Nous avons deux enfants différents à la maison, Jules, 7ans, autiste et Paul, presque 3 ans, atteint d’une trisomie 21 ou syndrome de Down.
Quand Paul aperçoit son grand frère, ses yeux s’illuminent d’amour et de passion. Ses bras vont dans tous les sens, il est surexcité. Il donne l’impression de vouloir crier au monde entier : « C’est mon frère! C’est mon frère! ». Jules, quant à lui, passe devant son frère sans même un regard, comme si Paul était transparent. Le monde merveilleux de Paul s’effondre alors tout autour de lui. L’étincelle d’amour et de passion dans ses yeux s’assombrit de tristesse et d’incompréhension.
Bien sûr, Jules n’a aucune intention de blesser son frère. Il est très solitaire, sait jouer seul pendant des heures et n’accepte le contact que s’il y est obligé. Au contraire, Paul recherche ce contact avec les personnes qui l’entourent et encore plus de ce frère qui le lui refuse. Je sais qu’on ne peut pas comparer deux enfants, même dans une fratrie parce que les caractères influencent le développement et qu’ils évoluent donc différemment. Mais, pour une mère, l’opposition de ces deux comportements est très attristant.
Lorsqu’on lui fait remarquer qu’il ne joue pas souvent avec son frère, Jules répond : « Pour quoi faire? C’est un bébé! Il ne marche pas, il ne parle pas et surtout il ne sait pas jouer à la console! ». Cela me fait de la peine, Paul aimerait tellement jouer avec lui. Quand Jules s’installe devant la télévision, Paul va tout de suite le rejoindre et pose sa tête sur sa jambe ou son épaule. Jules le caresse deux secondes et le repousse. Quand il joue à la console dans son lit, Paul va le rejoindre pour le même traitement : une caresse, une attention pour une durée de quelques secondes. Pourtant, Jules est souvent le premier à nous alerter quand son frère se met en danger. Sans le montrer, il a finalement toujours un regard protecteur pour son petit frère.
Ils ont deux handicaps différents, deux caractères différents, deux comportements différents, mais je les aime comme ils sont.