Depuis que je suis maman blogueuse, je me sens atteinte du syndrome de l’imposteur lorsque j’écris sur ma vie et mes convictions…
Je défends la bienveillance, le respect de l’autre, combattre l’ignorance et ne pas juger les autres mamans…
Je parle de ces regards désapprobateurs qui nous fusillent en cas de crise, de ces jugements à l’emporte-pièce sur notre éducation par ces mamans si parfaites aux enfants si sages ou par ces passants sans enfants qui pensent « si c’était le mien »…
Mais en réalité, avant la naissance de mon fils, avant de rencontrer ce monde de la différence et la maternité comme un tsunami dans mon être, j’ai fait partie de ces gens-là, comme Saint-Paul a massacré les chrétiens avant sa conversion, avant de voir la lumière qui l’aveuglait et de comprendre le sens de ce qu’il ne pouvait voir.
Je n’étais pas bienveillante lorsque j’entendais les mamans se plaindre de leur fatigue : il ne fallait pas avoir d’enfant si c’est pour te plaindre.
Je n’étais pas gentille avec ma tante qui trainait mon cousin TDAH en crise dans le magasin : il ne fait ça qu’avec elle, elle ne sait pas y faire.
Je n’étais pas consciente du chagrin et des combats pour ces mères-courage : je le mettrais en institution avec des gens compétents plutôt que de me sacrifier.
Je ne savais rien de l’autisme, monde du débile qui se balance sans sortir de sa bulle, ni de l’hyperactivité, résultat d’un monde trop artificiel pour la nature sauvage des enfants qui ont besoin de discipline et d’espace sans télé ni colorant.
Je ne savais rien du handicap qui me semblait un monde à part, où les gens n’étaient juste pas comme moi et cela me paraissait absurde d’un jour en faire partie…
Devenir maman différente m’a fait voir toutes ces choses autrement, m’a permis de me battre pour moi et pour que les autres comprennent. Mais je me sens toujours une fraude, honteuse de blâmer ceux qui ne comprennent pas et qui jugent car en soi, j’ai fait partie de ces gens-là et j’ai sans doute blessé bien des gens sans le vouloir…
Comme cette maman à mon travail qui aidait sa fille multidys à faire ses devoirs pendant trois heures tous les soirs et à qui j’ai dit en tant que professeur : « Ce n’est pas juste de l’aider à ce point, elle doit se débrouiller, vous la couvez trop. »
La honte était sur le mauvais visage, le sien, alors que c’est sur le mien qu’elle se lit quand j’y pense… Tant d’ignorance…
Mon fils m’a appris à devenir une bien meilleure version de moi-même, mais je n’oublie pas ce que j’étais… Cela me permet de plus facilement pardonner l’ignorance des autres…