Ah! Mon amour Tu sais, parfois maman est fatiguée, pas de toi mais de tout ça. Fatiguée, mon corps veut dormir pour que mon cœur arrête de pleurer et que ma tête arrête de penser.
L’entrée à l’école n’as pas été facile. J’avais espoir, tellement d’espoir. Je ne dirais jamais que tu m’as déçu, non ça jamais. C’est le système qui me déçoit. De te faire sentir ainsi, j’en veux au système d’éducation québécois qui vraisemblablement n’a pas compris à quel point tu ne vas pas bien.
Et moi je me demande à quel point tu réussiras à te frayer un chemin dans tout ça. Cette semaine, une fois de plus, je n’ai su contenir ma peine. Mon cœur de maman a mal de savoir qu’ils doivent t’enfermer dans cette pièce pour que tu réussisses à gérer ta tête. Je n’étais pas là, puisque la vie ce sera ça, un jour. Faudra que tu réussisses à y arriver sans moi, mais j’ai tellement mal de te laisser alors que je sais que tu ne comprends pas tout.
Je sais… Tu as sans aucun doute eu peur, ta frustration était au top et bien sûr, ils ont dû, pour ta sécurité, te mettre dans cette salle de confinement. Une partie de moi comprend leur geste, mais une autre partie aurait aimé te serrer dans mes bras à ce moment.
La vie, ta vie n’était pas celle que j’avais prévue. Chaque épreuve apporte son lot de découragement et bien sûr de tristesse. J’espère que tu réussiras un jour à bien t’intégrer, que tu trouveras ta place dans ce milieu. Même s’il manque de ressources, mon amour.
Même si je manque de souffle, je continuerai pour toi. D’ici là, viens me coller que je te prouve que la vie peut être belle et pendant ce moment où toi tu souffleras un peu, je ravalerai mes larmes. J’aimerais ça qu’on me prenne moi aussi parfois pour que je puisse évacuer ma peine et trouver réconfort.
Mais mon amour, maman est fatiguée, donc je vais un peu me reposer. En arrêt, je continuerai à reprendre mon souffle pour ma tête. Cela fait déjà trois fois que mon cœur et ma tête ne réussissent pas à suivre dans tout ça, je tombe, je sombre.
Comme l’autisme, la dépression fait son chemin dans ma vie et même si je réussirai encore à la mettre K.O., il arrivera un moment où je te dirai : « Mon cœur, maman est fatiguée. Laisse-moi me reposer, un peu. »