Ton spectre à toi

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Aujourd’hui, tes démons ont refait surface. Ça va bien depuis si longtemps, depuis exactement 4 ans que je n’ai vu de crises. De grosses crises. Oui des imprévus et des petites crisettes, comme je les appelle avec le temps. Mais LA crise, celle qui vient chercher ton âme et me frappe en plein visage. Comme un fantôme que je n’aurais pu voir venir. Comme un spectre, le spectre de ton autisme. C’est dans ces moments-là qu’on comprend pourquoi on appelle ça un spectre. Car ça te glace le sang avec une peur. Une peur de te revoir dans ces états où je m’étais dit qu’il ne s’agissait que de ta petite enfance mal gérée. Car oui, même après toutes ces années, parfois je l’avoue, je pense  l’avoir vaincu. Comme si parce que ça va bien, je me dis qu’on a trouvé la bonne façon de faire. Que ta maturité vient et fait sa place dans ta tête. Que oui, nous avons réussi à gérer le tout.

Mais la vie vient de me montrer que non, ça ne se gérera jamais. Que ces moments où ce sera trop pour toi vont toujours exister. Aujourd’hui, du haut de tes 10 ans, je l’ai vu. Cette incapacité à te contrôler. Je n’avais pas remarqué à quel point tes muscles avaient grandi. À quel point tes jambes sont rendues aussi grandes que les miennes. Je n’avais pas remarqué tes mains qui commencent à réussir à envelopper les miennes. Je n’avais pas remarqué que ton corps devient fort, que ton petit corps de 5 ans que j’avais de la difficulté à gérer a bien trop grandi. Que cette fois-ci, on n’y est pas arrivé. Que malgré le nombre de bras bien supérieur aux tiens, tu as réussi à nous déjouer.

C’est là que j’ai compris que ton corps peut finir par faire mal, très mal. Plus mal que ça n’a jamais été. Dernièrement, tu as changé de classe. Ça faisait trois années que tu étais dans la même. Je pensais gérer ton autisme, mais non, ce que je gérais, c’est qu’il n’y avait aucun changement. Les mêmes amis, la même professeure, les mêmes tests. Tout était pareil. Puis là, ça change.

Aujourd’hui, on avait des prises de sang, que tu n’aime pas certes, mais que tu fais malgré la douleur infligée. Que le seul fait de savoir que tu finiras au restaurant après un jeûne obligatoire te donne la force d’endurer ça. Mais ce matin, la société avait évolué et c’était une nouvelle place, un nouveau local. Tu n’as pas su gérer cette différence. Tu as fait ce que j’avais vu maintes et maintes fois dans ta petite enfance. Une crise.

On est parti bredouille, sans prises de sang. Je n’ai pas pensé à aller te faire visiter avant. Je n’ai pas pensé que tu ne pourrais gérer un autre changement. Je n’ai pas pensé que tu es toujours autiste et que pour toi, c’est difficile.

Ton autisme aujourd’hui n’est pas revenu, il était là depuis tout ce temps. Mais géré par une routine bien établie depuis près de 4 ans. Aujourd’hui, ce n’est pas ton autisme que j’ai vu, c’est toi que j’avais oublié. J’avais oublié tes besoins, tes besoins de repères si présents. J’avais oublié que ce spectre en toi n’était pas parti. Il attendait patiemment, car il était rassuré par des endroits trop bien connus de ton grand corps de garçon.

J’avais oublié ces coups, ces hurlements qui me résonnent dans la tête une fois bien couchée le soir dans mon lit. J’avais oublié à quel point ça peut venir chercher tes tripes de te perdre en toi-même.

J’avais tout simplement oublié, oublié que tu étais toi.

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Je suis maman d'un merveilleux garçon qui a un TDAH et un TSA sans déficience intellectuelle. J'ai toujours été sensible à la maladie et aux troubles mentaux, je suis d'ailleurs préposée aux bénéficiaires. Mon fils réussit à faire ressortir le meilleur de moi-même. Le but de mes textes est d'évacuer mais surtout de conscientiser le monde à la différence et aux troubles mentaux ainsi qu'à leurs aspects dans la vie de tous les jours. J'espère vous toucher par mes écrits autant que moi je suis touchée en les écrivant.