Je me souviendrai toujours la première fois que j’ai entendu ton cœur battre, mon amour. Étendue chez le médecin, si vulnérable avec mon ventre à découvert. La tête pleine de doutes, mais le cœur bien fébrile. Je me souviens qu’on l’a trouvé assez facilement. Ton petit cœur qui me prouvait que tu faisais ton chemin dans ce monde. Moi, la tête remplie de promesses de toujours être là pour toi. Si tu voulais bien t’accrocher à la vie, je te promettais mer et monde.
Cette fois-là, je l’avais même enregistré sur mon cellulaire pour les journées où les doutes de ne pas te mériter pleinement viendraient me hanter. Il battait si vite ce petit cœur. Prêt à affronter la vie. Lorsque je l’ai entendu, je ne pouvais croire que ce petit cœur en vivrait des émotions. Que ta tête gérerait le tout avec parfois, souvent, un déséquilibre qui te pousserait vers des états émotionnels contradictoires. Que la vie pousserait ce petit cœur à vivre beaucoup trop tôt trop d’émotions chamboulées.
Que parfois, souvent, tu vivrais en désaccord avec ce cœur qui voudrait vivre des émotions. Que ta tête finirait par gérer, mais pas si bien que ça. Je ne me doutais pas que ce serait parfois dur pour toi de sentir ce cœur battre, quand moi, c’est tout ce que je voulais. Je ne savais pas à ce moment-là, que ta tête finirait dans un tourbillon que ton cœur aurait de la difficulté à suivre.
Mais je savais une chose mon amour, c’est que peu importe tes difficultés, j’allais être là. Je crois, bien malgré tout, y être arrivée jusqu’à présent.
Quand j’écoute parfois ton cœur de grand maintenant, il bat tellement moins vite que lorsque tu étais dans mon ventre. Mais ta tête elle, semble être mal connectée à ce nouveau cœur, loin de la sécurité qu’apportait mon corps à ce moment de ta vie. Elle semble tourbillonner si vite que j’ai l’impression que ton cœur et ta tête ont changé de place lorsque tu es né. Ton battement de cœur a ralenti, mais ta tête elle, semble souvent prise dans une furie que je m’efforce de comprendre.
C’est que ta tête veut rester enfant, elle veut continuer de vivre ce moment où tu habitais à l’intérieur de moi. Quand l’anxiété te prend, elle semble vouloir retourner où elle sentait qu’elle n’avait pas besoin de se gérer. Bien à l’abri de tout.
Mais sache, mon cœur, que même si elle n’en fait qu’à sa tête, je suis là. Je serai toujours là. Alors mon amour, tiens ma main qui est sur ta poitrine et essaie de compter les battements de ton cœur. Tu verras, ta tête finira par être comme un métronome et suivra ses battements. Ce sera peut-être difficile au début, mais je suis là. Je suis prête à te faire sentir ton cœur.
Écoute-le et j’essayerai de te faire vivre la même fierté que j’ai eue la toute première fois que je l’ai entendu.