Cette culpabilité qui me ronge

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Depuis que je suis maman, mes priorités ont changé. Mes enfants sont ma préoccupation numéro un. Comme tous les parents, je souhaite que mes petits chéris soient heureux, en santé et épanouis. Chaque jour de ma vie, je donne mon 110% pour qu’il en soit ainsi. Bien sûr, je n’ai pas le contrôle sur tout, mais à travers mon rôle de maman à la maison, je tente de tout faire pour subvenir à leurs besoins et contribuer à leur bonheur. Avec l’arrivée de mes tout petits, l’amour inconditionnel s’est installé dès que j’ai posé mes yeux sur eux. La joie, la passion, la fierté font maintenant partie de ma vie. Mais une autre émotion s’est également ancrée en moi: la culpabilité.

Parce que je veux le mieux pour eux et que je ne suis pas parfaite, je me sens coupable. L’arrivée de mon premier m’a bien fait réaliser toute l’ampleur de ce sentiment. Déjà, je me sentais facilement coupable… lorsque qu’il pleurait et que je n’arrivais pas à le consoler, lorsque la nuit je me fâchais parce qu’il se réveillait 10 fois de suite pour que je lui redonne sa suce, lorsqu’il pleurait et que je décidais de le faire patienter quelques minutes le temps de finir la vaisselle de la veille pour finalement réaliser qu’il avait besoin d’un changement de couche. Je me sentais terriblement coupable de parfois trouver mes journées longues et ennuyeuses. Le tout s’est amplifié à la naissance de mon deuxième fils, qui est autiste.

Dès sa naissance, j’ai eu mon lot de culpabilité. Gros bébé de 10 lbs, il a eu la clavicule fracturée lorsqu’il est sorti, il passait juste comme on dit! Pas besoin de vous dire que je m’en suis voulu même si au fond ce n’était pas du tout de ma faute! Au bout de 24 heures après sa naissance, il a fait une légère fièvre, il a alors été hospitalisé 48 heures, a passé tout plein de tests et a reçu un coktail d’antibiotiques. Encore aujourd’hui, je suis convaincue que c’est de ma faute si sa température était un peu élevée. Il faisait super chaud dans la chambre et moi je l’avais emmitouflé avec un million de couvertures de peur qu’il ait froid, sans compter que je l’avais tout le temps collé sur moi. Mais le pire restait à venir. Dès notre retour à la maison, j’avais le sentiment que mon fils était différent. Je vivais beaucoup de difficultés avec Mathis. Je me sentais ultra coupable parce que j’avais l’impression d’être vraiment incompétente avec lui! Les mois ont passé et le sentiment s’est amplifié, tellement, que quelques mois avant son diagnostic, je passais une partie de mes journées et de mes nuits à pleurer. J’avais bien compris que mon fils était différent et je me demandais ce que j’avais fait de mal pour qu’il en soit ainsi. La question tournait en boucle dans ma tête: Pourquoi? Qu’est-ce que j’ai fait de mal? Finalement, le diagnostic est tombé et depuis le sentiment de culpabilité est moins grand, mais pas disparu. Même si je crois sincèrement que l’autisme est génétique, il y a quand même une petite partie de moi qui a peur d’avoir fait quelques chose de pas correct.

À travers tout ça, notre troisième garçon est né, mon petit rayon de soleil, qui m’a un peu réconciliée avec mes compétences de mère. Parce qu’avec lui, tout me semble plus facile. Avec lui, je n’ai pas les doutes et l’insécurité que j’avais à mon premier. Je n’ai pas non plus les difficultés et le sentiment d’incompétence que j’ai eu avec mon deuxième. La culpabilité est quand même encore présente, trop présente! Souvent vis-à-vis mon garçon autiste qui est non-verbal et que j’ai de la difficulté à comprendre. Chaque jour, je fais de la stimulation avec lui, il me faut beaucoup de travail et de temps pour arriver à lui faire faire un petit exercice quelconque. Parfois, je suis tannée que ça soit si long, je m’impatiente parce qu’il ne coopère pas et me tape, me pince, me mord encore pour me montrer son mécontentement. À ce moment-là, je m’en veux parce que je me dis qu’au fond, ce n’est pas de sa faute. Et pendant ce temps, je dois demander aux deux autres de s’occuper un peu tout seul le temps que je travaille avec Mathis. Je m’en veux parce que je leur demande d’être patients et compréhensifs, mais ils sont si petits!!

