Monsieur le ministre de l’éducation, êtes-vous sérieux?

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Comment peut-on rire du public, se moquer des enseignants / enseignantes et autres travailleurs / travailleuses du milieu scolaire de façon aussi éhontée?

Ça ne va pas bien dans les écoles du Québec. Vous me direz que ça ne date pas du début de mandat de la CAQ, que la pandémie n’aide pas, etc. Mais honnêtement, vous n’avez RIEN fait pour aider ce milieu qui peine depuis des décennies. Des paroles en l’air. Des promesses vides. Des licornes et des arcs-en-ciel…

Depuis son arrivée, je n’ai absolument pas vu Jean-François Roberge se soucier des élèves HDAA avec ou sans diagnostic. Et depuis le début de la pandémie, ils sont trop souvent, pour ne pas dire continuellement, oubliés, effacés de la réalité qu’est le monde scolaire.

J’ai une amie avec condition auto-immune x2 qui doit garder ses enfants autistes et plus à la maison. Enseignement en classe virtuelle. Le plus jeune multi-DYS n’a accès à aucun spécialiste d’aucune façon depuis le début de l’année scolaire, en plus d’avoir été changé trois fois de classe!

Mon fils de 13 ans en école spécialisée, classe spécialisée car il requiert un petit groupe, n’a plus accès au service de psychologue et de psychoéducation depuis l’automne 2019, les deux ayants quitté pour d’autres emplois et le CSS ayant été incapable de combler ces postes, pourtant essentiels dans une telle école. Mon fils a besoin de soutien pour son estime de lui, grandement démoli dans un milieu passé et sa gestion émotionnelle puisqu’il est hypersensible… c’est présentement une intervenante TES présente dans l’école pour des interventions autres qui l’a pris en charge. Il est en classe TC alors qu’il n’a pas de TC, mais nous n’avons pas d’autres options pour lui offrir le petit groupe qui lui convient.

Quand nous voyons M. Courant d’Air Roberge – député de Chambly dans une école, ce n’est jamais dans une école de village, en milieu défavorisé ou encore dans une école spécialisée avec une clientèle à besoins particuliers. Lui qui se targue d’avoir enseigné de longues années affiche pourtant un désaveu frappant des conditions exécrables imposées aux enseignants / enseignantes et ce, même avant la pandémie. Un salaire annuel divisé en nombres de semaines peu importe le nombres d’heures. Des budgets tronqués et des employés qui pigent dans leurs propres comptes bancaires pour offrir du matériel stimulant et diversifié. Des heures qui s’étirent jusque sur le temps qui devrait être consacré à la famille… des spécialistes qui se retrouvent chargés de groupes parce que des enseignants/enseignantes pour prendre la relève de ceux et celles qui quittent le navire, il n’y en a pas… et ces spécialistes ne sont alors plus disponibles pour offrir les services aux élèves qui en ont besoin…

Non, je ne suis pas enseignante. Je suis parent. Et j’ai bien des amies / amis et contacts qui sont enseignants/ enseignantes. Au primaire, au secondaire, en adaptation… Je suis en formation pour me réorienter comme TES. Je voudrais dire que le travail en milieu scolaire est mon premier choix d’avenir, entre autre parce que mon expérience passée comme éducatrice en petite enfance, mon expérience de maman d’un enfant avec un diagnostic de Syndrome de Gilles de la Tourette et mes connaissances de ce syndrome, ses troubles associés et des ressources offertes le concernant, seraient sans doute un atout pour certaines écoles, certains enfants, certaines familles… mais l’attitude du Ministre, de ce gouvernement, est loin d’être attirante.

Monsieur Legault, avec Monsieur Roberge, vous semblez vous amuser alors que nous, les parents, nos enfants, les enseignants et le personnel de soutien de nos écoles rageons. Revenez sur terre. Sortez de vos tours d’ivoire. Enlevez vos lunettes roses. Parce que même mes enfants de 13 et 17 ans ont une réflexion plus réaliste que vous du milieu scolaire en ce moment.

Quand des enfants autistes non-verbaux sont brutalisés par du personnel scolaire supposé les aider et que leurs parents se voient mettre devant un faux choix de soit laisser leur enfant aux mains de ce même bourreau après une courte suspension ou de trouver une autre école, non ça ne va pas bien dans nos écoles.

Quand un jeune doit faire souvent plus de deux heures par jour de transport pour avoir accès à des services spécialisés, à des classes à petits groupes … non, ça ne va pas bien dans notre système scolaire.

Quand les profs quittent le navire par dizaine parce qu’ils sont épuisés, non, ça ne va pas bien dans nos écoles.

Quand des enfants n’ont pas accès aux services de spécialistes (orthopédagogues, orthophonistes, psychologues, psychoéducation, etc.) qui leurs sont nécessaires dans leurs apprentissages… non, ça ne va pas bien dans nos écoles.

Quand des parents se voient pris en souricière par une direction d’école qui n’aime pas qu’ils nomment ce que vivent leurs enfants entre les murs de l’école, qu’ils se voient convoquer d’urgence pour se faire dire que « c’est pas correct de nommer sur un groupe Facebook (privé) qu’on ne se sent pas écouté, entendu, qu’on ne sent pas de respect envers les besoins de notre enfant » et qu’on culpabilise le parent de vouloir le mieux pour son enfant… non, ça ne va pas bien dans les écoles.

Quand une direction fait fit de ce que disent les intervenants externes et affirme que les besoins de l’enfant sont en fait de la manipulation… non, ça ne va pas bien dans les écoles.

Non, Monsieur Legault. Non, Monsieur Roberge. Ça ne va pas bien dans nos écoles. Ça ne va pas bien pour les élèves HDAA.

Nancy Ringuet, mère de deux adolescents dont un SGT, et future TES
Sandra Chartier, mère d’un enfant Autiste
Patrice Saucier, auteur, blogueur et père d’un fils Autiste
Annie Côté, enseignante, mère d’un adolescent SGT et d’un enfant TDAH
Véronique Turgeon, mère d’un ado autiste et multiples diagnostics, enseignante en adaptation scolaire et administratrice du site Enfants différents besoins différents

Note: Je vous invite à partager ce texte, à y ajouter votre vécu, vos connaissances, à tagger vos députés, etc.

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Éducatrice à la petite enfance depuis une vingtaine d’année, adepte de l’entrainement en force pour ne pas perdre complètement la tête, Nancy Ringuet, très possiblement TDAH, est maman de deux garçons à diagnostics : un grand TDA sévère et un plus jeune SGT, TDAH impulsivité mixte et TOP. C’est un long combat qui aura mené aux diagnostics du plus jeune, et un long combat qui s’engage pour faire reconnaître ses besoins. Passionnée de recherches et assoiffée d’en apprendre plus, elle fouille le net sous toutes ses coutures. Elle partagera ici des textes et réflexions sur ce vécu différent de mère chef de famille, avec un conjoint dont le travail l’amène à être absent.