Le maudit Ça va bien aller, désolée, mais j’suis juste pu capable. Pis les arcs-en-ciel? Ils me sortent par les narines.
Ben oui, au début, j’ai trouvé ça cute. Un message d’espoir accompagné d’une dose de cœur d’enfants. Ça fait toujours sourire. Comme les premières fois où on entend notre enfant dire « maman ».
Sauf que là, on est plus dans la période où, au lieu du « maman » dit d’une p’tite voix toute cute, c’est un gamin exigeant qui étire la dernière syllabe durant 30 secondes et nous le répète aux cinq minutes. Pendant trois heures. Quatre fois par jour. Tous les jours.
J’suis juste pu capable.
Parce qu’au travers des sempiternelles Ça va bien aller, je lis la détresse de parents qui sont isolés. Qui n’ont plus de système de soutien disponible autour d’eux. Qui ne peuvent plus s’éloigner pour prendre une bouffée d’air dans le calme et refaire le plein pour affronter la tourmente qui vit dans leur foyer. Un foyer où ils vivent le déchirement d’aimer un petit humain qui les tue à petit feu, bien malgré lui. Un foyer qui vit au rythme des tempêtes neurologiques qui passent sans avertir pour briser les châteaux difficilement construits sur un sol instable. Parce qu’au Ça va bien aller, j’ai envie de substituer un « c’est difficile, je sais ». Ou un « On va passer au travers en se serrant les coudes, en s’épaulant virtuellement ». Ou pourquoi pas « T’as le droit de te cacher pour pleurer ».
Ça fait des jours que ce texte me tourne en tête, mais c’est ce matin que l’avalanche de mots s’est produite. Parce que le désespoir, la tristesse, la douleur ont transpercé mon écran. Une maman déchirée entre l’amour et l’épuisement. Des mots qui ont résonné si forts en moi parce que j’aurais pu les écrire. Parce que ce déchirement, je le connais trop bien. Il m’a détruite. Il m’a accolé la double étiquette de dépression majeure, d’épuisement parental. Parce que ce matin, j’aurais voulu pouvoir prendre un être humain dans mes bras et lui prêter mon épaule pour s’appuyer. J’aurais voulu lui dire de vive-voix « T’es pas toute seule, c’est difficile, je comprends ».
Faque, non, ça n’ira peut-être pas. Mais oui, je te comprends.