Ce soir, comme à tous les soirs que tu es avec papa, je t’ai appelé. Après une mini brève discussion sur ce que tu as mangé, je t’ai demandé comment l’école s’était passée, car malgré ton mini deux heures avec la TES, il arrive que tu ne gères pas quand même. Suite à tes crises et le fait que personne ne m’ait écoutée, que je croyais que tu avais besoin d’une classe adaptée, on est rendu à ça. Deux heures par jour et le reste, on écope.
J’avais espoir, tu semblais si enjoué lorsque tu m’as répondu, de bonne humeur. J’entendais ta voix comme un bonheur, tu étais bien à ce moment même de notre discussion. Le ton était léger et on avait une belle discussion, ensemble.
Ta respiration était rapide, d’une excitation d’enfant. Et puis je t’ai posé la fameuse question : « Comment s’est passée ta journée, mon amour? »
Ta réponse : « Bah! J’ai faite une crise! »
Mon cœur s’est fendu en milles miettes, j’étais déçue. Tu me disais ça et tu riais car toi, en ce moment, tu étais heureux de me parler. La crise était passée dans ta tête alors pourquoi revenir dessus? C’est ce qui me fascine le plus dans ton trouble, c’est que pour toi, ce qui est important, c’est en ce moment même. Le moment présent, aucun futur, aucun passé. C’est ce qui se passe là, en ce moment, qui te remplit d’émotions. J’ai souvent de la difficulté à comprendre ce côté de ta personnalité. Pour toi, aucun remord car tu n’es déjà plus dans cette émotion lourde. Ce qui est fait, est fait. Voilà!!!
C’est là que mon côté positif essaie de te comprendre car toi, dans ta tête, tu ne vis que le moment présent. Les remords, tu ne connais pas ça, le petit truc qui nous enfonce le cœur dans une tristesse, tu ne comprends pas. Ta tête ne le fait pas et elle ne le fera jamais.
C’est comme si ton autisme avait été devant moi, avec son petit côté rieur. Oui, ton trouble rit de moi! Comme s’il riait car j’avais de l’espoir. Je le vois, je lui imagine une petite face comme la tienne, mais un peu plus fâchée. Je sais qu’au fond de toi, tu es un gentil petit garçon, tu aimes passer de bons moments, tu veux être doux avec les gens et surtout les coller. Toi, mon petit colleux d’amour.
J’ai souri à ce trouble même si moi, je ressens la peine que toi tu ne ressentiras jamais. Moi j’ai des remords pour toi, mais cette fois, je ferai comme toi, je vivrai le moment présent…
Donc …
Alors mon cœur, qu’est-ce que tu manges de bon pour souper?
