Devenir maman d’un enfant différent

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Depuis que je suis toute petite, je voulais être maman. Mon rêve, c’était ça. Je voulais bien sûr avoir une maison, un mari et un bon emploi,  mais ce que je désirais plus que tout, c’était d’être maman.

Quand j’ai vu ce petit positif sur le test de grossesse, c’était comme si la vie me remplissait le cœur à pelleter de bonheur! J’ai eu une grossesse difficile, mais je m’en foutais, tu étais là, avec moi. Tu m’apprenais à quel point je pouvais aimer, tu m’apprenais à quel point je pouvais être une bonne personne. Je suppliais la vie que tu t’accroches à moi pour ces neuf mois qui nous séparaient. Tu t’es accroché! Déjà à ta venue au monde, mon cœur était rempli de bonheur, tu étais là, enfin!

Puis la vie a fait son chemin…  Je me rendais compte à quel point la vie pouvait nous mettre à l’épreuve… J’ai souvent pleuré avec toi car tu étais inconsolable. Je ne comprenais pas, je n’y arrivais pas.  Tout était difficile et je me trouvais tellement poche comme maman… Alors j’ai commencé à douter de moi, de mes capacités à t’élever.

C’était plus que des coliques ou des perçages de dents, je le sentais ton mal-être, mais je mettais ça sur la faute de mes hormones et de mes compétences. Puis tu as vieilli, le CLSC me voyait à chaque étape de ta vie, j’arrivais là-bas désemparée. Je voulais donc être meilleure pour toi… Je n’y arrivais pas.

Puis à force de groupes d’apprentissage, de trucs du CLSC, de suivis avec ceux-ci, j’ai commencé à comprendre que les trucs ne fonctionnaient pas avec toi. Alors j’ai continué, combien de fois j’ai senti tes éducatrices juger ma manière de t’élever? Antoine fais ci, Antoine ne sait pas ça…

Plus tu vieillissais, plus l’écart entre toi et ceux de ton âge commençait à paraître. Dans tes gestes, tes jeux, tes réactions. Je n’y comprenais rien, j’essayais de t’éduquer à être poli et respectueux, il arrivait toujours ce moment où j’avais l’air de la pire des mères. Et j’y ai longtemps cru, que je ne l’avais juste pas. Que c’était moi le problème, pas toi… J’avais l’impression de répéter dans le néant, tu me regardais, tu semblais comprendre mais lorsque ça arrivait, tu ne faisais pas ce que je t’avais montré.

J’ai longtemps été dans ce gouffre de la mauvaise mère. Les spécialistes commençaient à se multiplier autour de moi, autour de nous. Puis un jour, c’est sorti. Lorsque le médecin a prononcé tes diagnostics, mon cœur s’est fendu… J’ai repris vite mes esprits et j’ai décidé de foncer. On allait évoluer, j’étais prête. Pas grave, le problème était minime provenant de toi, j’allais moi travailler pour nous deux.

Puis l’école est arrivée. Chaque année apporte son nouveau diagnostic qui se met à ta liste déjà bien assez pleine à mon goût.

Puis j’ai finalement compris, ça été dur pour mon cœur, mais j’ai compris. Mon rôle de maman je l’ai, je suis humaine et souvent je trouve ça difficile, mais j’essaie. J’ai compris, mon cœur, que le problème vient de toi et ça, crois-moi c’est ce qui m’a fait le plus mal. Car je n’y peux rien.

Je peux te faire voir tous les spécialistes, je peux essayer les médicaments qu’ils me suggèrent, je peux être là et t’aimer, je peux faire des routines, des pictogrammes, des jeux d’apprentissage…

Je peux en faire beaucoup, mais je ne peux te guérir mon amour et ça, c’est ce qui me brise le cœur. C’est que ce sera là, à vie…

J’ai beau être optimiste, j’ai beau t’encourager. Je serai toujours là, mais tes troubles aussi. Je n’arriverai pas à les enlever. Je ne pourrai que t’aider à les atténuer.

Tu sais mon amour, je sais que c’est difficile.
Mais tu pourras toujours compter sur moi.
Car maintenant, je regarderai le problème par en avant et dans les yeux.
Maintenant, j’arrêterai de me cacher la tête dans le sable.
Maintenant, j’accepte, même si c’est dur.

Le deuil de l’enfant parfait est fait.

Mais tu sais mon amour, à mes yeux à moi, TU es parfait!

Je t’aime!

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Je suis maman d'un merveilleux garçon qui a un TDAH et un TSA sans déficience intellectuelle. J'ai toujours été sensible à la maladie et aux troubles mentaux, je suis d'ailleurs préposée aux bénéficiaires. Mon fils réussit à faire ressortir le meilleur de moi-même. Le but de mes textes est d'évacuer mais surtout de conscientiser le monde à la différence et aux troubles mentaux ainsi qu'à leurs aspects dans la vie de tous les jours. J'espère vous toucher par mes écrits autant que moi je suis touchée en les écrivant.