Dans ton temps

0
993

J’ai décidé d’écrire ce billet. Pas pour choquer,  mais j’avoue être pas mal tannée de cette maudite phrase : « Oui, mais dans mon temps… » Donc on va se parler dans les yeux (ou plutôt dans les écrans) ensemble. Que tu comprennes ce qu’on vit, car bien sûr, ce n’est pas comme dans ton temps…

Selon toi, dans ton temps, le TDAH et l’autisme n’existaient pas. Laisse-moi te dire une chose : dans ton temps, on n’a aucune preuve que ça n’existait pas, car dans ton temps, la médecine n’était pas ce qu’elle est aujourd’hui.

Dans ton temps, il y avait moins de cancers, moins de troubles mentaux, moins de maladies. Mais en sommes-nous vraiment sûrs? Je veux dire, toi tu en es certain à 110%? Pas sûre. Donc, on peut dire qu’il y a eu de l’évolution sur les diagnostics, mais sur aussi comment diagnostiquer.

Dans ton temps, on jouait dehors, donc on n’en vivait pas de l’hyperactivité. C’est donc ce que tu avances? Dis-moi, celui qui était toujours à l’extérieur de la classe, le pupitre au bord de la porte ou toujours chez le directeur? Celui-là jouait autant que toi et pourtant, il a sûrement fini par lâcher l’école car il était beaucoup plus productif dans le manuel. C’est rendu LE gars qu’on appelle quand on a une job manuelle à faire car on sait que ce sera bien fait et parfait. Je ne dis pas que tous les hyperactifs finiront par être manuel et que personne ne fera d’études avancées. Oh que non, ce serait mal interpréter ce que j’essaie de t’expliquer. Ce que je veux dire c’est que dans ton temps, on n’avait aucune ressource.

Aujourd’hui, on ne peut avoir moins qu’un secondaire 5 et même je dirais un cégep. De nos jours, on doit foncer, ce n’est pas meilleur, mais OUI, on s’en demande beaucoup, donc on doit fournir à la demande. Ce qui n’apporte pas plus de troubles, mais on a besoin de plus d’aide pour ces enfants.

Dans ton temps, les enfants allaient à l’école de huit heure le matin à environ quatorze heure trente et souvent, ils revenaient dîner à la maison. Ce qui faisait que du stress, il y en avait moins. Ce qui fait que les enfants avaient moins besoin de gérer leur tête pendant toute la journée, comme aujourd’hui. Car avec le service de garde, ils sont rendus presque des douze heures à l’école.

Je ne dis pas que c’était mieux dans ton temps, simplement que les choses ont évolué. Des trucs biens et d’autre un peu moins. Ce qui fait que les enfants avec un trouble, à mon avis, ont plus de difficultés à se gérer. Je ne suis pas une scientifique, ni une professionnelle, mais je suis une mère. Une mère qui, comme dans ton temps, donnerait tout pour son enfant, car s’il y a bien un truc qui n’a pas changé depuis, c’est l’amour qu’on a pour nos enfants. Depuis leur premier souffle et même avant. On virerait terre et mer pour eux. À nos yeux, ce sont les plus merveilleux. Tu sais, on pourrait s’obstiner longtemps car dans ton temps, ce n’était pas mieux ni pire. C’était tout simplement différent.

Alors si tu es capable d’accepter cette différence, tu pourrais ouvrir tes horizons et t’ouvrir à nos différences. Celle qui fait que nos vies sont difficiles. Celle qui fait que mon enfant réagit différemment à ta façon d’interagir avec lui. La différence dans ma manière de l’élever et de l’accepter. Car dans MON temps, de nos jours, c’est tout ce que je désire. Que mon enfant soit accepté. Dans ces ressemblances, dans sa différence. Dans sa manière de comprendre. Ouvre-toi à son monde comme lui s’efforce de comprendre le tien.

PARTAGER
Article précédentMaman, on est tous fuckés!
Article suivantRéforme, où es-tu?
Je suis maman d'un merveilleux garçon qui a un TDAH et un TSA sans déficience intellectuelle. J'ai toujours été sensible à la maladie et aux troubles mentaux, je suis d'ailleurs préposée aux bénéficiaires. Mon fils réussit à faire ressortir le meilleur de moi-même. Le but de mes textes est d'évacuer mais surtout de conscientiser le monde à la différence et aux troubles mentaux ainsi qu'à leurs aspects dans la vie de tous les jours. J'espère vous toucher par mes écrits autant que moi je suis touchée en les écrivant.