2016 ou l’automne des dizaines

0
200

Mon automne 2016 est marqué par les dizaines. Deux chiffres : 40 et 10.

J’ai fêté mes quarante ans cet automne. Un passage qui se fait sans heurt, un moment privilégié pour faire le point sur mes dix dernières années : dix ans de maternité. La quarantaine marque donc une décennie de parentalité. Comment est-ce que cela m’a changée? Le moment idéal pour réfléchir sur ma vie et sur mes objectifs pour les prochaines années.

En pensant à celle que j’étais à trente ans vs celle que je suis devenue, une chose me frappe : la prise de maturité, oui (c’est normal), mais surtout le développement d’une bien meilleure empathie et du respect de la différence. Je sais maintenant que je ne détiens pas la vérité absolue et que nous ne connaissons jamais la personne en face de nous tant qu’on ne sait pas un peu de son histoire. À trente ans, j’étais sûre de moi. Trop. Et en même temps, je manquais d’assurance dans certains domaines. Le beau paradoxe, je sais, qui pouvait se cacher derrière une certaine arrogance des fois. Maintenant, à quarante ans, j’ai parfois l’impression d’avoir vécu vingt ans en accéléré, à l’intérieur de dix ans. Tout cela parce que oui, tout aussi cliché que cela puisse paraître, la maternité m’a transformée. J’ai compris qu’on ne détenait jamais toute la vérité et tout le savoir. Encore plus avec deux enfants à besoins particuliers. Deux portraits différents, soit, mais deux enfants qui m’ont obligée à me remettre en question plus d’une fois. Et pour cela, je les en remercie. Parce que même si je partage les mêmes valeurs de base que la Brigitte d’il y a dix ans, je préfère la Brigitte actuelle. Celle qui est capable de prendre du recul et d’admettre ses torts. Mais aussi celle qui n’a plus peur de foncer quand elle fait face à une situation qui demande de se battre, de se positionner et de prendre parole. Publiquement, s’il le faut. Et ça, la Brigitte d’il y a dix ans n’aurait su le faire adroitement, malgré des apparences de confiance en soi.

Je constate aussi qu’on a beau se faire des plans de vie, nous sommes loin d’avoir le plein contrôle. Plus que jamais, j’ai compris que des fois, la vie peut nous envoyer des coups bas. Et très bas, même. Qu’on sait se relever, oui, mais que des fois c’est plus difficile et que c’est ok de se l’avouer et de vivre ces moments sans en avoir honte. Et en sachant bien s’entourer pour passer au travers. J’ai appris qu’on ne peut tout prévoir, qu’on peut se doter des meilleurs outils pour aller là où on veut, mais que le chemin peut prendre des croches bien malgré nous. Faut savoir suivre l’imprévu sans avoir peur de ce qui se trouve au bout. Malgré les embûches et les doutes. Car des fois, ça peut nous mener là où on n’aurait jamais cru possible de se rendre. On m’aurait posé la question, il y a dix ans, à savoir où je me voyais professionnellement dans le futur que je n’aurais jamais pensé que je finirais par cofonder un organisme à but non lucratif. Et de devenir l’ardente défenseure des élèves à besoins particuliers. La précarité temporaire, je m’en passerais, je vous l’avoue. Parce que non, personne ne rêve de vivre dans la précarité financière causée par le fait qu’une réalité parentale ne soit pas compatible avec les standards actuels du marché du travail. Surtout pas quand on a complété des études justement dans le but d’avoir un bel avenir professionnel. Mais actuellement, je vois où je m’en vais avec tout cela et je me sens sur mon X avec la belle tournure que prend l’aventure de la Coalition de parents d’enfants à besoins particuliers du Québec. J’ai trouvé une autre façon de mettre à profit mes compétences professionnelles, tout en les joignant au besoin de défendre la scolarisation et l’avenir de mes enfants et de milliers d’autres au passage. Et j’ai confiance que le salaire pour le faire finira par arriver.

Mais voilà, avec la réflexion vient aussi le moment où l’on se doit de prioriser. Surtout quand on se rend compte qu’on en a un peu trop à gérer entre une réalité familiale remplie de défis et les activités professionnelles. C’est donc dans ce cadre que j’ai dû me décider à ne plus écrire régulièrement pour ce blogue, si ce n’est pour la portion éducation et actualités en lien avec les activités de la Coalition. Parce que le temps me manque et que je déteste avoir l’impression de ne pas tenir parole. Et surtout parce que d’autres blogueuses savent rendre avec merveille notre quotidien de parents d’enfants différents. Mais aussi, je dois dire que de voir mes enfants vieillir fait aussi partie de cette décision. L’autre jour, je disais à la blague à mon aîné que j’allais le filmer pour qu’il se voit, alors qu’il faisait des niaiseries. « Est-ce que tu vas le mettre sur les réseaux sociaux? » fut sa question. Non, je ne mettrais rien qui soit irrespectueux de mes enfants sur les réseaux sociaux, cela est évident. Et je ne l’avais pas filmé de toute façon. Mais qu’il me pose la question m’a tout de même permis de me positionner face à mes activités de blogueuse que je réserverai désormais en lien avec mes activités professionnelles. Mais comme celles-ci sont quand même en lien avec la différence, vous me lirez donc encore sur ses pages. Les textes ne concerneront tout simplement plus directement ma vie privée. Sauf peut-être quelques fois si l’inspiration se présente.

Un automne riche en réflexion, donc. Mais j’ai l’impression de m’en aller à la bonne place, une sensation que je n’avais pas vécue aussi clairement dans les trois-quatre dernières années. Et ça fait du bien. Et ça, je le souhaite à tout le monde!

Merci de m’avoir accueillie dans ses pages et… à la prochaine mais autrement!

PARTAGER
Article précédentJe suis fière de toi
Article suivantDifférent, oui, mais!
Maman de deux petits trésors de sept et neuf ans, deux garçons merveilleux qui ont chamboulé sa vision de la vie (pour le mieux). D'une conception idéalisée de la maternité, elle est passée à la maman conscientisée qui souhaite faire une différence dans la compréhension des troubles invisibles. Deux maternités qui l'ont en effet projetée dans l'univers parallèle de l'autisme (de haut niveau). Et du trouble d'opposition. Et du trouble anxieux. Et du trouble de modulation sensorielle. Et du... bref, vous voyez le portrait! Depuis quelques années, elle s'implique activement sur les forums de parents d'enfants autistes afin de partager son expérience de maman d'une famille hors-norme, bénéficier de l'expérience des autres et participer au mouvement qui tente de changer la perception de l'autisme et autres diagnostics. Elle a vite constaté que les mots peuvent faire une différence et c'est pourquoi elle a accepté sans aucune hésitation l'invitation à participer à ce blogue. Elle partagera ici sans pudeur des tranches de son quotidien, inspirée par ses deux petits joyeux lurons.