La salle d’attente

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Devenir une maman différente, c’est devenir une maman en attente. On attend un diagnostic, un bilan, un rendez-vous et on est même mise sur liste d’attente loin derrière d’autres mamans en attente.

Et puis surtout, on visite les salles d’attente… La salle d’attente de la psy, de la psychomot, de l’ergo, de la pédopsy, de la logo… L’attente est plus longue que les surnoms qu’on leur donne à force de les dire…

La salle d’attente est un monde à part, un entre-deux, une parenthèse où chaque maman tente de conserver  sa dignité et son calme face à l’impatience de nos loulous qui veulent en sortir, partir et nous quittent inquiets ou indifférents avec le pro qui va s’en occuper… Et nous on attend : meuble vivant parmi les chaises inconfortables, les mini-tables remplies de jouets pour les enfants , les magazines démodés qu’on ne supporte plus tant ils nous rappellent l’ennui de ces attentes invisibles où on n’existe plus…

Et pour couronner le tout, de grandes affiches vous entourent pour vous expliquer tout ce que vous faites de mal dans votre éducation (pas étonnant que vous soyez là au fond  : pas de télévision avant 3 ans, les médicaments ne sont pas la solution, la violence est verbale aussi, les enfants ont besoin de temps de qualité, etc. La culpabilité qui entre à petites doses comme un lavage de cerveau partagé par la profession médicale…

J’aimerais trouver une salle d’attente où je me sentirais accueillie et non pas parquée. J’aimerais juste sentir que j’existe, que l’on a pensé à moi avec bienveillance et que je ne suis pas invisible…

J’aimerais :

Des petites affiches positives qui me mettraient en joie : Prenez soin de vous comme vous prenez soin des autres, le plus beau métier du monde c’est vous, vous êtes l’experte de votre enfant, ne doutez pas de vous… Ou juste des photos positives d’enfants différents. On pourrait laisser un espace pour que chacun qui le désire puisse laisser un mot ou une émotion à partager…

Du café, pour me donner de l’énergie ou du thé pour me réconforter. Si en plus, de temps en temps, il y avait des petits biscuits ou des chocolats, je me sentirais importante car on aurait pensé à me faire plaisir…

Une petite bibliothèque partagée où chacun pourrait emprunter un livre ou en déposer un qui lui a servi pour son enfant. Ou juste quelques petits textes pour nous faire réfléchir sans culpabiliser ou avec des astuces…

Du Wi-Fi, pour qu’on ne bouffe pas tout notre forfait 4G en discutant avec nos copinautes qui s’ennuient aussi dans d’autres salles d’attente… Déjà qu’on bouffe notre batterie en essayant de vaincre le niveau 342 de Candy Crush  (il faudrait une prise pour recharger nos téléphones d’ailleurs, parce qu’entre les rendez-vous à prendre, les pros qui nous appellent, les bilans par mail et les copinautes sur Facebook, on ne tient pas la journée).

Et enfin, des vraies assises confortables, pas des chaises droites et dures qui investissent la nouvelle piscine de ton ostéopathe à force de te bousiller le dos! Des fauteuils, des chaises confortables et ergonomiques, voire un lit pour récupérer tes heures de sommeil en rab (ok j’exagère, mais qui ne s’est jamais endormie en attendant son enfant dans cette pièce glauque et silencieuse où on t’oublie)…

Mais, toutes ces petites choses impliqueraient que les professionnels nous traitent comme des partenaires, nous considèrent comme importantes et nous prennent en compte dans leur aménagement comme dans leur pratique.

Et ça, ce n’est pas gagné…

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Professeure dans une école au public difficile, Liza pensait avoir tout vu de la différence jusqu'à ce qu'elle devienne maman d'un petit garçon extraordinaire qui a chamboulé ses convictions autant que son cœur. Les premières années furent marquées par la culpabilisation médicale et les nuits sans sommeil à tenter de comprendre un bébé qui ne voulait pas en être un et ne suivait pas l'évolution classique d'un enfant : entre les crises de colère et d'angoisse , les dinosaures et l'espace, il y avait de quoi se sentir perdue. Il a fallu entamer la longue marche des diagnostics mais Aspiboy est un filou qui ne rentre dans aucune case. Même dans sa différence, il est différent. Il a toutefois séduit par son humour et sa vivacité de nombreux internautes qui suivaient Liza devenue Maman Aspie pour la sphère Facebook et qui gère aussi le groupe de soutien Croco Mum pour les mamans différentes car ensemble, on est plus fortes.