15 avril 2004. 38 semaines de grossesse. Aux alentours de 3h du matin. Une douleur au bas ventre me réveille. Plus intense que les « fausses » contractions des derniers jours. Je me lève péniblement du lit et me dirige vers la salle de bain pour y faire couler un bain chaud. Les contractions devraient disparaître si elles sont fausses. J’y reste assise 5 minutes, 10 minutes, 15 minutes. La douleur s’intensifie. Est-ce le vrai travail qui commence? Comment sait-on si ce sont de vraies contractions?
Les dernières semaines ont été plus difficiles. Après une courte visite à l’hôpital, j’ai dû passer un 24 heures à faire pipi dans une cruche afin de faire analyser mon urine. Pression artérielle élevée. Début de pré-éclampsie. On me fait passer une échographie. On remarque une anomalie chez bébé. Rien de majeur, mais on devra vérifier lorsqu’il sera né. On parle de me provoquer. On me fait un « stripping », au dernier suivi, un décollement des membranes. C’était il y a deux jours, mais je ne perds toujours pas mes eaux.
En sortant du bain, je remarque une sorte de boule molle dans la toilette. Je crois qu’il s’agit de mon bouchon muqueux. Les douleurs persistent, mais c’est encore tolérable. Je ne sais pas trop comment les calculer. Calmement, je vais réveiller le futur papa. Ma valise et celle de bébé sont prêtes depuis un moment déjà. D’un zen incroyable, qui me surprend moi-même étant plutôt du genre énervée, je téléphone au CLSC. Il est maintenant 6h du matin. J’explique ma situation. Comme j’ai vraisemblablement perdu mon bouchon, je dois me rendre sur place. On va vérifier ma tension et calculer mes contractions.
Dès mon arrivée, je suis alitée. On me branche sur un soluté. Mes douleurs se sont amplifiées. Mes contractions sont de plus en plus rapprochées. Comme il y a risque d’infection suite à la perte de mon bouchon, on me voyage à l’hôpital en ambulance. Je n’ai toujours pas rompu mes eaux.
Je perds le fil du temps. La fatigue se ressent. Pourtant, ce n’est que le commencement! Mon col se dilate lentement. On m’injecte du pitocin pour déclencher l’accouchement. Les contractions augmentent considérablement. À chacune d’entre elles, je serre les dents! On m’offre l’épidurale. Allez-y allégrement!
Je ne ressens plus mes contractions. Je suis dans un état second. On vérifie ma dilatation. Tout est sous contrôle. 18h00. Le médecin décide de crever mes eaux et part pour son heure de souper. En deux temps, trois mouvements, me voilà complètement dilatée! On voit la tête de bébé! « Surtout, madame, évitez de pousser! » Comme si je pouvais le contrôler! Le médecin n’a jamais eu le temps d’avaler sa dernière bouchée!
À 18h45, tu étais né! Mes premières paroles pour ton père ont été : « Il n’est pas encore 19h, tu vas pouvoir écouter ton match de hockey! » Il faut dire que c’était la série Canadiens-Boston! Mais une fois que je t’ai eu dans mes bras, le temps s’est arrêté. J’étais complètement subjuguée. Mon petit chéri tant désiré… Ce que j’ai pu t’espérer! De joie, je n’ai pu m’empêcher de pleurer…
Voilà qu’aujourd’hui tu fêtes ta douzième année. Qui aurait pu imaginer tout le chemin que tu as traversé? Que d’émotions tu m’as fait vivre durant cette apogée : de la joie, de la peine, de la colère, de la fierté, toute la gamme y est passée! Malgré les défis quotidiens que nous apporte ta différence, c’est ensemble que nous les avons surmontés. Et c’est ensemble que nous affronterons les obstacles à venir. Douze belles années que je partage à tes côtés. Avec tes deux soeurs, vous êtes ce que j’ai de plus précieux. La chair de ma chair. Ma vie.
Je t’aime ma grenouille! Bonne fête!
Maman xx