Vive le temps des vacances! Nous y voilà! Ce moment tant attendu… Yeah right… Cette année, les vacances ont un goût amer. Nous avons voulu, Petit Mari et moi, économiser un peu en alternant nos semaines. Donc, en finissant l’école, ils ont eu une semaine de congé, gracieuseté petite gardienne pour Tsunami et auto surveillance pour Ouragan et Tornade avec visite de check-up par moment. Ensuite, ils ont eu droit à trois semaines de camp de jour. Finalement, Petit Mari avait une semaine de congé seul avec les Tempêtes, où il a fait le ménage du printemps intensément. Je le sais, je ne devrais pas le dire trop fort. Cette semaine, c’est notre seule semaine de famille complète. S’ensuivra une semaine seule pour moi, puis papa, puis RE moi… et hop retour à l’école.
Cette semaine, nous étions au camping pour bien plus longtemps que les petits week-ends. Je suis une mordue du camping (Tsunami écoute Rebelle faque j’entends « mordu » à toutes les deux phrases alors je ris de moi même de l’écrire dans mon texte). J’adore les feux de camp, j’adore les longues balades dans le bois. J’adore m’installer dans mon hamac en lisant. J’adore jouer aux cartes en famille. Encore mieux, j’adore ouvrir une bonne bouteille avec Petit Mari devant le feu et regarder les étoiles. J’aime ça. C’est clair que j’oublie le feeling de pas propre, la bouffe de camping pis l’odeur de quand tu vidanges la toilette de la roulotte. Cette année, y’a eu du changement. On n’est pas à la même place que d’habitude. C’est plus gros que ce à quoi on est habitué. Nouveauté avec notre petite famille différente rime avec stress intense. Nouveau monde, nouvelle place, nouvel environnement, nouvelle réalité due à notre chien à besoins particuliers (j’ai écris un texte là-dessus)… On veut déranger personne. On veut que les tempêtes se tiennent bien. On veut éviter de taper sur les nerfs du monde parce que y’a des comportements typiquement TDAH qui peuvent reprendre le dessus chez l’un ou chez l’autre. On parle fort. On est traîneux. On voit des écureuils, des vrais et d’autres dans notre tête. On prévoit un truc et trois heures plus tard, on se rappelle qu’on avait prévu ça. On oblige nos enfants à suivre à la lettre les règles du camping (ex. Pas d’enfants sans supervision au parc). Bref, cette année, je me suis plantée dans le lâcher-prise. Je me le suis dis, je sais pas combien de fois que je devrais le faire, mais euuhhhh… de quoi je parlais déjà… ben c’est ça qui est arrivé, j’ai oublié. Je suis routinière pour ma sécurité mentale et physique, mais au camping… c’est une autre histoire.
Rapidement, je me suis trouvée une porte de sortie assez simple. Je pars avec ma belle pookita (mon bébé chien) et on prend la trail dans le bois. On marche en silence et je la laisse aller où elle veut. Elle a 15 pieds de laisse, elle se rend à 14.5 et elle m’attend. Elle est plus libre et moi, je respire. C’est mon moment! Je me sauve de tout. Je me donne le droit de prendre mon temps. J’ai fait tous les sentiers. Je me fous des araignées dans mes cheveux. Un moment pour moi!
