J’ai besoin d’aide. Voilà le cri que j’ai lancé, il y a quelques semaines. Une fin d’été mouvementée avec fiston. Un retour en classe anxiogène. Pour lui. Pour moi. On nous dit d’apprendre à demander de l’aide. En tant que mère monoparentale, je ne peux compter que sur moi-même pour subvenir aux besoins de mes trois enfants. Tout le poids et la responsabilité de la famille reposent lourdement sur mes épaules.
Souvent, cette aide si précieuse serait simplement de pouvoir souffler un peu. Mais l’aide dont aurait besoin les familles différentes comme la nôtre n’est pas suffisante ou n’existe pas. Malheureusement, j’ai cogné à plusieurs portes. Sans réponse.
Je suis enseignante en plus d’être maman. Cette année, je vivais quatre rentrées différentes. Celle de mes trois enfants et la mienne. Trois jours avant le début des journées pédagogiques, j’attrape un virus. Ce n’est que cinq semaines plus tard que j’apprendrai qu’il s’agissait de la coqueluche. Deux mois se sont écoulés depuis et j’en ressens encore les séquelles…
La veille de la rentrée de mes élèves, j’apprends que fiston a fugué. Encore. Je reçois un appel de la DPJ. Personne ne peut le prendre en charge le lendemain. La décision que j’envisage depuis un moment déjà s’impose d’elle-même : à mon tour de prendre la garde de fiston à temps plein. Mais pour y arriver, je dois m’absenter du travail. Impossible pour moi de concilier les deux.
En une heure, j’organise mon remplacement. Je rencontre ma directrice et lui explique la situation brièvement. Le mardi suivant, j’ai un certificat médical d’incapacité au travail signé pour un mois. Et c’est à partir de ce moment que tout bascule…
Fiston débute son année scolaire en même temps qu’un arrêt de médication. Ajustement oblige. C’est donc avec les hormones à l’envers, une anxiété accrue, un changement de routine, un nouveau transport (qui ne s’est pas pointé à l’heure car il n’était pas au courant du nouvel horaire de l’école), une nouvelle classe, de nouveaux amis, un ancien professeur, mais un nouvel éducateur qu’il entame sa première journée.
Avec l’aide d’une intervenante en or qui le suit depuis peu, on établit une routine de retour après l’école. On met en place de nouveaux moyens. On réajuste les attentes. Un pas à la fois.
Le lendemain matin, le lever est très difficile. Fiston me fait des grimaces, me pousse avec ses pieds : il ne veut pas aller à l’école. Il refuse de faire sa routine, saute sur le divan, court après le chien à travers la maison et réveille sa sœur. Toutes les excuses sont bonnes pour ne pas y aller : mal au cœur, mal à la tête, trop fatigué, trop stressé…
Le soir venu, j’apprends qu’il a fugué de l’école et que la police a dû intervenir. Résultat : fiston est suspendu après deux jours de classe seulement! Quelle chance que je sois en arrêt de travail, je n’aurai pas à prendre congé! J’appelle son intervenante pour la mettre au courant de sa suspension. Elle passera le lendemain en début de matinée pour planifier sa journée.
Une demi-heure avant son arrivée, ça dégénère. Fiston sort Fanny et lâche sa laisse délibérément. Elle se sauve et se met à japper comme une folle après un passant. Le pauvre est effrayé! Je lui explique au passage qu’elle n’est pas du tout maligne, juste énervée! Fiston réussit à la rattraper, mais au lieu de la ramener, il détache sa laisse. Fanny part en fou et manque de se faire frapper par une voiture qui l’évite de justesse! Moi qui tousse ma vie en courant derrière pour tenter de sauver la situation. Dites-moi qui de nous deux sera pénalisé aujourd’hui, lors de cette fameuse journée de suspension?
Deux semaines passent. Chaque journée du mois de septembre est marquée d’une rencontre pour lui ou d’un rendez-vous médical pour moi sur le calendrier. Mon état de santé s’aggrave au lieu de s’améliorer. Je n’arrive toujours pas à reprendre le dessus. Un autre appel de l’école. Une autre suspension. Je n’en peux plus!
En rencontre, on a discuté de la possibilité de renvoyer fiston en centre de réadaptation. L’aide dont on aurait tant besoin n’existe pas! C’est encore une fois la seule option. Je n’ai plus le choix, c’est lui ou moi! Personne ne peut prendre ma place le temps que je me soigne… C’est le cœur brisé et les yeux plein de larmes que je le regarde quitter le nid familial pour la deuxième fois…
Je rêve de vivre comme dans l’émission La Galère, dans une grande maison avec d’autres mères monoparentales et leurs enfants différents! Je rêve d’un endroit où des familles comme la nôtre pourraient compter les unes sur les autres. Un milieu de vie tolérant et solidaire où l’empathie et l’entraide seraient des valeurs prioritaires. Un oasis de paix pour nos enfants et leur fratrie.
J’ai besoin d’aide, mais cette aide n’existe pas. Pour répondre à cette demande, j’aimerais créer un hébergement communautaire pour les familles monoparentales d’enfants à besoins particuliers. J’ai décidé d’en mettre les grandes lignes sur papier. Un jour, je ferai de mon rêve une réalité et la maison La Différence pourra se réaliser.