Vive le condo!

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Ok, j’anticipe déjà… Grand fils vient de sortir de la douche, fillette joue avec ses copines, papa se prépare et fiston me fait penser à une bombe à retardement alors qu’il joue à l’ordi et réagit à la moindre contrariété… D’ici peu, il va exploser, j’en suis certaine…

Fiston ADORE le hockey. Il adore les sports en général, surtout ceux d’équipes, surtout ceux qui sont télévisés. Il ne participe à aucun toutefois, nos essais ayant été infructueux et, bien honnêtement, notre quotidien familial étant trop chargé pour y rajouter non seulement des pratiques et des parties, mais bien aussi pour gérer « l’avant » et « l’après » de ces activités sportives. Parce qu’en théorie, fiston veut participer. Mais en pratique, c’est trop difficile…  Il voit ce qui ne va pas, pas ce qui fonctionne. Il interprète mal les gestes et paroles de ses coéquipiers, respecte à outrance les règles du jeu, n’accepte pas de faire des erreurs et surtout, refuse catégoriquement de continuer à jouer si cela ne se déroule pas comme lui l’avait prévu. Alors on se contente de jouer en famille, ou avec nos supers voisins de toujours qui font pratiquement partie de la famille. Et même là, souvent, ce n’est pas gagnant.

Mais comme fiston aime le hockey, papa a acheté des billets afin de l’y amener. Et pour amener fillette une autre fois, et grand fils une autre fois aussi. Tsé, question de ne pas faire de jaloux…

Seulement, lorsque fiston devait y aller « sa fois à lui », c’est plutôt son oncle et sa tante qui y sont allés. Fiston avait passé la journée sur les dents, s’enfermant dans ses pensées et réagissant de façon démesurée à la moindre chose. Et le reste de la famille marchait sur des œufs. Lorsqu’on lui a demandé de se préparer pour aller au Centre Bell, il s’est effondré… Le combat intérieur qu’il livrait était atroce… Il voulait tellement y aller! Mais il en était complètement, totalement, indubitablement incapable.

« On va y aller en auto? J’vais encore avoir mal au cœur et peut-être même vomir! »

« On va y aller en métro? Je l’ai jamais pris et y va y avoir trop de monde! »

 » Là-bas, y va y avoir plein de gens, hein? »

« J’pourrais m’éloigner trop de papa et me perdre! »

« Y va y avoir plein de bruit! »

« On va être assis où? Avec qui à côté? »

« Qu’est-ce qui va se passer? Comment? Ça va durer combien de temps? »

« Si j’suis pas bien ou fatigué veux sucer mon pouce, je pourrai pas! Les gens vont me voir! »

« Et si je veux aller aux toilettes? Et si j’ai faim mais qu’y a rien que j’aime ou que j’suis malade? »

 » Je veux tellement y aller!!!!! Pourquoi je suis pas capable??? Pourquoi je suis comme ça?!?!? »

Alors on s’est collés. On a enlevé ses mains de ses cheveux qu’il tirait. On a enlevé ses poings de ses yeux qu’il enfonçait. On a séché ses larmes. On a fait des techniques de relaxation. On a fait des pressions profondes. On a amené pitou dans le lit pour qu’il l’aide à s’apaiser. On a tenté de répondre à toutes ses questions. On a tenté de relativiser les choses. On a suggéré certaines alternatives (genre : arriver une fois la partie commencée et quitter avant la fin). On a utilisé les trucs qui nous ont été enseignés (genre : Qu’est-ce qui pourrait arriver? Ça? Alors on ferait quoi? Bon, ça c’est réglé. Maintenant, qu’est-ce qui pourrait arriver encore? Ok. Alors là, qu’est-ce qu’on pourrait faire?). Mais non, rien à faire. Trop, c’est trop. Fiston ne pouvait qu’envisager les pires scénarios catastrophiques possibles et, dès qu’un disparaissait, un autre faisait surface. C’est donc mononcle et matante qui ont bénéficié d’une super soirée de hockey et nous, on a passé une petite soirée dans notre cocon familial, fiston avec le pouce dans la bouche, collé avec son chien, dans la cage de ce dernier…

Pas de panique! N’appelez pas la protection de la jeunesse! Comme un endroit restreint a toujours sécurisé et apaisé fiston, que son chien a toujours été l’élément essentiel à son autogestion, qu’on le retrouvait constamment dans la cage grillagée de pitou, on a bâtit un « condo » pour que fiston puisse se réfugier avec son chien de façon plus sécuritaire et moins archaïque. Avec une porte qui s’ouvre de l’intérieur, avec une lumière, des coussins, des couvertures et une bonne circulation d’air, où pitou de 120 livres et fiston grandissant entrent tous les deux… C’est triste à voir mais au moins, depuis qu’on a ça, fiston se blesse beaucoup moins et les désorganisations, bien qu’aussi brise-cœur, sont nettement moins importantes…

Là, ce soir, c’est la soirée « papa et grand fils au hockey ».  Fiston a verbalisé, hier, qu’il aimerait bien un jour être capable d’y aller. Depuis hier soir, il n’a rien mangé.  Depuis ce matin, il n’est pas très gentil avec son frère. Depuis ce midi, il suce son pouce et réagit à la moindre contrariété. Depuis tantôt, il ne veut même pas aller au dépanneur pour « acheter des cochonneries en vue d’une soirée spéciale » qu’on se ferait lui, sa sœur et moi.

Le condo va sûrement servir…

P.S. Oui, je sais que fiston a 10 ans et suce encore son pouce…

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Enseignante en adaptation scolaire au secondaire, sur la Rive-Nord de Montréal. Mariée depuis 4 ans à mon complice des 16 dernières années, je suis la maman de trois merveilleux anges cornus. Passionnée par mon métier et ma famille, je cherche à conjuguer le tout sans y laisser ma peau, tout en tentant de favoriser l'épanouissement de mon enfant à besoins particuliers... sans négliger qui ou quoi que ce soit au passage!