Ce n’est pas moi, c’est lui!

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S’il y a une phrase que mon Koko (TDAH qui comme je vous l’ai déjà dit n’a jamais tort et n’est jamais coupable), utilise plus souvent qu’à son tour c’est bien : « Ce n’est pas moi, c’est lui! » Koko utilise cette réplique à toute sauce pour se déculpabiliser, pour se soustraire à tout risque d’être puni. Mais au-delà de la peur d’avoir des conséquences, il utilise ce mécanisme de défense pour se rassurer lui-même, pour se convaincre au travers de sa piètre estime de soi qu’il n’est pas un « mauvais garçon » (et là je le site, malheureusement).

Dans les derniers mois, je me suis surprise moi-même à utiliser cette réplique. En fait, c’est une petite voix en moi qui me souffle souvent : « Ce n’est pas toi, c’est lui ».

Bien malgré moi, avant même que j’en prenne conscience, cette phrase est devenue le chien de garde de ma propre santé mentale. Vous savez le fameux lâcher prise, celui qui est si facile à conseiller mais si difficile à appliquer, et bien pour moi, il a pris la forme de cette réplique enfantine.

Ainsi, quand je me mets à faire de l’anxiété à l’idée que Koko n’ait pas un grand réseau d’amis, je me dis que moi, j’ai la chance d’avoir des amies extra, qui sont là pour moi chacune à leur manière. Quand Koko refuse de faire ses devoirs ou n’arrive pas à écrire proprement et que je me mets à rager et tenter de lui rentrer de force dans la tête ses mots de vocabulaires et bien je me dis que moi, je l’ai mon diplôme d’études! Quand je vois mon fils triste et déçu par l’absence de son père dans des moments importants, je me dis que moi, je suis là et que c’est son père qui perd, pas moi. Quand mon Koko a le stress dans le tapis avant une partie de hockey, je parle à la boule de panique dans mon estomac qui se noue pour lui dire que c’est sa passion, son choix à lui donc que moi, je n’ai pas à angoisser à sa place. Quand Koko part pour l’école d’un pas lent, ayant l’air d’avoir le poids du monde sur ses épaules et que je sais qu’il y vivra des difficultés par un manque de services appropriés pour lui et que l’envie me prend de débarquer à l’école avec mes gros sabots, je me calme en me disant que c’est sa journée à lui qu’il vivra, que l’école c’est sa job et que ma journée à moi se passera en parallèle, à mon boulot avec mes propres défis.

Vous voyez bien l’idée je crois : ce n’est pas moi, c’est lui!

Donc voilà ce que je me répète pour tendre vers le lâcher prise. Est-ce que ça sonne bien? Oui! Est-ce que je me dis vraiment tout ça? Oui! Est-ce que je m’écoute moi-même? Non!

Je me sens toujours liée à Koko, toujours préoccupée par ce qu’il vit. Je me souviens quand il était bébé m’être dit, dans un moment où je me sentais envahie par ce petit être si dépendant de moi, que le médecin avait certainement oublié de couper le cordon ombilical. Il était toujours là, collé à moi, comme mon ombre! Et bien maintenant qu’il a 8 ans, j’ai toujours le même sentiment, celui de devoir toujours veiller au grain sur mon Koko, en voulant lui éviter quelque souffrance que ce soit. J’ai parfois l’impression que j’aimerais masquer sa différence, pour qu’il ne la voit pas lui-même et tout prendre sur moi. En réalité, c’est ce que je tente de faire depuis toujours, jusqu’à tout récemment, où j’ai réalisé que c’était illusoire et qu’une panoplie de moyens, dont certains extérieurs à moi (enfin) se sont mis en place et seront plus utiles à long terme, tant pour lui que pour moi!

Je serai toujours là pour Koko, mais CE N’EST PAS MOI, C’EST LUI… Je suis confiante qu’un jour, je vais arriver à atteindre ce fantasme du lâcher prise sur ce que je ne peux contrôler parce qu’à mon grand désespoir, je ne peux pas tout contrôler!

Mais surtout, j’arriverai en prime, comme Koko, à me convaincre que CE N’EST PAS MA FAUTE…

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Mère monoparentale de deux magnifiques tornades, menant de front le rôle de maman et papa (le géniteur des dites tornades ne s’investissant pas suffisamment pour porter le titre de Père)! Travailleuse sociale dévouée et rigoureuse œuvrant au sein de familles en difficulté depuis plus de 15 ans, qui dans le chaos organisé d’une vie familiale et professionnelle exigeante, cherche aussi à vivre une vie de femme, quand (ou si !?!) le temps le permet! Déterminée, fonceuse et impulsive parfois (moins souvent maintenant)! Farouche protectrice de sa marmaille, bouclier entre le monde et deux garçons intenses, excessifs, grouillants, surprenants et oh! combien vifs d’esprit, sensibles et gratifiants! Nouvellement passionnée pour l’écriture, qui souhaitons-le rejoindra ceux qui ont aussi une vie différente …