La bible des parents

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Vous êtes parents d’un nouveau-né au Québec ou vous l’avez été dans les dernières années? Vous avez donc eu la fameuse bible en votre possession! Elle traîne peut-être sur le comptoir de votre cuisine, ou dans le fin fond d’un tiroir… Peut-être la gardez-vous précieusement à votre disposition sur votre table de nuit? Une chose est certaine, elle vous a déjà passée entre les mains. Je parle ici, du guide pour parents le Mieux Vivre. Ce livre que votre obstétricien vous a donné lors d’une visite à son bureau ou encore qu’on vous a offert à la maternité lorsque vous avez accouché. Ce livre-là, dans mon entourage, nous l’appelons affectueusement La bible. Parce qu’à un moment ou à un autre, nous l’avons lu et avons compté sur elle. Que ce soit concernant le développement, la santé ou les bons soins de nos enfants, nous l’avons consultée. Moi, j’ai eu une relation amour-haine avec elle. Je vous explique…

À mon premier, je l’ai lue du début à la fin et ce, dès que je l’ai eue en ma possession. Avant même que bébé soit né, je me référais à elle au sujet de l’évolution de ma grossesse. Lorsque mon petit trésor est arrivé, je la consultais très souvent. C’était pratique de l’avoir sous la main, au moindre questionnement concernant bébé, je l’ouvrais et je cherchais réponse à mes questions. Au fil des mois, je consultais la section développement et selon l’âge du petit, elle indiquait où il devait être rendu. Ce que je ne réalisais pas à cette époque, c’est que j’avais un bébé « modèle ». Je veux dire par là, qu’il suivait parfaitement les étapes dites « normales » d’un enfant. Alors, je l’aimais bien ma bible! Mais c’est lorsque mon deuxième enfant est arrivé que je me suis mise à moins l’aimer.

Dès sa naissance, bébé avait ses particularités. J’étais plus souvent qu’autrement dans la section santé, à essayer de comprendre pourquoi mon petit loup régurgitait autant, pourquoi il avait autant de coliques, pourquoi j’avais tant de difficultés à le consoler et à comprendre ce qu’il voulait. Il me semble qu’il se plaignait beaucoup pour rien. Par la suite, ce fut la section développement que je me mis à scruter. Je ne comprenais pas, mon bébé ne cadrait pas avec ce qui était écrit dans le livre. Tranquillement, je compris que mon fils avait un retard de développement. Dans la bible, c’est écrit que parfois les enfants ont un cheminement différent, puisqu’ils sont tous uniques. Oui, mais je trouvais que mon fils ne cadrait pas du tout avec ce qui était mentionné. Plus le temps avançait, plus mon cœur se tordait lorsque j’ouvrais le livre. Je me suis mise à moins l’aimer mon amie en papier. C’était comme une claque en pleine face chaque fois que je l’ouvrais et que je constatais à quel point mon fils semblait avoir des difficultés. Plus tard, nous avons eu le diagnostic d’autisme pour Mathis. J’ai alors compris pourquoi il ne cadrait pas à ce point avec ce qui était mentionné dans le livre. Malgré tout, c’était encore très douloureux de le consulter et de voir combien mon fils était différent et en retard sur son développement. Je me suis mise à la détester ma bible! J’étais un peu révoltée. J’avoue que je le suis encore aujourd’hui… Pourquoi faut-il toujours avoir un modèle à suivre? Pourquoi faut-il tous entrer dans un moule?

L’idée de toujours comparer nos enfants et leur développement me rend malade! Autiste ou non, ils sont tous différents! Ils ont leurs propres cheminements à faire et ils le feront à l’heure façon. Le but ultime, pour chacun d’entre nous, c’est que nos enfants soit heureux, en santé et épanouis. C’est ce que je souhaite le plus au monde! Je veux que mes enfants soient heureux tout en sentant qu’ils peuvent être eux-mêmes. Alors pourquoi s’en faire autant avec un bout de papier? Je ne dis pas que le guide Mieux Vivre est un mauvais ouvrage ou une mauvaise référence. Pas du tout! Au contraire, il y a de très bons conseils dans ce livre concernant plusieurs aspects de la vie de votre enfant. La médecine a évolué et les professionnels de la santé font un excellent travail. C’est juste que, à force de se faire dire quoi faire, comment le faire et quand le faire avec nos enfants, j’ai l’impression que parfois en tant que parents, nous perdons notre instinct. Que nous perdons confiance en nos idées et en notre savoir-faire. Ma crainte est que nos enfants en ressentent les effets négatifs et qu’ils aient l’impression qu’ils doivent absolument entrer dans un moule pour être heureux. Ou encore qu’ils aient l’impression qu’il vaut mieux se fier à un livre plutôt qu’à ses instincts. Est-ce là le message que nous voulons leurs transmettre?

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Mère de 4 enfants, Christine a toujours su qu’elle réaliserait un jour son plus grand rêve, celui de devenir maman. Ayant travaillé plusieurs années auprès d’enfants autistes, elle croyait bien maîtriser toutes les facettes de la différence, mais lorsque son deuxième fils est né autiste, à sa grande surprise, elle réalisa qu’au fond, elle ne savait pas grand-chose sur le sujet! Son premier fils vit avec un trouble de l'information sensorielle ainsi qu'avec un trouble anxieux, son troisième fils, qu'à tant lui, vit avec une dyspraxie verbale. Le quotidien de cette famille différente est loin d'être ordinaire! Christine est aujourd'hui représentante pour des outils sensoriels et des jeux éducatifs chez Équipement de bureau Robert Légaré. Elle vous partagera ici, ses bons et moins bons moments, ainsi que ses coups de cœur en espérant sensibiliser, informer et toucher les lecteurs sur l'autisme et tout ce qui l'entoure.