Collaboratrice : Céline Jarousse
Voici encore une belle insulte pour les enseignants et les enseignantes dont vous faites bien peu de cas.
Aujourd’hui, vendredi le 7 février 2020, grand deuil pour la démocratie. Je suis bâillonnée, je n’ai pas le droit de parler. Cependant, je vais m’exprimer de la plus belle des manières, l’écriture.
Voyez-vous Monsieur Legault, je suis très étonnée que votre ministre de l’éducation, Monsieur Roberge, lui-même ancien enseignant, ait « omis » de vous informer que les journées pédagogiques ne sont pas des jours de congés, bien au contraire! Ces journées-là nous permettent de planifier nos activités pour nos élèves, de faire des formations, de corriger nos copies, de faire des réunions multidisciplinaires pour s’assurer de répondre aux besoins de tous nos élèves, y compris nos élèves qui ont des besoins particuliers et qui demandent une attention et des interventions plus poussées etc. etc. etc.
Ce qui me navre et qui m’inquiète au plus haut point c’est que si vous avez dit cela, vous montrez votre méconnaissance totale de la réalité du terrain et du dossier « Éducation » qui, selon vous, est une de vos priorités. Qu’en est-il des autres dossiers alors?? Cela fait froid dans le dos!
Il semble que pour vous et votre ministre, les enseignants ne soient rien d’important :
« Pour bien des enseignants, le projet de loi 40 vient confirmer l’idée que le ministre de l’Éducation a une piètre opinion de ses anciens confrères de travail. Pas assez formés, ne bénéficiant pas d’une expertise assez précieuse pour être reconnue à sa juste valeur dans la constitution des nouvelles instances décisionnelles qu’il entend créer, ils sont réduits par M. Roberge à de simples exécutants, à des techniciens n’ayant qu’à suivre les consignes de ceux qui savent ce qui est bon pour l’école québécoise. » – Journal Le Devoir, 7 février 2020.
Laissez-moi cependant vous donner une liste de faits. Oui oui, des VRAIS FAITS, pas des « fake news » :
• Un enseignant au primaire est payé 32 heures par semaine, sur 200 jours. 180 jours en présence des élèves et 20 jours de journées pédagogiques. Sa tâche s’alourdissant un peu plus chaque année, nous nous situons plus autour de 40 heures en moyenne. Je fais donc au moins 8 heures de « bénévolat » par semaine. En effet, nous n’avons pas le droit aux heures supplémentaires.
• J’ai 20 journées pédagogiques qui sont loin d’être des congés.
• L’été, j’ai un congé sans solde forcé. En effet, je suis payée 32 h par semaine, sur 10 mois par année. Mais pour m’aider à passer mon été, vous répartissez nos 10 mois sur 12 mois. Il en est de même pour les 2 semaines à Noël et la semaine de relâche en mars. Donc au final, les enseignants n’ont aucun congé payé ! Mais au moins « j’ai de la chance », car je suis une enseignante permanente, plus une précaire qui doit passer par la case chômage!
Et que dire des personnels de soutien qui, de la TES (éducatrice spécialisée), en passant par les éducatrices du service de garde, par les secrétaires d’école, les concierges etc. Ne sont pas mieux lotis que nous.
Je vous invite très officiellement à venir prendre ma place (et ma paie) pendant 1 mois. Ne me remerciez pas, je suis heureuse de pouvoir vous aider à en apprendre VRAIMENT davantage sur la réalité du terrain!
Céline Jarrousse, une enseignante parmi tant d’autres.