Les groupes de réseaux sociaux

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Je voulais te parler à toi, le parent des réseaux sociaux. Comme moi, tu t’es sûrement ajouté à tous les groupes où tu voyais le trouble de ton enfant en entête ou celui que tu voyais les mots « enfants différents ». Oui, on a fait la même chose. Parfois, tu es un professionnel qui s’intéresse à lire les commentaires des parents pour voir notre vision à nous.

Laisse-moi te dire que pour ma part, la seule et unique raison qui m’a amenée dans ces groupes, c’est mon fils. S’il n’avait pas eu ses diagnostics, je ne m’intéresserais pas au sujet.

Au début, nous sommes tous pareils. Nous ferons un post sur le choc du diagnostic. Choc positif ou négatif, nous rechercherons une douceur, une lumière à quelque part qui pourrait nous aider. Nous écouter. N’importe quoi car dans ce moment de notre vie, on essayera de comprendre. Comprendre n’importe quoi.

Puis, peu à peu, on continuera à lire, on s’habituera au mots, au jargon de la différence. Comme une deuxième langue, on apprendra tôt, avec sûrement un commentaire déplacé envers nous, qu’il ne faut jamais, au grand jamais, parler de maladie. Non, c’est LE mot qui ne doit même pas effleurer ce groupe. Car il y en aura toujours une pour nous remettre à l’ordre.

Puis un jour, tu oseras dire dans une publication ce que tu penses sur une situation, donner un conseil qui toi t’aurait aider. Et c’est à ce moment que tu vas encore plus regretter d’être allé sur ces groupes. Car au-delà des enfants, il y a des parents qui sont si habitués de se battre dans la vie qu’ils ne comprendront pas ton bon vouloir et commenceront à détruire ton commentaire à grands coups de mots les plus insultants les uns que les autres. Car bien sûr, comme dirait le dicton, entre ce que j’essaie de te faire comprendre et ce que tu veux bien comprendre, il y a mille façons que tu ne comprennes pas. Par écrit, c’est pire. Sur les réseaux sociaux, c’est encore pire.

La journée que tu te jureras de ne plus jamais commenter et bien c’est plate car moi aussi je l’ai vécue. Moi aussi, on m’a rabaissée, alors que j’ai commenté que c’était une maladie ou peu importe le mot que cette personne voudra bien comprendre. Moi aussi, j’ai voulu arrêter d’aider. Car dans tout ça, ces parents n’ont pas compris qu’eux aussi, ils ont été à cette place. Qu’eux aussi, ils n’ont déjà pas connu le terme comorbidité. Qu’eux aussi, ils ont déjà vécu ce rejet. Alors que tu te fais rejeter par les parents d’enfants neurotypiques, ceux qui ont des enfants comme le tien ne te trouvent pas assez intelligente. Tu ressentiras un gros vide car sur ce groupe, où tu avais été chercher de l’aide, on te ramasse à coups de pelle qui rentrent dans ton écran et dans ton cœur déjà meurtri d’avance.

Mais tu sais ce que je te dirai? Que moi aussi, je ne connais pas tous les termes. Moi aussi, je me trompe parfois en voulant trop bien m’expliquer. Que moi aussi, je suis nouvelle dans ce monde. Que moi aussi, j’ai déjà senti ce rejet. Que moi aussi, j’aimerais bien comprendre tout, mais que ce n’est pas ma force de me rappeler des pourcentages et des termes exacts. Que moi aussi, je n’ai pas l’énergie pour lire sur le sujet. J’ai lu ce qui m’aidait, un point, c’est tout.

Que moi, l’autisme de mon fils, je ne veux pas le vivre dans des statistiques. Je veux le vivre dans mes trippes, dans mes émotions. Je veux être là pour lui, sans connaître combien il y en a comme lui. Je veux pouvoir m’appuyer sur d’autres parents comme moi, sans me faire mettre en plein visage que je suis peut-être moins intelligente sur le sujet que d’autres.

Mais je vais continuer d’aider à ma façon. Que ce commentaire qu’on me laissera reflète comme un miroir sa façon de vivre l’autisme de son enfant.

Parfois, ce que tu crois être bien ne l’est pas pour moi et parfois oui. Nous acceptons la différence de nos enfants mais nous n’acceptons pas la différence que nous avons d’être parent d’enfant différent.

Il serais temps qu’on s’allie au lieu de se rabaisser. Chacun ses forces, chacun sa vision.

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Je suis maman d'un merveilleux garçon qui a un TDAH et un TSA sans déficience intellectuelle. J'ai toujours été sensible à la maladie et aux troubles mentaux, je suis d'ailleurs préposée aux bénéficiaires. Mon fils réussit à faire ressortir le meilleur de moi-même. Le but de mes textes est d'évacuer mais surtout de conscientiser le monde à la différence et aux troubles mentaux ainsi qu'à leurs aspects dans la vie de tous les jours. J'espère vous toucher par mes écrits autant que moi je suis touchée en les écrivant.