Quel cheminement!

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Il y a un an presque jour pour jour, j’apprenais que le dossier de mon  enfant n’avait pas été retenu pour une classe de langage.  À ce moment, une barre a traversé mon ventre.  C’était juste avant le dîner.   Ce jour-là, je n’ai pas dîné, je n’ai pas soupé et une fois que les enfants ont été couchés, j’ai pleuré une bonne partie de la nuit et les deux jours qui ont suivi.  Je ne comprenais pas pourquoi on le refusait.  J’avais tout fait ce qui était en mon pouvoir pour qu’il y soit admis, même consulter et écrire une lettre avec l’aide d’une avocate.  Et surtout, j’étais dans le néant total face à l’avenir.  Je n’aurais pas la force de revivre une année comme celle qui se terminait à ce moment-là et mon enfant non plus!  En fait, je ne reconnaissais plus mon fils.  Il avait toujours été un garçon doux et calme. Je devais maintenant composer avec des crises de colère au quotidien.  Son estime de soi était on ne peut plus mal en point et la vie ne pourrait tout simplement pas continuer ainsi!  C’était trop pour lui, pour moi et pour toute la famille!

Une fois le choc passé, j’ai multiplié les rencontres et les démarches. Il faut croire que ça a porté fruit car six jours avant la rentrée, j’ai reçu un appel.  On avait soudainement une place pour mon enfant en classe de langage.  Là, ça a été la guerre avec mon fils.  Lui, il ne voulait pas changer d’école (l’accès à la classe spécialisée impliquait un changement d’école). J’étais devenue la « plus méchante » mère au monde, je ne le comprenais pas et j’ai eu droit à des crises de colère qui dépassaient largement l’heure du dodo!  J’ai tenu le coup!  C’est inexplicable, mais je savais au plus profond de mon cœur de maman que c’était sa place.  Je savais qu’il changerait d’idée à partir du moment où il pourrait mettre les pieds dans cette école.

C’est exactement ce qui s’est passé.  Le jour de la rentrée, je suis allée le reconduire.  J’ai été très surprise d’être accueillie par la direction et de l’entendre dire qu’il était heureux d’accueillir mon enfant dans son école.  Et c’était sincère, je le sentais et je savais que mon fils le sentait encore plus que moi!  Vive l’hypersensibilité!   J’ai su dès cet instant que ça allait être différent cette année.

Dès la première rencontre avec l’enseignante, je savais que nous étions sur la même longueur d’onde.  Il fallait que mon fils change sa vision de l’école.  Après 4 ans dans un système qui ne répondait pas à ses besoins, où on avait essayé de le faire « rentrer dans le moule », l’école était la pire invention au monde à ses yeux d’enfant de 9 ans et il ne voulait rien savoir d’y aller!   Le travail n’allait pas être simple, j’ai même consulté une psychologue au privé pour être guidée!  Pas facile de changer quelque chose d’aussi ancrée! Non seulement, il avait une image très négative de l’école, mais en plus, il n’acceptait pas qu’il avait de la difficulté.

Quelques jours après la rentrée, mon fils est revenu de l’école en me disant  qu’il avait déjà plus d’amis à sa nouvelle école qu’en 4 ans à son ancienne école.  Quel soulagement pour mon cœur de maman!

Lors de la première étude de cas, j’ai été très surprise de l’ouverture.  Après avoir remué ciel et terre pour obtenir la classe de langage, j’ai demandé que mon enfant soit intégré au régulier pour le cours d’univers social.  Je me sentais vraiment mal à l’aise de faire cette demande après toute ma bataille, mais c’était une demande de mon fils (il ne voulait pas rester en classe de langage, car il n’y avait pas d’univers social, c’est sa matière préférée) et je l’ai transmise au risque qu’on me regarde de travers! Je vous rassure, ça n’a pas été le cas!  Il a été intégré dans une classe régulière pour l’univers social.  Et je crois bien que ça a été une réussite, en tout cas, j’ai entendu parler de tous les explorateurs!

En novembre, quand je suis débarquée dans le bureau de la direction pour un problème avec le transport.  On m’a prise au sérieux et on ne m’a pas fait sentir comme la mère qui capote pour rien, qui en demande trop.  On m’a dit qu’on ferait des démarches pour voir ce qu’il était possible de faire.  Quelle ne fut pas ma surprise, lorsque je suis revenue à la maison, de voir que j’étais en copie conforme dans les courriels et en moins de deux heures le problème était réglé!

En décembre, lors d’une rencontre avec le centre de réadaptation, j’ai fondu en larmes en entendant le directeur et l’équipe-école décrire mon enfant.  C’était la première fois depuis son entrée dans le monde scolaire qu’on avait la même image, qu’on parlait du même enfant!  Ce n’était pas rose, mais ce n’était pas tout noir non plus, juste la vérité, ma réalité!  C’est à ce moment, que j’ai réellement pris conscience que je ne suis plus seule, il y a maintenant une équipe-école avec lui, avec moi, avec nous!

Cette année, mon fils avait le droit d’avoir de la difficulté, il avait le droit d’être hypersensible, il avait le droit d’être malhabile (dyspraxie) et surtout il avait le droit d’être lui-même!

Le cheminement n’a pas été facile, cet hiver, j’ai réalisé que mon enfant avait honte d’être dans une classe de langage, honte d’avoir des difficultés.  Encore une fois, j’ai consulté et travaillé fort pour l’aider à cheminer.  Je savais qu’il était bien à l’école, mais lui, il devait cheminer là-dedans.   Je lui ai répété dans plusieurs contextes, que moi, je l’aime comme il est, que ça ne me dérange pas qu’il ne réussisse pas comme les autres.  Je l’aime comme il est, je veux qu’il soit heureux, qu’il ait du plaisir (il vivait cela dans ses loisirs aussi!) et je ne le changerais pour rien au monde!

Récemment, mon enfant m’a demandé s’il allait y avoir des classes de langage à la nouvelle école (en construction) de notre quartier.  Par sa question, j’ai compris qu’il est bien dans sa classe et qu’il le réalise!  Ouf! Quel cheminement! De plus, pour la première fois de sa vie (il est en 4e année), il a fréquenté l’école à temps plein cette année!

En cette fin d’année, je tiens à remercier l’équipe-école qui a fait toute la différence dans la vie de mon enfant, mais aussi dans celle de toute notre famille!

Un MERCI tout spécial à son enseignante, à la TES qui est présente en classe, à son enseignante d’univers social, à l’orthophoniste et à la direction, mais aussi à tous les membres de l’équipe.  Une école, c’est comme une grande famille et mon fils a enfin trouvé la sienne!

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Maman de quatre enfants, qui par leur grande sensibilité, l’ont amenée à remettre en question tout ce qui semble acquis ou naturel pour la plupart des gens. Elle se dévoue pour que ses enfants restent connectés à cette essence profonde qui leur est propre. Deux de ses enfants ont reçu un diagnostic de dyslexie/dysorthographie. Pour l’un d’eux, s’ajoutent une dyspraxie verbale, un trouble de la coordination motrice et un profil mixte d’hypersensibilité et d’hyposensibilité. Enseignante au primaire depuis 2002, elle travaille maintenant exclusivement avec les enfants en difficulté d’apprentissage.