Avec mes copinautes, on aime parler le soir de tout et de rien. Ça nous détend et ça nous évade.
De temps en temps, l’une d’elle pose une question tabou qu’on ose poser qu’à d’autres mamans comme nous. Et ce jour là, elle nous demande : si la pilule de la normalité existait, vous la donneriez à votre enfant?
Le débat fut houleux… Entre les chantres de la neurodiversité et les mamans souffrant du rejet de leur enfant, entre les mamans des hauts potentiels que l’on ne croit jamais et les mamans qui voudraient juste entendre « maman », le torchon brûlait… La discussion s’est arrêtée sur un statu quo : de toute façon, ce n’est qu’une hypothèse… et nous sommes retournées à nos tâches ingrates de mamans différentes, songeuses, mais résignées à notre réalité.
Alors vraiment, me suis-je imaginé, si un médecin te tendait la pilule magique, que ferais-tu?
Ce jour là fut particulièrement éprouvant. Mon fils avait fait crise sur crise, incapable de se contrôler, perdu dans ses alignements et ses obsessions, il m’avait repoussée durement et à plusieurs reprises, je me suis sentie la plus nulle des mamans, alors que j’étais impuissante face à sa souffrance . C’était l’un de ces mauvais jours où je n’hésiterais pas une seconde à lui donner cette pilule…
Mais il y a aussi ces jours où sa différence est magique, où elle transforme le monde et touche les gens qui se sentent investis par son monde hors norme. Ces jours là, je trouve la normalité triste et insipide et je jetterais la pilule au loin, sans regrets…
Et puis il y a moi. Différente aussi. Souffrant aussi. Mais apportant ma contribution au monde à ma façon. Est-ce que j’aurais voulu qu’on me donne cette pilule? Franchement, je n’ en sais rien…
Cette question m’a permis de voir que la pilule ne résoudrait rien car la réalité n’est ni parfaite ni normale. Le seul médicament qui aide est sans aucun doute l’amour… qui n’est jamais normal ni parfait, heureusement.
Je laisse donc la question en suspens et je vous la transmets…
Tu la donnerais toi, cette pilule à ton enfant?