Neuf heures. Neuf heures que celle-ci aura duré. Pourtant, c’est loin d’être ta première fugue, mon cœur de maman devrait y être habitué. Mais non, mon cœur ne s’y habituera jamais et cette fois, j’étais certaine qu’il était sur le point de me lâcher.
Vers 17h30, à mon retour de travail, on m’a téléphoné pour m’aviser que tu étais parti aux alentours de 13h de l’après-midi. Qu’à ton retour de ta marche supervisée, tu n’as pas voulu rentrer et que tu t’es sauvé. J’ai préparé le souper et me suis occupée de tes sœurs, sans trop y penser. Habituellement, tu retournes au centre par toi-même ou encore, tu te réfugies quelque part pour demander de l’aide. Mais après 20h, avec le couvre-feu et les commerces fermés, j’étais vraiment inquiète et ne voyais pas où tu pouvais te cacher.
À 21h, tu n’étais toujours pas rentré. J’ai fait le chemin jusque là-bas pour te rechercher. Je n’en pouvais plus d’attendre sans bouger. Je me suis arrêtée au centre, toujours pas de nouvelles. L’intervenante allait s’informer auprès des policiers. Une autre heure est passée avant que je reçoive l’appel. On venait enfin de te retrouver, sain et sauf. Une fois de plus, tu t’en es bien tiré. Une fois de plus, le pire a été évité. Une fois de plus.
Ton père et moi avons pris la décision de te placer en centre pour ta sécurité. Car tu n’as pas conscience du danger. Mais même là-bas, tu trouves le moyen de t’échapper. Pourtant, ce n’est pas par manque de vigilance de la part des intervenants. Non, ce ne sont pas eux qui sont à blâmer. C’est le système qu’il faut dénoncer. Des conditions minimales, une surcharge de travail dans cette organisation gouvernementale. Un grand roulement de personnel dû à de trop nombreux congés. Des intervenants déjà épuisés avant même le début de cette pandémie qui ne fait que perdurer. Des ressources inadéquates pour ces enfants et adolescents oubliés, délaissés par une société désabusée…
Quand les jeunes seront-ils enfin au cœur des priorités?