Y’a des glitter au plafond

0
239

Depuis une semaine, j’ai un nouveau poste d’observation. Je suis en maladie suite à une opération et ça fait sept jours que je peux scruter ma famille se débrouiller sans moi, sous mes yeux, du milieu de mon sectionnel.

À première vue, je dois dire qu’ils s’en sortent bien. Personne n’est encore disparu, estropié ou pire mort. Chacun marche sur ses deux pieds, porte encore fièrement ses dents et semble dans un état acceptable de propreté. J’éprouve quand même une petite fierté… C’est que, question autonomie, on est parti de loin dans cette famille!

La semaine a commencé avec un beau plafond blanc bien lisse. Maman avait tout prévu, en collabo avec El Padre. Le sac d’hôpital était prêt, la liste de repas pour les prochains jours était bien affichée, le frigo bien rempli et chaque cerveau avait été entraîné en vue des prochaines tâches à effectuer sans supervision.

Les deux premiers jours, tout s’est bien passé. Et de toutes façons, j’étais tellement dans les vapes que l’ado aurait put passer la nuit sur Tik Tok la veille d’un examen que mon taux de réactivité serait demeuré nul.

La troisième journée, j’ai eu la bonne idée de ne pas prendre mon psychostimulant. Je voulais pouvoir dormir et me reposer!

Mon hyperactivité dans le tapis, incapable de rester assise plus de sept minutes consécutives, même la petite sauterelle se roulant sur la table de cuisine pour apprendre ses mots de vocabulaire me semblait amorphe.

Mais tout le monde s’en sortait… On gérait!

Moi : mes médocs (le dilodid et le TDA/H, ça vous oblige à gérer vos heures de médications par écrit, je vous en passe un papier).

L’ado : ses Facetime et sa serviette de bain.

La mini : son sac d’école.

Et El Padre : le Lazy Boy… Acheté spécialement pour ma convalescence.

Le quatrième jour, encore folle d’espoir, j’ai omis la médication une seconde fois… Le manque de sommeil combiné aux effets des narcotiques a fait monter mon inattention à des sommets encore inexplorés. Incapable de suivre une conversation, je crois bien avoir perdu trois jours de mon existence… Mais du fond de mon sofa, la maisonnée semblait encore bien s’en sortir. Mais j’en avais assez de la brume!

Forte de mon expérience, j’ai finalement pris conscience que ma médication m’était nécessaire et que je devais la prendre, au risque de perdre une heure de sieste. J’ai pu converser pendant plus de huit minutes d’affilée, réécouter les émissions de la série que j’avais vue défiler devant mes yeux au fond de mon coma, me rendre compte que les leçons de la petite avaient été oubliées pendant plusieurs jours, que sauterelle n’avait plus un bas de propre et maman de soutien-gorge et que je n’avais pas manqué Noël.

Je me suis donc réveillée autour d’un vendredi après-midi, mini humaine avait reçu une boîte de licornes à décorer. Je la regardais faire, pleine de tendresse, de mon poste d’observation, pendant qu’El Padre faisait une petite sieste de fin d’après-midi et que l’ado gloussait dans sa chambre.

Quand même… Je nous trouvais bon… Une semaine à survivre sans le cerveau de maman. C’est pas rien!

Jusqu’à ce que je vois ça… Une motte dorée… De trois centimètres de diamètre… Au-dessus de la table de cuisine…

Une motte de glitter au plafond de la cuisine! Cinq pieds au-dessus de la tête de la sauterelle qui bricolait! Comment des glitter s’étaient-ils retrouvés là ? Et s’il y avait des glitter au plafond de ma cuisine… Qu’est-ce que le reste de la maison me réservait?

J’ai hésité à retourner vers les narcotiques et la brume cervicale…

J’ai choisi le lâcher-prise… Mes prochaines découvertes (si découvertes il y a), je les accueillerai comme des présents de Noël : avec joie et gratitude… Parce que, mine de rien, on est en vie, hein? Et bien portant!

Y’a sûrement juste chez nous, qu’il y a des mottes de glitter dorés au plafond de la cuisine. Mais après tout, y’a aussi juste chez nous que y’a trois petites faces qui prennent aussi bien soin d’une maman mal amochée…

PARTAGER
Article précédentMon journal du soir
Article suivantMon bébé différent
TDA/H, maman, éducatrice à l'enfance et étudiante en soutien pédagogique à la petite enfance, je suis passionnée des petits humains et de la différence. Artiste à mes heures, membre du conseil exécutif de mon syndicat et bénévole pour Tourette Soutien de ma région, je jongle entre le SGT-TDAH-trouble anxieux-hypothèse HPI de ma grande de 11 ans, le TDA/H de ma 7 ans, leur tempérament respectif, mon travail d'éducatrice à l'enfance qui accueille aussi des enfants à besoins particuliers et la complexité de notre famille hors normes que j'adore! Je suis une passionnée qui a réussi à mettre son H au service de sa passion. Ancienne enfant qui s'est longtemps sentie différente, j'espère aujourd'hui transmettre une certitude à mes petites humaines : être unique en son genre et ne cadrer nulle part ne peut que nous faire ressortir! Je souhaite profondément qu'un jour elles voient leur différence comme une chance et non comme une adversité à dompter.