Rencontre de la CPEBPQ avec le Ministre de l’Éducation, M. Sébastien Proulx

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Crédit photo : Julie Philippon

Un peu plus d’un an que la Coalition de parents d’enfant à besoins particuliers du Québec (CPEBPQ) se mobilise pour un meilleur respect des droits de la scolarisation des élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage (EHDAA). À plusieurs moments cette année, les représentants de la Coalition ont pu exprimer publiquement leur position : points de presse à l’Assemblée Nationale, commission parlementaire, colloque sur l’éducation… Mais le 5 juillet dernier, c’est le Ministre de l’Éducation, M. Sébastien Proulx, ainsi que son attachée politique, que Marie-Josée Aubin, Brigitte Dubé, porte-paroles de le Coalition de parents d’enfants à besoins particuliers, et Julie Philippon, ont eu la chance de rencontrer à ses bureaux, sur la colline Parlementaire.

Résumé d’un échange fort intéressant qui, nous l’espérons sincèrement, aura des suites. (écrit en collaboration avec Julie Philippon)

Le but de la rencontre était de lui présenter un document, LA SCOLARISATION DES ÉLÈVES À BESOINS PARTICULIERS, Constats, enjeux et recommandations présentés par la Coalition de parents d’enfants à besoins particuliers, mais plus particulièrement trois priorités identifiées par la Coalition suite au dépôt du Plan en cinq temps du Ministre de l’Éducation en mai dernier, ainsi qu’une demande de financement pour que la Coalition puisse continuer son travail. Les trois priorités sur lesquelles nous nous sommes concentrés étaient donc : dépistage précoce, inégalité des politiques d’adaptation scolaire d’une CS à l’autre en plus d’une interprétation, formation continue des différents acteurs du milieu de l’éducation.

lukaAprès les salutations d’usage, nous avons présenté une courte vidéo de Luka (fils de Lucila Guerrero, membre fondatrice de la Coalition) qui a été très appréciée, le ministre souhaitant même en obtenir copie pour l’utiliser à son tour. Le ministre nous a confié être touché par notre cause, en tant que papa, mais aussi comme étant le conjoint d’une professionnelle travaillant dans le système de santé.

Il croit que nos enfants sont une grande richesse, sa vision de la situation actuelle étant basée sur ses observations (il va beaucoup sur le terrain et il reçoit aussi plusieurs groupes/organismes/individus pour lui partager l’état de la situation, comment se vit le quotidien dans les écoles, les CPE et les SDG.) et ses nombreuses lectures.

M. Proulx constate les limites du système et se questionne sur les services offerts aux enfants ayant des besoins particuliers: pourquoi une fois arrivé à l’école, le secteur de la santé se retire des dossiers en arrêtant les services? Selon lui, le budget de l’éducation devrait servir à offrir un enseignement de qualité pour tous et à payer des enseignants, éducateurs, psychoéducateurs, etc. Il prône donc pour la présence adéquate des professionnels de la santé (orthophonistes, ergothérapeutes…) à l’école mais sur le budget du Ministère de la Santé, dans l’idée d’un continuum de services avec l’école. L’école et le système de santé devraient travailler en collaboration, en ayant au cœur de leurs préoccupations l’ÉLÈVE, selon ses besoins, ses capacités, mais aussi ses forces, propres à chacun.

M. Proulx nous a aussi partagé une analogie (celle du tapis roulant dans les aéroports) quant à nos enfants à besoins particuliers, alors que trop souvent, ils se retrouvent sur la voie de l’accotement sans qu’il ne soit possible de retourner sur la voie principale. Nous avons fait du pouce sur son idée, partageant nos réalités personnelles, nos exemples étant ensuite ramenés à l’idée générale que ce genre de situations est vécu par nombre de parents et d’élèves dans plusieurs régions du Québec.

Lorsque l’enfant arrive à l’école, il devrait déjà avoir un diagnostic ainsi que des recommandations pour lui donner toutes les chances de réussir. Il faut travailler sur la passerelle (mode d’emploi), les CPE (ou autres services de garde) et les écoles primaires devraient être complémentaires pour une transition réussie et ensuite soutenir l’enfant tout au long de son parcours (analogie du bol de popcorn, dans lequel le système scolaire va piger tout au long de l’année pour les EHDAA).

