En ce mois de sensibilisation à l’autisme, laissons la parole à la fratrie
Mon dieu, par où commencer pour te dire tout ça mon Zakynounet. Tu sais petit frère, ça pas été facile comprendre comment ça se passait dans ton coco surtout quand tu es le bébé de la famille.
Il faut savoir que notre parcours en tant que famille est déjà spécial à la base. Je suis la plus vieille de notre grande famille reconstituée. Notre mère a fait deux monstres avec mon papa (moi puis Jade) et puis elle a rencontré l’homme qui deviendra son mari et ton papa du même coup, mais ça tu le sais déjà.
Ensuite, nos parents ont commencé l’aventure en ayant Gabrielle, notre sœur miracle compte tenu qu’elle est née prématurément. Nous le savions qu’elle était fragile et qu’elle ne serait jamais comme les autres dès sa naissance… Nous le savions.
Puis, maman a eu un cri de la nature qu’elle n’avait jamais ressenti avant. Après Gabrielle, c’était plus fort qu’elle, elle devait avoir un 4e bébé… Un dernier enfant. Je vais me rappeler toute ma vie le moment où maman m’a montré son test de grossesse qu’elle venait tout juste de faire pour le mettre sur le comptoir en attente du résultat. Moi juste à coté de maman, Gabrielle avec papa et tous nos yeux rivés sur ce bout de plastique blanc et bleu…
Positif… Je ne me rappelle plus de combien de semaines, mais tout ce que je me rappelle, c’est d’avoir fondu en larmes et sauté dans les bras de maman! Bon, je vais t’avouer que Jade et moi, on a parié sur ton sexe… J’ai perdu 2$! (que je ne lui ai toujours pas donné! Ha!ha!)
Donc, tu serais un garçon, les parents avaient décidé de te nommer Zakary.
À l’époque que maman était enceinte, j’avais 11 ans et je voulais absolument être là à l’accouchement. J’y étais, mais dans le couloir à attendre que maman sorte de sa césarienne. À 13h et quelque, papa franchit les portes avec un beau bébé tout joufflu. C’était toi! Hé seigneur, on ne savait pas ce qui allait nous attendre avec ce petit brin de bébé là! Si seulement nous le savions…
Je t’ai tout de suite aimé, je t’aime et je t’aimerai toujours, mais quand tu étais plus jeune et qu’on ne savait pas, je comprenais RIEN à ton comportement. C’était tout pardonné parce que tu étais tellement mignon! Cependant, quand je te gardais, tu me faisais des CRISES, MAIS DES CRISES!!! J’avais environ 15 ans et j’avais gardé nos sœurs, je savais gérer les situations de « crise ». Toi… je savais RIEN! Il fallait absolument maman pour te calmer, tu ne pouvais pas dormir si elle n’était pas là. Sauf que, on ne savait pas encore…
Vient le moment où maman se pose des questions sur toi et ton comportement, probablement que tu as un TDA comme nous, tes sœurs, mais il y avait quelque chose de différent, quelque chose qui n’était pas comme tes sœurs. On l’a su c’était quoi ta différence… On l’a enfin le nom de ta DIFFÉRENCE. « Les filles, votre frère est TSA, ce qui signifie Trouble du Spectre de l’Autisme. Donc, votre frère est Autiste. Il est hyper sensible au niveau de ses émotions, hyper sensible aussi au niveau de son toucher. Exemple, une pichenotte, il peut sentir cela comme une claque. Son cerveau ne fonctionne pas comme tout le monde, donc quand vous lui faites des blagues sarcastiques ou avec des expressions, c’est pour ça qu’il ne comprend pas et qu’il prend tout au pied de la lettre. Bla bla bla… »
Ok, c’est correct, j’ai un frère autiste. On peut tu revenir à notre vie normale s’il-vous-plait? Ça change tu vraiment quelque chose? OH QUE OUI ÇA CHANGEAIT TOUT! Je comprenais pas à quel point ça changeait quelque chose à nos vies et surtout la tienne, parce que l’ado que j’étais prenait pas le fait que le bébé de la famille avait autant d’attention, plus de passe-droit, plus de ci plus de ça. Maman, il est autiste, il est pas mourant!
C’est plus tard que j’ai compris. Compris pourquoi tu pleurais autant quand je te gardais. Compris pourquoi quand je te prenais pour te consoler tu voulais rien savoir.
Compris pourquoi t’avais une fixation sur la couleur rouge pis que tu criais si tu n’avais pas un vêtement ROUGE.
Sache Zakary que je t’ai envié l’attention que maman t’a donnée, mais jamais je t’ai détesté. J’ai juste compris avec le temps que tu avais besoin de plus d’attention pour pouvoir avoir des outils afin d’avancer dans la vie « normale ». Elle ne sera jamais normale ta vie, comme la nôtre. Tu es différent, tu es unique, tu es spécial, comme notre famille.
Tu m’épates à chaque jour! Tu m’épates quand tu expliques les problèmes de math à Gabrielle, comment tu peux comprendre des trucs que tu n’as même pas appris encore?! Tu m’épates quand tu me nargues que c’est facile conduire une auto manuelle et que tu me dis comment faire, C’EST MOI QUI PASSE LE PERMIS, PAS TOI! Tu m’épates quand tu fais des conneries avec Jade et moi et que tu nous sors les meilleures blagues sarcastiques du monde! Tu m’épates, c’est tout.
Reste toujours le petit garçon différent, car c’est cette différence qui fait de toi un garçon génial! Le monde n’a pas besoin de gens « normaux », il a besoin de gens différents pour le rendre spécial et unique, comme toi! Ne change jamais mon petit frère!
De ta grande sœur que tu dois endurer,
Carolann