Ça fait des semaines que j’y pense : et si…? Et si je me retrouvais avec ce virus dans le système, moi, l’asthmatique. La maman dont tout le monde dépend à la maison… Et si c’était un de mes garçons? S’il fallait que mon chum l’attrape? Lui, le camionneur qui sillonne les routes d’Amérique du Nord… S’il fallait qu’un de nous soit hospitalisé. Intubé…
Et s’il fallait que ça arrive à quelqu’un que je connaisse, un.e ami.e, leur enfant, leur parent… S’il fallait que ça arrive à Casey, le garçon de tout juste 3 ans de mon amie Outre-Atlantique, habitant Cumbria en Angleterre. Son beau Cass atteint de paralysie cérébrale sévère, aux fonctions cérébrales diminuées… Gavé, épileptique, au système immunitaire inexistant… Adoré de son grand frère Nathaniel et déjà aussi de son petit frère Rhen, né quelques jours avant Noël… Ce bel enfant qui a déjà dû faire preuve de courage et de volonté dès les premières minutes et durant les semaines qui suivirent sa naissance…
Et j’essaie de rester éloignée de certaines personnes, de certaines publications sur les réseaux sociaux pour préserver ma santé mentale. Parce que la stupidité de certains qui répandent leurs théories de complots et leurs faux remèdes fait présentement bouillir mon tempérament déjà mis à rude épreuve par l’absence de moment de solitude à ne penser à rien…
Et voilà que c’est arrivé. C’est arrivé à Julie. Ce cauchemar de tout parent. Voir son enfant malade sans pouvoir le soulager. Tenter d’obtenir de l’aide et frapper des murs. Et maintenant l’attente. Attendre un résultat. Une réponse. Craindre. Tenter de calmer l’anxiété de l’écureuil qui fait tourner les roues de l’appréhension. Regarder ce visage si souvent, nettoyer, cajoler, réconforter et ne pas savoir de quoi sera fait demain.
Et je sens la rage qui bouillonne en moi. Je me sens comme un volcan au bord de l’implosion. Alors que l’incertitude tapisse les murs d’une chambre d’isolation où repose une enfant malade, j’ai envie de hurler à la face de ces imbéciles : « Regardez! Regardez-la et dites-moi encore qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter, que les mesures sont exagérées… Dites-moi que si c’était votre enfant, votre nièce, votre petite-fille, l’enfant d’un.e amie.e, vous ne rageriez pas comme je le fais maintenant contre vous, idiots qui défient les mesures de sécurité et mettent ainsi la vie des autres comme la leur en danger?!?! »
Pour Amy et Casey, pour mes enfants et moi, pour Julie et sa Camille…
Restez chez vous.
Lavez-vous les mains.
Pour suivre l’histoire de Casey et sa famille : Stubborn as Cass