Parfois, on me demande où je trouve l’énergie pour parler de toi, des défis que tu as déjà vécus. Le pourquoi je m’entête à ce que les gens sachent ce qui c’est passé. Certaines personnes trouvent que j’en parle un peu trop et je le sais. Mais ce que tes défis m’ont appris avec le temps, c’est que j’en ai rien à balancer de ce que les gens penseront. Car moi, je veux que les gens comprennent ou du moins essaient de comprendre.
Alors j’explique, car il y a une fois où je ne l’ai pas fait et à cette époque, je ne savais pas à quel point ça pourrait me hanter des années plus tard. C’était à un rendez-vous, on attendait de voir la pédiatre, bien avant les diagnostics et les médicaments. Bien avant que je connaisse l’autisme. Quand ça n’allait pas et que je consultais pour commencer cette aventure. Tu étais agressif avec les amis, c’était difficile à cette époque, où ta jeunesse, tu n’en profitais pas. Où ta vie était remplie que de crises et de peine. Avant que je comprenne ce qui ne fonctionnait pas avec toi.
Il y a eu cette infirmière avant la pédiatre, je ne crois pas que c’était mal voulu, mais elle t’a fait la leçon. Que les amis, on devait être gentil avec eux, que tu devais faire des efforts. Avec son doigt à deux pouces de ton visage, elle continuait de t’expliquer les choses de la vie, comme elle le disait si bien. Du haut de tes 4 ans à peine, tu la regardais avec mépris, elle touchait à la corde sensible en toi, celle qu’on ne comprenait pas à ce moment-là. Que tu ne comprenais tout simplement pas. Elle était là et te parlait doucement, mais avec ce ton de petit enfant mal élevé, tout simplement. Ce matin-là, j’étais épuisée. Ce n’était pas la première à faire cette allusion, j’y étais habituée. Et ce matin-là, j’y ai cru. Je ne t’ai pas défendu, je la laissais faire son speech, malgré le fait que je voyais qu’elle t’atteignait. Le médecin n’a jamais pu t’approcher après ça. Cette journée-là, c’en était trop pour toi. Est-ce pour ça qu’on a eu un URGENT écrit sur ta requête ou le fait que le médecin a vu le désespoir dans mon regard? Je ne sais pas. Mais ce que je sais, c’est qu’avec du recul, j’aurais dû te défendre ce jour-là, j’aurais dû te prendre dans mes bras et lui parler entre nos quatre yeux d’adulte. J’aurais dû, mais je ne l’ai pas fait.
C’était trop pour moi à cette époque. Je ne voyais pas tes défis, je ne comprenais pas tes limites. En fait, moi aussi j’aurais aimé que tu comprennes. J’aurais aimé que ça te rentre dans une oreille sans te sortir par l’autre.
Alors plus jamais je ne vais avoir cette boule de honte en moi que les gens te jugent mon amour. Je vais expliquer, défendre ton point. Si ça dérange et bien tant pis. Et si je changeais une seule mentalité sur ta réalité et bien j’aurais réussi.
Mais crois moi que plus jamais, je ne vais te laisser revivre ça. Je vais essayer, du moins selon mes connaissances de la vie et mes connaissances sur toi. Je vais te défendre et défendre ton point pour ne plus jamais revoir ces yeux de ce matin-là. Je t’aime mon amour, je t’accepte et je t’aime.
J’espère qu’un jour tu me pardonneras d’avoir cru moi aussi, pendant longtemps, que le problème venait de toi. De ton non-vouloir. De te croire boqué. J’espère que tu me pardonneras d’avoir pris du temps à comprendre que ton problème venait d’autre chose. Que ce n’était pas de ta faute.
J’espère qu’un jour tu me pardonneras.