire de cet événement un moment que nos ados des Centres Jeunesse n’oublieront pas et dont ils seront fiers à tout jamais!

Aux journalistes qui avez critiqué le manque de support et d’accompagnement, le manque d’encadrement et de mobilisation du personnel, ben aujourd’hui tout le monde était là, sauf vous. Des employés en congé, des retraités qui alimentent encore leur feu sacré, des bénévoles, des policiers, des ados en difficulté, et même nos enfants de 6 à 12 ans. C’était enfin le temps de contribuer aux changements. Sérieusement, vous avez manqué une esti de belle chance de mettre nos jeunes à la une, et de leur offrir juste un p’tit moment de gloire qui aurait pu faire beaucoup dans leur vie!

À toutes les Mélanie, Johanie, Zoé, Martine, Anette, Georgette, Zyphérine, Ophélie, Isabelle et compagnie, moi, je vous donne la Une, vous le méritez.

Miss Rebelle

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