Le sujet est revenu quant à nos orientations et un enjeu majeur pour la Coalition :  si la Loi sur l’instruction publique (LIP) était simplement appliquée, mais aussi de façon uniforme, et ce, à travers toutes les classes du Québec, les directives du Ministère assureraient alors une stabilité autour des enfants (une autre préoccupation de la Coalition). Ce qui n’est malheureusement pas le cas actuellement, la LIP faisant l’objet de nombreuses interprétations par trop de commissions scolaires et d’écoles. Le Ministère de l’Éducation étant lui-même aussi responsable de ces interprétations, ce que nous n’avons pas manqué de souligner au ministre.

Les relations entre les différents acteurs (parents-écoles-élèves) sont le premier facteur de réussite ainsi que les ressources, la stabilité. Le ministre a aussi parlé de ce qui pourrait être fait pour que le système actuel fonctionne. Julie Philippon a donné une merveilleuse image, celle du poulailler, pour exprimer qu’il manque de financement et de ressources. On ne peut pas choisir entre la poule et l’œuf quand le poulailler s’effondre : chaque poule a besoin d’eau, de grains, de paille et de chaleur pour pondre. Cela constitue la base et c’est à la base, avec plus de ressources, que nous devons agir.

RencontreLa conversation a été enrichie par nos différents commentaires et témoignages ainsi que ceux du ministre, tout au long de la rencontre. Nos trois priorités sont complémentaires, si on parle du sac d’école (analogie du ministre) de l’élève ou du milieu : ça touche le dépistage précoce de ses difficultés et pour ce faire, ça prend des services en lien avec sa problématique, donc des adultes ayant reçu une solide formation continue en lien avec ses besoins. S’il change d’école ou de commission scolaire, il faut que les politiques d’adaptation scolaire soient les mêmes, etc.

Quant à la lettre du ministre aux enseignants parue dans La Presse, le 4 juillet 2016, nous avons souligné que nous pensions qu’il manquait des joueurs dans sa combinaison gagnante, pour favoriser la réussite scolaire. Nous lui avons proposé d’ajouter le parent ainsi que le milieu (CLSC, société, communauté, loisirs, etc.).

Pour terminer, nous avons illustré la réalité de plusieurs familles à travers le Québec qui s’appauvrissent, s’épuisent, dont un des parents ne peut travailler ainsi que la complexité de la conciliation travail-famille-besoins particuliers. Propos auxquels le ministre et son attachée politique ne sont pas restés indifférents.

Enfin, le ministre nous a aussi invitées à continuer de lui faire part de nos observations, recommandations, etc. dans l’esprit du dépôt de son projet de loi de Politique sur la réussite éducative qu’il déposera cet automne. Les modalités précises de la collaboration restent à déterminer mais une porte nous est grand ouverte et nous comptons bien en profiter.

Une rencontre sous le signe de l’écoute qui nous permet d’espérer une meilleure compréhension des besoins de nos enfants à besoins particuliers pour la réussite de leur scolarité. La Coalition de parents d’enfants à besoins particuliers demeurera donc présente, vigilante et proactive dans le cadre du dépôt du projet de loi de Politique sur la réussite éducative.Selfie

 

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Maman de deux petits trésors de sept et neuf ans, deux garçons merveilleux qui ont chamboulé sa vision de la vie (pour le mieux). D'une conception idéalisée de la maternité, elle est passée à la maman conscientisée qui souhaite faire une différence dans la compréhension des troubles invisibles. Deux maternités qui l'ont en effet projetée dans l'univers parallèle de l'autisme (de haut niveau). Et du trouble d'opposition. Et du trouble anxieux. Et du trouble de modulation sensorielle. Et du... bref, vous voyez le portrait! Depuis quelques années, elle s'implique activement sur les forums de parents d'enfants autistes afin de partager son expérience de maman d'une famille hors-norme, bénéficier de l'expérience des autres et participer au mouvement qui tente de changer la perception de l'autisme et autres diagnostics. Elle a vite constaté que les mots peuvent faire une différence et c'est pourquoi elle a accepté sans aucune hésitation l'invitation à participer à ce blogue. Elle partagera ici sans pudeur des tranches de son quotidien, inspirée par ses deux petits joyeux lurons.