Différent, oui, mais!

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Crédit photo : Pixabay

Mes enfants sont différents, l’un plus que l’autre. Pourquoi? Parce qu’ils ne sont pas « neurotypiques ». « Mais ça veut dire quoi, neurotypique? », demandent ceux qui ne sont pas confrontés au même vécu que plusieurs d’entre nous dont les enfants ont des différences.

Neurotypique, abrégé NT, est un terme créé par la communauté autistique pour qualifier les gens qui ne sont pas atteints par des troubles du spectre autistique. Cependant, le terme est devenu au fil du temps un mot désignant toute personne sans différence neurologique.

Neurotypique — Wikipédia

Donc au niveau neurologique, mes enfants sont « atypiques », ou différents. L’Ado est TDA sévère avec de l’anxiété, depuis qu’il est tout petit pour diverses  raisons que nous connaissons et comprenons. Disons seulement que la mort fait malheureusement partie de sa vie depuis sa naissance… Fiston, lui, a un diagnostic plus complexe de SGT avec TDAH impulsivité de type mixte, TOP, TAC/hyperlaxité, TMS… oui, les acronymes font partie de nos vies! Et malgré tout, tout ceci est long à écrire!

Donc la chimie qui transporte les messages du cerveau de mes enfants est défaillante, différente. Tous comme à de nombreux autres enfants, on leur accole donc le titre « d’enfants différents » qui, désolée, m’horripile. Oui, mes enfants, tout comme beaucoup d’autres, fonctionnent différemment dans leurs apprentissages. Oui, Fiston gère ses émotions et frustrations différemment, il a des tics, des TOCs, des difficultés, des particularités. Mais il n’en demeure que ce sont DES ENFANTS

Un enfant qui a un trouble de langage, une dysphasie, dyspraxie, un TSA, un TAG, une paralysie cérébrale, une déficience intellectuelle, une trisomie demeure néanmoins et avant tout un enfant!

C’est peut-être ma formation d’éducation à la petite enfance et mes 20 ans dans le milieu à côtoyer des enfants de tous âges, et avec chacun leur particularité, mais pour moi à la base, tous les enfants sont différents. Chacun a ses particularités propres, qu’ils aient ou non un diagnostic. Chacun a sa façon propre d’apprendre, de jouer, d’interagir avec les autres.

Voilà peut-être pourquoi le système scolaire et moi avons des troubles d’entente. Comment demander à tous les enfants d’apprendre selon un système établi et contraignant quand chacun a ses forces et faiblesses? Comment demander aux enfants et aux parents d’avoir confiance quand on met constamment l’emphase sur les difficultés de l’enfant?

Déjà en CPE, on demande à nos enfants de suivre un moule. Si l’enfant n’est pas capable d’effectuer telle ou telle activité à un certain âge, on dit aux parents qu’il a un possible retard dans ses acquis. Pourquoi demander à nos enfants de passer dans un moule? Ce ne sont pas des robots! Pourquoi ne pas miser justement sur la différence de chacun, sur ses forces pour aller assurer la fondation d’une confiance qui fera en sorte qu’il pourra attaquer ses faiblesses avec plus d’assurance et de volonté? Pourquoi ne pas miser sur la capacité de réflexion, l’individualité plutôt que sur la norme ou la performance?…

Voilà la réflexion qui m’habite ces derniers temps. Je suis triste de voir autant de parents et d’enfants se heurter au mur du « normal », avec une étiquette collée au dossier qui souvent apporte un préjugé défavorable envers l’enfant, mais aussi le parent… Car si ton enfant est différent, toi, le parent, tu as certainement fait quelque chose qu’il ne fallait pas, non? N’est-ce pas là la première réflexion de la plupart des gens? En tant que parent, lorsqu’on reçoit le diagnostic, n’est-ce pas la première réflexion que nous avons pour nous-mêmes? Et bien souvent, ce sont surtout les mères qui se questionnent puisque ce sont elles qui l’ont porté, l’ont allaité ou lui ont donné le biberon, ont passé la plus grande partie des journées et des nuits avec cet enfant maintenant affublé d’une étiquette de différence. Elles se sentent donc responsables. Mais responsable de quoi? D’avoir mis au monde un être humain unique? Un être humain qui, dans sa différence, apportera sa contribution à une famille. Que ce soit en apportant une sensibilisation, en apportant un regard neuf, en apportant amour et affection…

Mon enfant a un diagnostic. Mais ce diagnostic ne le définit pas et je suis heureuse de savoir que ce message que je travaille si fort à lui transmettre, il est  capable aujourd’hui de le transmettre à son tour. Mon enfant est farceur, moqueur, affectueux, sensible, charmeur, intelligent, curieux, beau comme un cœur, câlineux, éveillé… Mon enfant est avant tout simplement cela. Un enfant.

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Éducatrice à la petite enfance depuis une vingtaine d’année, adepte de l’entrainement en force pour ne pas perdre complètement la tête, Nancy Ringuet, très possiblement TDAH, est maman de deux garçons à diagnostics : un grand TDA sévère et un plus jeune SGT, TDAH impulsivité mixte et TOP. C’est un long combat qui aura mené aux diagnostics du plus jeune, et un long combat qui s’engage pour faire reconnaître ses besoins. Passionnée de recherches et assoiffée d’en apprendre plus, elle fouille le net sous toutes ses coutures. Elle partagera ici des textes et réflexions sur ce vécu différent de mère chef de famille, avec un conjoint dont le travail l’amène à être absent.