La crise du matin

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De toutes les crises qui peuvent exister sur Terre, c’est certainement la crise du matin que je déteste le plus. Celle qui exprime le fait que mon enfant ne veut pas aller à la garderie, qu’il aimerait mieux rester à la maison ou aller ailleurs. Commencer la journée en gérant une crise, c’est épuisant physiquement, mais surtout moralement. Déjà que la routine est éreintante, imaginez ajouter le challenge d’une gestion de désorganisation. Souvent, je sors du CPE avec le teint luisant, le brushing mis à l’épreuve et le mascara qui coule. Je m’assure aussi de ne pas tomber sur une chanson trop mélancolique à la radio, sinon c’est la grande débâcle. Personne n’aime arriver au travail avec les yeux bouffis, le cœur à l’envers et la tête ailleurs. En fait, personne ne devrait arriver au travail de cette façon.

Et lui dans tout ça? Débuter la journée en pleurant toutes les larmes de son corps, en crispant chaque muscle de son être et en criant de toutes ses forces, ce n’est certes pas la meilleure façon d’être disposé à bien collaborer avec les amis et à s’amuser. Imaginez comme il doit être épuisé. Déjà que ses journées sont bien occupées : suivre la routine habituelle, essayer de se faire comprendre et de comprendre les demandes, participer aux thérapies avec son éducatrice spécialisée du CRDI et celle de son milieu de garde… On s’entend, mon garçon a déjà un travail à temps plein à essayer de se conformer aux normes de notre société. Quand je pense à tout ça, je l’avoue, cela me crève le cœur.

Le malheur dans cette situation est que ces crises matinales sont souvent imprévisibles. Je n’ai pas encore réussi à mettre le doigt sur le grain de sable dans l’engrenage de la routine qui fait exploser mon petit. Alors, je dois apprendre à vivre avec cette épée de Damoclès au-dessus de ma tête. Au début, cela me causait énormément d’anxiété et j’anticipais ces moments. Maintenant, je suis meilleure pour gérer mon angoisse de la crise. Comme quoi, on évolue toujours un peu dans les tempêtes, on apprend à mieux se connaître dans les brouillards et on finit peut-être par s’habituer à l’ingérable.

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Enseignante au primaire depuis 11 ans, j’ai la chance d’être maman de deux beaux enfants. Ma grande fille de 8 ans a reçu un diagnostic de TDAH à l’âge de quatre ans. Avec sa folie et son énergie, elle nous fait vivre des montagnes russes d’émotions. Mon garçon de 4 ans a un TSA. Malgré cette différence, il charme tout son entourage. En équipe avec mon mari, j’arrive maintenant à vivre pleinement la vie un jour à la fois, et ce, au travers les hauts et les bas du quotidien. Écrire me permet maintenant de partager mon expérience de vie, mes questionnements, mes doutes mais aussi tout mon amour pour les enfants.