La clef dans la serrure

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Ben oui, je suis TDAH depuis que je suis petite. J’ai toujours dû travailler très fort pour empêcher toutes les niaiseries super importantes de sortir de ma bouche. J’ai aussi dû apprendre à ne pas nécessairement raconter ma vie à n’importe qui (dit la fille qui publie sur un blogue). J’ai dû apprendre à apprivoiser mon filtre. J’ai développé mon tact. Méchant travail, je vous jure. J’ai mis le paquet dans mon métier. Je suis devenue une pro de l’approche nouille sympathique (j’espère que ce n’est pas une appellation homologuée). Bref, je suis devenue pratiquement un as de l’art de tourner sa langue dans sa bouche avant de parler. Note à vous : même les as ont des lacunes parfois.

Je me rends compte que présentement, ça me sert en titi face à la maladie de Petit Mari. Je me rends compte que ça me sert surtout face à tout ce que j’entends, tout ce que je reçois comme message. Ce serait vraiment plus simple s’il avait une jambe cassée, un bouton sur le nez ou encore un orteil dans le front. Pour le moment, il travaille fort de son bord à se construire des lunettes roses. De mon bord, je tiens le fort en essayant de confiner les commenteux de l’autre bord des douves. Méchant travail à temps plein. Personnellement, si tu n’es pas une sommité reconnue sur la dépression, les troubles de la personnalité ou encore en orteil dans le front, je peux t’écouter… Mais la nouille sympathique va te sourire et prendre ce que tu lui dis pour ce que c’est…

Je n’ai pas besoin de me faire dire du mal de mon Petit Mari. Je n’ai pas besoin de me faire raconter comment tu t’es sentie face à ses comportements. Je n’ai pas besoin de te gérer TOI. Je n’ai pas non plus à t’expliquer pourquoi je reste proche de l’homme que j’ai choisi pour la vie quand il va pas bien. By the way, il reste ben avec moi, même si 48 heures par mois, je suis possédée. Je n’ai pas besoin qu’on compare nos vies. Tu peux me dire que tu es inquiet pour moi, que je dois penser à moi, que je dois prendre soin de moi. Tu peux même m’aider. Tu peux me parler de ta vie que je vais écouter sans juger ou comparer. Honnêtement, j’ai le nez dans la mienne pis c’est pas toujours facile faque si on est ensemble, ben on bashe pas sur ce qui va mal chez nous.

Je vais te faire une confidence AT LARGE sur les Internet. Quand ton Petit Mari, l’amour de ta vie, ta moitié se plante les pieds dans le tapis de la vie et se ramasse le moral à terre au point de devoir réapprendre à sourire, tu te sens comme de la marde. Tu sens que t’as merdé quelque part dans ta job de le rendre heureux. Tu te demandes comment ça se fait que tu n’aies pas suffi à ce qu’il soit assez heureux pour éviter ça. Faque, non c’est pas des vacances tous frais payés… C’est beaucoup de remise en question et de bilan de vie. C’est beaucoup de peur aussi. Et si au bout de son processus, il se rendait compte que c’est MOI son problème. Boboy, la confidence de feu… Ben oui, toi. Faque si je me sors le nez de mon inquiétude perpétuelle pour respirer, j’ai besoin que tu me fasses pas sentir comme un humain de marde (je donne à temps plein) ou que tu parles contre ma vie et ceux qui la constituent.

Sauf que si j’ouvre la serrure de la confidence avec toi, c’est que je te fais suffisamment confiance pour m’écouter et m’aider à me sentir bien. Parce que c’est rendu comme un mur et un automatisme pour moi de mettre mon filtre. Parce que c’est une clef que j’ai appris à utiliser avec finesse. Faque ENJOY… Je me confie. T’es précieux. Un ami, une famille. C’est là pour te dire le fond de sa pensée, mais c’est aussi censé te connaître suffisamment pour savoir que des fois, t’as juste besoin d’une tape dans le dos. Pis sérieux, des tapes dans le dos pis des encouragements, à cette période de ma vie là, j’ai le petit bocal pas pire vide.

Cet été, avec le temps d’arrêt de Petit Mari, notre vie est comme sur hold. On a pas encore campé pis on est en août. On a pas pris nos permis de pêche. On a fait deux fois des feux. On a pas réalisé la moitié de nos projets. L’été va finir et j’ai juste envie d’aller me cacher dans un chalet au fond de Matane pis d’aller prendre des longues marches sur le bord du Fleuve. J’ai besoin de prendre soin de moi pis peut-être de brailler un bon coup. MAIS… y’a les impératifs de la vie qui me ramènent. Y’a le budget. Y’a les Tempêtes. Pis y’a tous ces reproches de non disponibilité qui sont au-dessus de ma tête comme une épée de Damoclès. Ben oui, je me cache dans le fond de ma maison pour pas me faire faire des commentaires de bouette. C’est mon instinct de survie, je pense. Si vous saviez, combien dans mon cerveau, j’ai un petit hamster qui a la switch à bitch à ON, sans arrêt. Il y a ce que je pense et ce que je dis. Il y a ce que je dis et ce que je voudrais dire. Ben oui, je devrais peut-être des fois ventiler mon hamster, lui faire prendre une marche. Je le sais. AAAHHH c’est pour ça les amis. Ben trop vrai…

Ben cet été, ma job à temps plein de faire le petit soldat pour Petit Mari à terre m’a fait me rendre compte que je censure probablement trop mes réactions parfois. Si tu me connais en vrai, tu sais que je suis intense en titi. Si tu me connais en vrai de vrai, tu sais aussi que si t’as jamais assisté à un dégueuli verbal émotionnel, t’as aucune idée de ce que je peux être. Enlève les 48 heures par mois où j’haïs la planète, je veux dire. Dans mon dédoublement de personnalité, y’a la madame maturité émotionnelle sous contrôle, pis y’a madame émotion brute. Au travers de tout cela, il y a ce filtre. La petite clef dans la serrure sur ce que je dis, à qui, comment…

En vieillissant, on choisit nos amis. Il y a ceux qui ont croisé notre chemin et ceux qui resteront à jamais. Il y a notre famille élargie avec qui nous ne sommes plus dépendant et avec qui on peut choisir la relation qui nous convient. Il m’arrive cet été de me demander si à force de fermer la serrure sur ce que je voudrais dire, je n’ai pas faussé nos relations. À force d’encaisser, c’est comme si on avait simplement oublié que je pouvais moi aussi avoir besoin de vacances de mon filtre en toute confiance.

Bref, sur ma trame sonore de vie, peut-être que demain ça ira mieux, mais cet été, ma vie, c’est de la MMMMAAARRRDDDEEEE.

Hey gang, j’aime mon mari, j’aime ma vie, mais c’est un bout rough à passer.

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Maman TDAH de trois tempêtes; Tornade 11 ans (TDAH avec impulsivité et trouble anxieux), Ouragan 9 ans (TDAH) et Tsunami 6 ans (trop jeune pour un diagnostic), je suis la douce moitié de mon petit mari (TDAH). À cela s'ajoute une grande sœur au pays des nuages que nous appelons affectueusement Coccinelle. Éducatrice en pouponnière ainsi qu'anciennement auteure de livre jeunesse, je me considère comme une sage dans l'art de la patience infinie...