Pour ce qui est de ma vie de couple, mon mari et moi, on est dans le rush comme on dit! On arrive à se retrouver un peu le soir quand les petits veulent bien dormir. Évidemment, on aimerait avoir plus de moments à nous, mais nous savons qu’il est normal avec des jeunes enfants de n’avoir presque pas de temps en amoureux. Mais je me sens quand même coupable de ne pas prendre plus de temps pour mon couple. Avec mon quotidien, j’ai parfois besoin de prendre du temps pour moi. De me reposer, d’aller prendre un café avec une amie, d’aller prendre une marche toute seule ou encore de m’isoler pour écrire. Dans un monde idéal, et pour ma santé mentale, j’aurais besoin d’au moins un petit moment à moi par semaine. Ce n’est pas évident avec mon train de vie de prendre du temps pour moi. Le problème c’est que lorsque j’en prends, je me sens souvent ultra coupable! Parce que je me dis que ce temps que je prends pour moi aurait pu me servir à passer encore plus de temps de qualité avec mes enfants ou bien à faire une des centaines de choses que j’ai à faire. Comme faire du ménage (parce qu’il y en a toujours à faire), plier le linge qui traîne, chercher une nouvelle activité à faire avec les petits, imprimer des nouveaux pictogrammes pour Mathis, aller m’entraîner, etc.

Cette culpabilité pèse lourd sur mes épaules et j’ai choisi d’en parler parce que je pense que je ne suis pas la seule maman à se sentir ainsi. Je comprends qu’au fond, ce sentiment qui me hante presque constamment, est causé par un désir d’être parfaite, d’être partout en même temps, d’être en contrôle en tout temps, d’être une super woman finalement! Mais là ça suffit! Ma résolution à partir de maintenant, est d’accepter que je suis humaine et que de ne pas être parfaite ne signifie pas être une moins bonne mère. Je mets la culpabilité de côté et je me concentre sur ce que je fais de bien. Je ne traînerai plus ce boulet et j’accepte dès maintenant que de faire de mon mieux à chaque jour est suffisant et que si ça ne l’est pas, je demanderai de l’aide. Parce que mes enfants sont heureux, je le vois dans leurs yeux. Je me promets de prendre soin de moi, de prendre du temps pour moi, sans m’en vouloir. Parce que prendre soin de moi, c’est un peu prendre soin d’eux, puisque mes petits le ressentent quand je vais bien et cela contribue à leur bien-être. L’amour que je porte pour eux est fort et inconditionnel, mais cela ne signifie pas que je doive m’oublier, moi. Je me promets aussi d’être moins dure envers moi-même et de souligner mes forces plutôt que mes faiblesses. Je commence dès maintenant avec ces mots: Je suis une bonne maman!

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Mère de 4 enfants, Christine a toujours su qu’elle réaliserait un jour son plus grand rêve, celui de devenir maman. Ayant travaillé plusieurs années auprès d’enfants autistes, elle croyait bien maîtriser toutes les facettes de la différence, mais lorsque son deuxième fils est né autiste, à sa grande surprise, elle réalisa qu’au fond, elle ne savait pas grand-chose sur le sujet! Son premier fils vit avec un trouble de l'information sensorielle ainsi qu'avec un trouble anxieux, son troisième fils, qu'à tant lui, vit avec une dyspraxie verbale. Le quotidien de cette famille différente est loin d'être ordinaire! Christine est aujourd'hui représentante pour des outils sensoriels et des jeux éducatifs chez Équipement de bureau Robert Légaré. Elle vous partagera ici, ses bons et moins bons moments, ainsi que ses coups de cœur en espérant sensibiliser, informer et toucher les lecteurs sur l'autisme et tout ce qui l'entoure.