Ce que mon enfant m’a appris

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La dernière année n’a pas été de tout repos. Du doute de la présence du TSA de mon fils au diagnostic, j’ai vécu l’enfer des étapes du deuil. Bien que cette période ait été très difficile à vivre et que je m’en suis rendue malade, mon fils m’a appris cinq grandes vérités sur moi. Je lui serai éternellement reconnaissante de ces 5 leçons de vie qu’il m’a léguées. Voici alors mon bilan de la dernière année :

  1. Je ne suis pas une superwoman.

Trop longtemps, j’ai agi comme si j’étais invincible. Peu de sommeil, peu de sport, peu de temps pour moi, beaucoup de travail, beaucoup de stress, beaucoup de contrôle et beaucoup de culpabilité. Je crois qu’inconsciemment, je croyais que ça faisait partie de la vie de maman et qu’automatiquement, je n’avais pas le droit à plus; je n’avais pas le droit à mieux. Puis, je suis tombée. Affaiblie par la fatigue accumulée, le diagnostic de mon garçon a été  le coup fatal qui m’a menée à la dépression majeure. Quand la maman n’est plus fonctionnelle, c’est toute la famille qui  est déséquilibrée. Avec le temps, cela m’a fait comprendre qu’une mère qui s’écoute  un  peu plus et qui prend davantage soin d’elle est une maman plus heureuse et disponible. Merci mon garçon de m’avoir appris que j’étais une priorité.

  1. Je ne peux pas tout contrôler.

Dans ma vie, j’ai tout fait selon les normes pour répondre à mon idéal de perfection. J’ai tout contrôlé et ça a fonctionné. J’ai étudié à l’université, j’ai travaillé pour ne pas avoir de dettes d’étude, je me suis mariée, j’ai eu une maison et des enfants. Je m’imaginais, (j’exagère un peu ici, mais à peine),voyager avec mes enfants qui seraient élus présidents de leur classe de sport-étude, la maison toujours remplie d’amis, les bulletins scolaires truffés de A et mes enfants heureux et épanouis. J’y ai presque cru. Pourquoi pas! La vie me devait bien cela! J’avais déjà traversé mon lot d’épreuves et j’avais travaillé si fort pour transcender tout ça. Mais bien qu’on puisse contrôler certains trucs, d’autres nous échappent et nous n’y pouvons rien. Parfois, il faut accepter que notre vie se présente ainsi, même si on ne le veut pas, même si c’est difficile et même si nous ne l’avions pas prévu. Merci mon garçon de m’avoir appris le vrai sens du lâcher-prise et de la résilience.

  1. Il faut vivre le moment présent.

Quand tu reçois une nouvelle de ce genre pour ton enfant, la route que tu croyais avoir tracée pour lui se transforme soudain en labyrinthe. Qu’adviendra-t-il de son avenir? Sera-t-il autonome? Aura-t-il des amis, une vie amoureuse, des enfants? Conduira-t-il une voiture? Aura-t-il une maison? Tant de questions sans réponse qui nous font tellement mal qu’elles nous rendent fou. Difficile de projeter l’avenir de son garçon en difficulté. C’est tellement anxiogène, que ça nous rend handicapé aussi. Le seul moyen de rester sain d’esprit est  de rester concentré sur le moment présent et sur les besoins quotidiens. Tout le monde est plus heureux. Merci mon fils de m’avoir appris la valeur inestimable du moment présent.

  1. Je suis si bien entourée.

Quand j’étais au plus mal, je le cachais à mes proches. Je ne voulais pas les décevoir ni les inquiéter. Évidemment, ils s’en sont rendus compte assez rapidement et un vrai branle-bas de combat a été déployé autour de moi. Du répit jusqu’aux petits plats, tous, sans exception, m’ont aidée. Que dire du support indéfectible de mon conjoint, de sa patience et de son amour. Je savais qu’il m’aimait, mais je n’aurais jamais osé imaginer qu’il m’aimait de cette façon. Merci mon garçon d’avoir rendu l’amour autour de moi si tangible, si réconfortant.

  1. Je suis comblée.

Bien que ma vie d’adulte est à des kilomètres de ce que j’avais prévu et souhaité, je suis heureuse, entourée de l’amour des miens. Finalement, la dernière année qui m’a rendue k.o. aura été  plus productive que je ne le croyais, même si je suis souvent restée couchée dans mon lit en pleurant.

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Enseignante au primaire depuis 11 ans, j’ai la chance d’être maman de deux beaux enfants. Ma grande fille de 8 ans a reçu un diagnostic de TDAH à l’âge de quatre ans. Avec sa folie et son énergie, elle nous fait vivre des montagnes russes d’émotions. Mon garçon de 4 ans a un TSA. Malgré cette différence, il charme tout son entourage. En équipe avec mon mari, j’arrive maintenant à vivre pleinement la vie un jour à la fois, et ce, au travers les hauts et les bas du quotidien. Écrire me permet maintenant de partager mon expérience de vie, mes questionnements, mes doutes mais aussi tout mon amour pour les enfants.