Mardi matin, j’avançais calmement avec Musashi quand j’ai entendu craquer des branches. Première pensée : « Zut je suis pas toute seule sur le sentier, ce matin ». Deuxième pensée : « Y’a un des enfants qui m’a suivie » (en 2 secondes, je réfléchis à des conséquences pour les dissuader de recommencer). Troisième pensée : « Oh my god! Y’a un animal sauvage qui va m’attaquer et on va juste retrouver des morceaux de moi. » Je suis dodue, y’a de la chair. Je suis un snack ambulant. Je pense aux vélociraptors dans Jurassic Park. Tsé dans ma tête, ça va toujours beaucoup plus vite que tu peux le penser. Tout ça pour dire que y’avait une branche qui craquait pis que j’étais au bout de la limite du bois. Mon bébé chien qui dans la généalogie de pur sang (akita inu japonais) des chasseurs d’ours avait clairement oublié ses origines. Elle était sur le break en titi. J’ai pris trois grandes respirations et je suis repartie. C’est là que j’ai vu deux chevreuils courir un peu plus loin; une maman et son bébé. J’ai serré la laisse et j’ai continué mon chemin en silence. Je levais les pieds pour éviter de marcher sur les branches. Musashi avec sa démarche gracieuse ne faisait pas de bruit. C’est là que je l’ai vu. Le petit faon… il nous avait vu et il n’avait pas peur du tout. Je me suis assise là, au milieu du sentier et je l’ai regardé. Pendant 20 minutes (j’avais pas de montre ni mon cellulaire parce que sinon, j’aurais clairement une photo), mon chien et moi, on a regardé ce petit bébé cerf avancer vers nous et nous observer. Il est venu, au plus proche, à environ 6 mètres de nous. Musashi s’est assise et n’a pas bougé d’un poil. Elle aurait pu japper, mais non… Elle me regardait, elle regardait Clarence (ben oui, j’aime ça baptiser les choses avec des noms quétaines). J’étais en symbiose avec la nature. Je recevais une leçon de lâcher-prise. L’univers me parlait. Finalement, notre ami Clarence a rejoint en trottinant sa maman qui l’attendait au loin. J’ai repris mon chemin et je suis rentrée à ma roulotte.
Ben voilà, une petite aventure… Un petit moment et je me suis sentie en vacances ENFIN. Je me suis sentie chez moi ENFIN aussi. Je me suis parlée. Je me suis dit que ce n’était pas possible de plaire à tout le monde. L’important, c’est de faire de son mieux. Il y aura toujours des gens avec qui la chimie ne passera juste pas. Ce que j’enseigne à mes tempêtes dans ce cas-là, c’est que peu importe que tu aimes ou non une personne, tu lui dois le respect. Dire « bonjour » ou « au revoir », faire un sourire ou ne pas faire trop de bruit, c’est la base. Tu ne peux pas t’attendre au retour du balancier chez tout le monde, mais c’est avec toi-même que tu dois être en phase. Peut-être que par ton exemple tu enseignes sans le savoir ou le vouloir. Tu es une bonne personne par les actes que tu poses et ton intention, pas nécessairement par la façon que tout est reçu. On a tous déjà joué au téléphone arabe (est-ce qu’on a encore le droit de dire ça?). C’est la même chose au jeu des intentions. Moi, j’ai l’intention d’être une personne agréable et respectueuse. Je me suis posée bien des questions pendant ce petit moment dans le bois. Je me suis demandée qui gâchait mon moment au camping. J’ai réalisé que c’était moi. Je ne suis pas parfaite et je ne le serai jamais. C’est impossible… Ceux qui croient l’être sont tellement emmerdants selon moi… Je me suis demandée pourquoi est-ce que c’était si important l’opinion des autres tant que je les respectais et que je l’exigeais de mes tempêtes aussi. Le moment présent… Mon mantra du quotidien devrait tenir même pendant les vacances, il me semble. Et si je m’accordais le même respect à moi que ce que j’accorde aux gens. Je suis capable tous les jours, même au camping.
C’est si facile de perdre notre ligne de conduite quand il y a de la pression, la nôtre ou celle des autres. Je serais prête à affirmer que celle qu’on se met est plus dommageable. Il faut être fidèle à soi-même. Il faut se respecter en premier lieu.
À ma promenade suivante, il y avait un petit lutin Tsunami sur mon chemin qui courait d’un arbre à l’autre pour me suivre sans être vue. Un éléphant dans un magasin de porcelaine, je crois. Elle voulait voir Clarence elle aussi, J’avais mon cellulaire cette fois (vous devinez que je l’aurai tout le temps dorénavant), j’en ai profité pour lui faire découvrir le sentier. Je lui ai fait vivre le moment présent : passer sous les toiles d’araignée, observer les oiseaux, tenir la laisse de Musashi, écouter les feuilles dans les arbres et surtout faire le silence et l’apprécier. Elle m’a dit : « C’est ben le fun la forêt, maman ». Mission accomplie.
Merci Clarence! À notre prochaine rencontre, j’espère.