Quand mon grand garçon (aujourd’hui, il a 20 ans) atteint d’autisme, du Syndrome de Gilles de la Tourette, d’un TDAH et d’anxiété généralisée, m’a montré des signes d’épuisement émotionnel, qu’il n’en pouvait plus, j’étais aussi perdue que lui. Je cherchais quelle bouée lui lancer pour l’empêcher de se noyer dans le raz-de-marée qui faisait rage dans sa tête!
Il n’aimait plus rien, il avait peur de tout…
Il n’allait plus à l’école, ne sortait plus faire de promenade avec moi…
Je voulais le revoir sourire, calme et heureux… Le reste n’avait aucune importance.
Suite à la mort d’Emma (son chien d’assistance qui l’a accompagné pendant 12 ans), je savais que quelque chose avait changé en lui, que sa présence lui manquait…
J’ai donc choisi ce moment, où il était au plus mal, pour adopter un chien.
J’ai alors contacté la SPCA Saguenay, fait un descriptif de ce que je recherchais et on m’a présenté une petite chienne de deux ans… Peureuse et anxieuse. (À sa première rencontre avec Pierre, elle jappait en le voyant à cause de ses tics sonores.) Je sais, adopter un chien anxieux pour mon fils anxieux n’était vraiment pas l’idée du siècle. Mais, je ne sais pas pourquoi, cette petite chienne de deux ans (un croisement de cocker avec on sait pas trop quoi!) est venue me chercher.
Molly aime profondément les humains, le bonheur pour elle, c’est d’être caressée et cajolée, le reste n’est pas important. Le gros du travail avec elle a été de lui apprendre qu’il n’y avait pas de danger…
Qu’un pied qui bouge brusquement ne va pas la frapper, que le haussement de la voix n’est pas un signe de colère contre elle, que les ventilateurs ne l’attaqueront pas, que les enfants qui jouent avec des bâtons de hockey ne vont pas la frapper.
Et finalement, à ne plus avoir peur de sa nourriture, parce qu’à la simple vue de son bol, elle se recroquevillait, tremblait, les yeux exorbités et finissait par uriner de terreur. Pour régler ça, je m’asseyais par terre avec elle et je lui donnais ses croquettes une par une dans mes mains en l’encourageant.
Malgré son anxiété, ça n’a pas été difficile de vivre avec Molly. Elle nous a fait confiance très vite, elle s’est aussi rapidement habituée aux gestes, aux sons et aux tics de Pierre. Ils se sont même découvert un point d’intérêt commun qui fut l’élément déclencheur de leur relation : l’amour des couvertures! Pierre se cache toujours avec une grosse couverture douce lorsqu’il s’assoit sur le divan et Molly grimpe aussitôt sur lui…
Elle s’est mise à le suivre…
Elle va se reposer près de lui…
Elle se couche près de sa balançoire quand il sort…
Elle déteste que Pierre sorte du périmètre de la cour… Elle est très anxieuse dans ces moments-là!
Mais leur relation est vraiment belle…
Et je crois que j’ai compris pourquoi.
Parce que Pierre ne lui demande rien, il n’exige absolument rien d’elle…
Et c’est pareil dans le sens inverse… Molly n’a jamais rien demandé à Pierre, elle ne lui pose pas de question, ne le harcèle pas, elle se colle sur lui, point final.
Je n’ai pas encore compris par contre si c’était Molly qui avait pris Pierre sous son aile ou l’inverse. Mais Pierre s’est mis à aller mieux, à sortir dehors à nouveau, à venir faire des promenades avec moi (et Molly, évidement!).
Et ensuite, j’ai eu la folie de penser que je pourrais tenter une autre fois ma chance en adoptant un chien pour Xavier (7ans, atteint d’autisme lui aussi).
Et j’ai fait une autre demande d’adoption à la SPCA.
Et on m’a présenté celui que j’ai appelé Prince, un cocker américain de 9 mois.
Bien que ce chien soit lui aussi en amour avec les humains, il était tout le contraire de Molly… Pas peureux pour 5 cents! Bien dans ses pattes et dans sa tête, un chien zen qui a décidé en entrant chez nous qu’il suivrait Xavier à la trace. Point. Et il en fut ainsi. Il adore les enfants. Il adore jouer. Je travaille tous les jours à renforcer leur relation.
Rien ne se fait tout seul… Je passe énormément de temps, à leur faire faire des exercices d’auto-contrôle, à les faire jouer, je leur enseigne la marche au pied, à obéir sur commande…
Il y a des jours, je me demande sérieusement dans quoi je me suis embarquée… Mais quand je vois les progrès et le réconfort que la présence de leurs chiens respectifs apporte à mes garçons, je me dis que ça en vaut vraiment la peine.
Molly et Prince viennent de la SPCA, ce sont des chiens fabuleux, je suis choyée des les avoir rencontrés et de les avoir recueillis chez nous…
Si j’ai écrit ce texte, c’est pour mettre en évidence les bienfaits de la présence animale chez les enfants à besoins particuliers. Mais surtout, je tenais à souligner une journée particulière, la Journée mondiale contre l’abandon des animaux de compagnies qui a lieu le dernier samedi du mois de juin. D’autant plus que cette journée coïncide avec la période des déménagements où, malheureusement, trop d’animaux sont abandonnés à leur sort…
N’hésitez pas à visiter les refuges ou la SPCA si vous pensez prendre un animal de compagnie. Et surtout, n’abandonnez pas votre animal!
Pour contacter la Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux (SPCA), visitez le site Web de votre région