Allocution de Brigitte Dubé pour la Coalition de parents d’enfants à besoins particuliers du Québec
Point de presse de Québec Solidaire (Françoise David, députée de Gouin)
La Commission scolaire de Montréal annonçait la semaine dernière devoir procéder à de nouvelles compressions budgétaires, soit en coupant dans des services aux élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage, principalement par la compression de postes de professionnels, comme des orthopédagogues. Une annonce semblable à la Commission scolaire de Laval, avec des compressions à hauteur de 1,4 millions de dollars. Dans ce contexte, la Coalition de parents d’enfants à besoins particuliers du Québec tient à témoigner toute sa solidarité aux parents et aux enfants touchés par ces compressions, de même qu’au personnel scolaire.
La Coalition déplore, qu’une fois de plus, ce soit les élèves à besoins particuliers, ceux dont les besoins sont les plus criants, qui fassent les frais de la recherche de l’équilibre budgétaire à l’échelle de la province. Des classes d’adaptation seront démantelées (tout particulièrement à Laval), des élèves seront intégrés dans des conditions qui ne conviennent pas à leurs besoins et qui nuiront au bon fonctionnement de la classe; les ressources, déjà insuffisantes, seront encore amputées, et les parents perdent espoir. Le « réinvestissement » annoncé en grande pompe lors du dernier budget n’est simplement pas au rendez-vous. La Coalition dénonce ce manque de ressources et réclame un vrai réinvestissement majeur en éducation, plus particulièrement un investissement à la hauteur des besoins réels des élèves à besoins particuliers.
Concrètement, sur le terrain, les conséquences des compressions sont flagrantes. Parce qu’on parle ici d’humains, pas de colonnes de chiffres. En sachant que dans de nombreux cas, on cumule plusieurs de ces conséquences en même temps, comme c’était le cas il y a deux ans lors de ma bataille pour la scolarisation de mon fils aîné. Alors que nous n’étions même pas dans le gros des compressions. On peut imaginer ce que ça peut être actuellement. On parle donc de :
- La scolarisation en demi-journée par manque de soutien disponible pour l’autre demi-journée;
- Des appels fréquents aux parents pour venir chercher des enfants en désorganisation parce que le personnel de l’école n’a pas la formation adéquate pour prévenir et gérer ces crises;
- Du manque d’accès rapide aux diagnostics et du fait qu’il faille trop souvent attendre que l’enfant soit en échec avant d’intervenir;
- De la proposition de transfert dans une classe d’adaptation qui ne répondra pas nécessairement aux besoins de l’enfant alors que tout n’a pas encore été fait pour pouvoir garder l’élève en classe ordinaire;
- Ou au contraire, pour une raison de subvention, du refus de certaines directions d’écoles d’envisager le transfert d’un élève vers une classe d’adaptation, à la demande du parent. Alors que ce dernier constate que son enfant n’évolue pas bien dans l’environnement d’une classe ordinaire;
- Enfin, de la scolarisation forcée à domicile à cause du manque de services. Ou choisie de façon consciente étant donné ce même manque de services.
À cela, ajoutons la baisse d’estime de soi d’un élève qui n’arrive tout simplement pas à connaître de succès dans ces conditions, et de tout ce que ça peut impliquer. Et pour les parents, les conséquences directes sur leur employabilité, malgré des diplômes et une expertise reconnus. Car qui croyez-vous, veut réellement d’un employé qui peut se faire appeler par l’école à tout moment? Ou qui doit trouver à combler la scolarisation à domicile à mi-temps ou temps complet en même temps qu’il travaille? Avec toutes les conséquences financières et la détresse que cela implique? Je pourrais vous en parler, Messieurs Proulx et Couillard, de ce problème d’employabilité et de perte de revenus. Car je les vis.
Ce n’est donc pas seulement de la perte d’un potentiel des élèves dont on parle ici. C’est aussi de la perte d’une participation active sur le marché du travail pour trop de leurs parents. Malheureusement, on se dirige vers un cul-de-sac pour beaucoup de ces enfants et de leurs familles. Et ce sera collectivement, comme société, qu’on en paiera le prix. La scolarisation de nos enfants selon leur capacité réelle de réussite et non selon la capacité du système de leur offrir les bons services? C’est possible. Il suffit d’en avoir la volonté, comme gouvernement et comme société.
Merci.