Des fois, j’aurais le goût de mettre mes fils dans un petit cocon et de les garder là, bien à l’abri, jusqu’à ce qu’ils soient des adultes… Je sais, je suis une maman poule, une maman intense, une maman couveuse, croyez-moi je les ai tous entendus. Je me soigne, vous savez! Avec le temps, avec mes amis autour de moi qui me rappellent à l’ordre et qui par leur réflexion me font avancer.
Une situation s’est passée cette semaine qui a réveillé la maman lionne en moi, la maman poule. Mon grand garçon, qui a un trouble dans le spectre de l’autisme, commence tranquillement à prendre l’assurance d’un garçon de presque 11 ans. Il prend de l’autonomie, j’essaie de lui laisser des petits défis et de l’encourager malgré son anxiété. Cet été, il a voulu faire un cours de tennis, il me l’a spécifiquement demandé, c’est qu’il y tenait mordicus! Le cours est deux fois par semaine et n’est pas très loin de la maison. Je ne peux malheureusement l’accompagner, car j’ai un service de garde en milieu familial à la maison et le cours a lieu durant la sieste. Donc, pour les premiers cours, son gentil grand-papa l’a accompagné afin qu’il prenne ses repères, se fasse une petite routine et soit à l’aise. Ensuite, il a marché tout seul, comme un grand, jusqu’au cours. Il était fier de lui! À noter que mon fils marche pour aller à l’école tous les jours, mais qu’il est accompagné de ses amis.
Cette semaine, mon fils est revenu de son cours avec le cœur qui débattait, les larmes dans les yeux et en panique. Un groupe de jeunes adolescents l’avait insulté sur le chemin du retour et lui avait crié des bêtises. Je suis resté calme pour mon fils, en lui expliquant que parfois, ils ne savaient pas quoi faire et se divertissaient de manière inadéquate, mais à l’intérieur je bouillais de colère. Je ne pouvais malheureusement pas aller les apostropher, mais ma gentille voisine a accepté d’aller leur parler. Elle a eu la gentillesse d’aller intervenir afin que mon fils se sente en sécurité la prochaine fois qu’il ira à son cours. Car il avait eu peur, le pauvre. Cet épisode m’a fait beaucoup de peine. Ils l’ont traité de stupide et ça m’a profondément blessée.
Je suis consciente qu’à son entrée au secondaire, il risque de vivre d’autres moments comme cela et qu’il devra arriver à se faire une carapace et s’affirmer. J’étais en secondaire 1, je m’en souviens comme si c’était hier… Dans les corridors, on me suivait en me criant des choses terribles. À ma case, j’avais des mots de méchanceté collés et dans la classe, on se passait des mots, on chuchotait des choses et riait de moi. Ce fut une période horrible. Difficile d’oublier, difficile pour l’estime, même adulte, je dois encore travailler sur moi-même. Un jour, j’ai craqué et une enseignante m’a retrouvée en pleurs, épuisée de me battre contre mon quotidien. Ce jour-là, elle est entrée dans la classe et elle a parlé aux élèves. Je ne sais pas ce qu’elle leur a dit, mais plus jamais on ne m’a harcelée.
Quand mon fils est entré, les yeux pleins d’eau et le cœur battant, je me suis revue et j’ai eu peur pour lui. J’ai eu le goût de le remettre dans un cocon…