Collaboratrice : Maman Atypique
Parce que j’ai toujours su que tu étais différent, je n’ai jamais eu de deuil à faire. Tu es toi, un point c’est tout. Mon petit homme, si affectueux, si parfait dans tout ton être. Lorsque l’on a un enfant à besoins particuliers, une panoplie d’émotions peut s’abattre sur nous, de la peine à la colère, au ressentiment, à la jalousie. Étant moi-même travailleuse sociale auprès des jeunes et de leur famille, au fil des années, j’ai pu voir toutes ces émotions se peindre sur le visage de mes clients, sans jamais ne les ressentir moi-même par rapport à toi, mon fils.
Mon invitée spéciale à moi, celle qui est venue en prime de tes diagnostics, s’appelle anxiété. Pas de colère, pas de peine, pas de deuil, juste une immense peur qui ramasse tout sur son passage. Dans tes moments plus difficiles, j’ai peur de te perdre. Que ton autisme t’engloutisse complètement, que tu disparaisses à travers tes intérêts particuliers et que je ne puisse plus avoir accès à toi. À chaque fois que tu te retires dans ton monde, que tu deviens plus hyperactif, que tu te mets à t’agiter sans raison, en courant partout, en faisant des bruits de bouche, j’ai peur. Quand tu restes plusieurs minutes devant le lavabo, complètement absorbé par la fluidité de l’eau qui coule, j’ai peur que tu ne reviennes plus vers moi.
La plupart des parents, sinon la grande majorité a peur de perdre leurs enfants me direz-vous. Mais moi, j’ai peur à chaque instant que l’on me le vole pour toujours. Qu’il ne me revienne pas. Qu’il choisisse de rester dans son autre monde, ce monde que je tente d’apprivoiser depuis pratiquement cinq ans, sans trop le comprendre parfaitement, malgré tous mes efforts.
J’ai peur, parce que je l’aime plus que tout.
Maman Atypique
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