J’ai écrit sur ma rage, sur ma peine, sur ma résilience, sur mon cheminement d’acceptation de l’autisme dans la vie de mon fils. Je croyais avoir réussi à vivre une certaine sérénité face à ses difficultés. Mais, il y a de ces jours où tous les enseignements que tu penses avoir appris et intégrés profondément dans ta tête, ton cœur et ton corps prennent le bord. Toutes tes certitudes et ta zénitude s’effondrent sous une épaisse couche d’angoisse. La peine réapparaît dans le décor, l’impuissance est en trame de fond et la rage gronde. Encore une fois. Comme une rechute qui te ramène à la case départ. Aujourd’hui est une journée comme cela.
Je sors de la rencontre du plan d’intervention de mon garçon. Un PI fier de ces 20 pages qui témoignent de ses difficultés à se développer comme tous les autres enfants de son âge. 20 pages qui nous mettent en pleine face le kilométrage que notre petit homme doit parcourir pour être dans la norme. Il me rappelle tous les défis que nous devons relever comme famille et comme parents. Ce plan d’intervention me pèse, car il est la matérialisation physique de toutes mes inquiétudes et questionnements.
Pourquoi ces défis sont tombés sur mon petit garçon? Il n’y a pas de bonne réponse. Mais, ces incessantes questions se remettent à raisonner en moi, tel un écho qui m’insulte, me rabroue. Dans ce temps, j’ai l’impression de recommencer tout ce long processus douloureux. Je me sens aspirée dans un tourbillon. Encore. Comme si c’était hier que j’apprenais le diagnostic. Vais- je en sortir?
Et savez-vous qui me ramène à la surface à tous les coups? Mon petit bonhomme. Sa joie de vivre et sa force adoucissent ma rage et mon incompréhension. J’arrive presque à oublier le papier, le plan, le diagnostic et nous nous remettons à vivre au fil du temps et surtout, à faire de notre mieux. Parce que dans le fond, c’est ce dont je dois me souvenir : faire de mon mieux, malgré tout.