Le PI, Plan d’Intervention

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« Bonjour! Ici la direction de l’école de votre enfant. Nous voudrions voir avec vous vos disponibilités afin de nous rencontrer pour établir un P.I. pour votre enfant…« 

La première fois que vous recevez cet appel, vos pulsations cardiaques augmentent, un léger film de sueurs froides vous recouvre le corps, les oreilles se mettent à vous siller et vous vous mettez à bégayer allègrement. En tout cas, ce fût pas mal ainsi pour moi.

Car avant d’entrer dans cet univers scolaire, l’expression « P.I. » ne faisait absolument pas partie de votre vocabulaire! « P » et « I » étaient tout simplement deux des 26 lettres composant l’alphabet! Et réunies, elles formaient «pi», ce nombre si mystérieux… Mais voilà. Votre enfant présente certaines difficultés d’apprentissages ou comportementales, ou (jackpot!) les deux et le professeur vous envoie fréquemment des notes à ce sujet. Vous voilà donc avec le téléphone en main, feuilletant votre agenda pour voir à quel moment (assez rapidement) vous pouvez vous libérer pour vous asseoir parmi ces gens de l’institution scolaire qui, avouons-le, vous intimident un peu.

Avec Fiston en 4ième année et un nombre assez impressionnant de rencontres de plan d’intervention sous mon bras, mon cœur ne s’affole plus, je ne tremble plus, je ne bégaye plus et les sueurs froides ne me trempent plus lorsque ce fait retentir l’appel. J’ai appris. J’ai appris à m’informer, car Fiston a un bagage diagnostique assez impressionnant. Je suis donc devenue un rat de la fouille électronique sur les sujets qui le concernent.  Et je n’hésite pas à apporter de la documentation et des notes aux rencontres!

Peu de temps avant la fin de l’année avait justement lieu cette rencontre de P.I. en prévision de la rentrée, afin de coordonner ce qui se fait actuellement et faire en sorte que le prochain professeur soit bien équipé pour dealer avec Fiston et ses multiples rayons. Car malgré que la directrice ait partagé avec  l’équipe école en entier certaines façons d’intervenir auprès de lui, intervenir à l’occasion sur la cour d’école et intervenir régulièrement en classe peut être un tantinet différent.

Je suis donc arrivée à la rencontre matinale, un lundi matin à 8h, avec la feuille que j’avais déjà préparée pour la rencontre de P.S.I.I. de la semaine précédente. J’avais divisée ma feuille en quatre colonnes en haut desquelles j’avais inscrit les titres DIFFICULTÉS – BESOINS – MOYENS – FORCES et sous lesquels j’avais fait des listes concernant chacun de ces aspects. Cela m’aide à ne pas oublier des points à discuter ou apporter durant la conversation concernant ce qui fonctionne à la maison, comment se passent certaines situations, quelles interventions fonctionnent dans telle ou telle situation, etc. C’est ainsi que nous avons pu établir au P.I. des moyens déjà discutés en P.S.I.I. concernant les évaluations de repérage dans le texte : Fiston n’a qu’à souligner la réponse et mettre le numéro de la question plutôt qu’écrire toute la réponse. Pour les évaluations concernant les appréciations de textes, il pourra les faire à l’oral au professeur, ou à la TES qui l’enregistrera alors pour faire ensuite écouter au professeur. Il a aussi été noté que dès l’année prochaine, il aura accès à un autre système de plan pour les situations d’écritures sous forme de bulles d’idées plutôt qu’en tableau linéaire (Merci Mme la pédopsy d’avoir expliqué que les bulles correspondent beaucoup plus au cheminement cérébral des TDAH!).

Je suis très appréciative du cheminement fait avec l’équipe école dans les dernières années. Ça en est à un point d’ouverture où je n’ai souvent pas à demander si quelque chose est possible car c’est déjà en place! J’ai ainsi appris que Fiston a deux pupitres : son pupitre normal où il travaille assis, mais aussi un pupitre surélevé où il peut s’installer pour travailler debout s’il en ressent le besoin! Car rester assis est fatiguant pour mon coco au diagnostic d’hyperlaxité au tonus musculaire défaillant (mais en progression).

À une amie qui vivait cette année sa première expérience de P.I. pour son enfant en première année, je conseillais de ne pas hésiter à demander des explications, à poser des questions, à donner son avis sur certains points, à mettre des bémols là où elle en voyait le besoin. Se faire une liste : nos questionnements, nos interventions, les suivis qu’a notre enfant, les services qui peuvent être accessibles via l’école (psychoéducatrice pour Fiston), certaines adaptations physiques en classe ou dans les casiers (pupitre près du prof, pas au centre de la classe ou de la rangée, pupitre et chaise adaptés correctement à la bonne hauteur de l’enfant, utilisation d’un plan incliné pour l’écriture (tsé un cartable peut faire l’affaire!), utilisation de tangle ou balle anti-stress ou gomme sans sucre pour aider à la concentration (il y a de très bonnes études sur le sujet!) premier casier en bout de ligne, laisser l’enfant descendre s’habiller pour aller dehors un peu avant les autres… etc.), les besoins mais aussi les forces de notre enfant (curiosité, intérêt pour un domaine particulier, humour, etc.). La préparation de cette liste aidera à votre participation active à cette rencontre. Cela pourra aider à dresser un portrait plus réaliste de votre enfant. Car les intervenants scolaires ne connaissent que l’élève. Ils ne connaissent pas l’enfant d’avant le milieu scolaire ni celui qui habite votre maison…

Oui, il arrive que ces rencontres ne se passent pas bien, pour toutes sortes de raisons. Je le sais, je l’ai vécu. Il faut parfois prendre du recul et voir ce qui a accroché en essayant d’être le plus objectif possible et il y a aussi des recours si vous n’êtes pas satisfait. Si ce qui est écrit dans le P.I. ne vous convient pas, vous n’êtes pas dans l’obligation de signer. Un P.I. qui n’est pas signé par tous n’est pas valide. Vous pouvez faire part de vos désaccords à la direction. Et si vous sentez peu d’écoute, la commission scolaire  et le comité ÉHDAA puis, le Protecteur de l’Élève peuvent vous aider.  L’OPHQ peut aussi accompagner certains dans les démarches, tout dépendant des diagnostics de l’enfant. Mais un diagnostic n’égale pas automatiquement qu’il y aura un P.I. et le P.I. n’est pas réservé qu’aux enfants ayant un diagnostic! Tout enfant présentant des problématiques qui peuvent mettre en danger sa réussite scolaire a droit à un P.I.

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Éducatrice à la petite enfance depuis une vingtaine d’année, adepte de l’entrainement en force pour ne pas perdre complètement la tête, Nancy Ringuet, très possiblement TDAH, est maman de deux garçons à diagnostics : un grand TDA sévère et un plus jeune SGT, TDAH impulsivité mixte et TOP. C’est un long combat qui aura mené aux diagnostics du plus jeune, et un long combat qui s’engage pour faire reconnaître ses besoins. Passionnée de recherches et assoiffée d’en apprendre plus, elle fouille le net sous toutes ses coutures. Elle partagera ici des textes et réflexions sur ce vécu différent de mère chef de famille, avec un conjoint dont le travail l’amène à être absent.