Tsé la dyspraxie…

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La dyspraxie, ce handicap invisible, mais qui nous ne donne pas de pause!  C’est la semaine de relâche et je veux qu’on en profite pour faire des activités plaisantes.  Mon fils (11 ans et dyspraxique) veut aller jouer aux quilles.

C’est enfin le moment attendu, nous sommes à la salle de quilles.  Après le défi de la boucle sur les souliers, nous commençons à jouer.  Même s’il comprend bien le jeu et que ce n’est pas la première fois qu’il joue, rien ne va plus.  Il est le dernier, même sa sœur de 4 ans le bat haut la main.  Et pourtant, elle fait seulement déposer sa boule au bord de l’allée et la pousser et parfois, directement dans le dalot.  Malgré cela, elle accumule plus de points que lui! Pourtant, il a l’air de jouer comme il faut…

J’essaie les belles paroles : « On est ici pour avoir du plaisir, peu importe si on gagne ou on perd, l’important c’est d’avoir du plaisir. »  Rien à faire, après chaque tour, je le vois qui retient ses larmes et je sens que sa colère monte.  Et sa sœur de 9 ans est, disons assez experte, pour faire savoir au monde entier qu’elle mène la partie!  Je me sens de plus en plus impuissante et surtout découragée, c’était son activité, c’est lui qui voulait venir.  Nous sommes venus pour lui faire plaisir!

Et là, c’est ma colère que je sens monter, je me sens seule, impuissante et j’ai toujours cette impression que c’est sur mes épaules que repose son sentiment de compétence. Si je ne trouve pas une solution et vite, ça en sera fini pour les quilles qui prendront elles aussi le chemin de la liste des activités qu’il ne veut plus faire! Et surtout, il vivra encore une fois ce sentiment d’incompétence que je cherche tant à éviter pendant les vacances…

C’est alors que j’ai pensé à notre ergothérapeute, car je le savais, elle saurait quoi faire.  Pouvez-vous me dire pourquoi je ne suis pas devenue ergothérapeute dans la vie? Ça m’aurait été très utile!  J’ai pris quelques grandes respirations et je me suis dit que je devais décortiquer le mouvement.  Sauf que je suis loin d’être une experte aux quilles!  C’’est beau, si je joue une fois par année!  Je me suis mise à observer le mouvement de ses sœurs, le mien et le sien.  Je lui ai proposé deux ou trois trucs, qui ne faisaient qu’empirer les choses, ses yeux étaient plein d’eau et là, c’est mon sentiment de compétence qui était en train de prendre le bord!  Et puis, comme par miracle,  je me suis aperçue que même s’il prenait un élan avant de la lancer sa boule, il s’arrêtait complètement avant de la lancer.  Je lui ai fait part de mon observation, mais  il venait d’essayer quelques trucs sans succès, il n’était pas certain de vouloir essayer, ni même de continuer à jouer.  Je l’ai supplié d’essayer.  Et je me suis surprise à prier! Oui, même si je suis  athée, j’ai prié le ciel pour qu’il réussisse!  Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour nos enfants?  Je ne sais pas si l’univers a entendu ma demande, mais il a réussi!  Il a même fait deux abats de suite!  Il ne restait que trois tours avant la fin de la partie et il l’a remportée!

Il est sorti de la salle de quilles avec le sourire et moi avec un sentiment partagé entre le soulagement et l’impuissance face à ce handicap!  Comment faire pour que les  activités les plus banales ne deviennent pas une source de stress pour lui et pour moi?

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Maman de quatre enfants, qui par leur grande sensibilité, l’ont amenée à remettre en question tout ce qui semble acquis ou naturel pour la plupart des gens. Elle se dévoue pour que ses enfants restent connectés à cette essence profonde qui leur est propre. Deux de ses enfants ont reçu un diagnostic de dyslexie/dysorthographie. Pour l’un d’eux, s’ajoutent une dyspraxie verbale, un trouble de la coordination motrice et un profil mixte d’hypersensibilité et d’hyposensibilité. Enseignante au primaire depuis 2002, elle travaille maintenant exclusivement avec les enfants en difficulté d’apprentissage.