Foutu système!

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Ce matin, je suis enragée! Et je n’ai pas besoin de vous prouver mes dires par des statistiques masquées ou contrôlées par le gouvernement. Je vous parle du vécu d’amies, de proches, de mamans qui, comme moi, vivent avec un enfant différent qui n’a pas sa place au sein de ce foutu système! Mais si ça vous prend des preuves, on en a eu un bel exemple dans l’actualité récemment.

Des enfants qui ne cadrent pas dans le système scolaire québécois, il y en a trop, beaucoup trop! Combien parmi ces mamans ont dû, par choix ou par imposition, garder leur enfant pour le scolariser à la maison? Juste parmi mes proches, je pourrais facilement vous en nommer plus de la moitié. Je suis moi-même passée par là… Mon fils qui a été expulsé de son école en octobre 2016, vient tout juste de réintégrer le système scolaire, plus d’un an plus tard. Mais aujourd’hui, ce n’est pas mon histoire que je veux vous raconter, c’est celle de mon amie Brigitte, une grande guerrière qui est prête à tout pour les besoins particuliers de ses enfants.

J’ai connu Brigitte en mai 2015, durant la période noire d’austérité du gouvernement, où j’ai moi-même perdu mon poste d’enseignante en adaptation scolaire suite aux grandes coupures. Je dénonçais cette injustice sur ma page Enfants différents besoins différents, alors que de son côté, Brigitte et ses acolytes fondaient la Coalition de parents d’enfants à besoins particuliers du Québec (CPEBPQ). Comme les grands esprits se rencontrent (!), nous avons vite formé une alliance et je suis devenue membre de la Coalition. Pendant près d’un an, j’ai lutté à leurs côtés et Brigitte en est devenue la porte-parole officielle. Elle a porté la voix de milliers de familles québécoises sur les marches du parlement pour se faire entendre auprès du ministre. Pour dénoncer les injustices et clamer haut et fort les besoins particuliers de nos enfants différents.

Mais voilà que près de 3 ans plus tard, ironie du sort, celle qui milita pour les droits de son enfant, de nos enfants, est confrontée à son exclusion. Pour différentes raisons, Brigitte a dû faire le choix de scolariser son garçon à domicile. Mais en a-t-elle les moyens? En tant que parent, avons-nous les moyens de tout abandonner pour faire l’école à la maison à notre enfant? Avons-nous le temps, mais surtout l’argent? Car Brigitte doit continuer de vivre, de loger, de nourrir ses enfants. Mais comment y arriver si elle est privée de son revenu? Brigitte, qui s’est consacrée BÉNÉVOLEMENT à la Coalition durant toutes ces années, avait enfin trouvé un emploi qui lui convenait et lui permettait une certaine flexibilité. Mais travailler à temps plein et planifier la réussite scolaire de son enfant en même temps, c’est mission impossible. Brigitte a besoin de soutien et pas seulement financier…

Comment le gouvernement, qui proclame à quelques mois des élections, que la réussite éducative et l’inclusion de TOUS les élèves sont sa priorité, peut-il abandonner Brigitte et son enfant à eux-mêmes? Comment peut-il permettre que des familles soient confrontées à cette réalité sans soutien financier? Pour reprendre les commentaires qu’une maman a publiés sur ma page Facebook :

« Il y a de plus en plus de cas comme ça… C’est inacceptable!! Si le système scolaire ne peut pas le prendre en charge dans l’un de ses établissements, il a comme responsabilité de scolariser l’enfant!! Mais quand un médecin signe une prescription, on nous envoie un prof à la maison 5 heures par semaine!! C’est ridicule et ça nous empêche de travailler! Il devrait y avoir une indemnisation pour les parents… Et pas une allocation où presqu’aucun enfant n’est admis, non! Un automatisme! Un prof à la maison 5 heures pour toute la durée, le temps que la commission scolaire trouve une solution et une allocation pause-imposée du travail!! Avec ça, ils seraient moins rapide sur les exclusions et plus rapide sur les solutions!!! » Isabel Touzin

La sœur de Brigitte, Marie-Pier Dubé a mis sur pied une levée de fonds pour soutenir la scolarisation d’Antoine . Merci de votre appui!  

À lire aussi sur Nadia Lévesque : AUTISME : LES PROPOS SUICIDAIRES D’UN ENFANT NE SONT PAS UN CHOIX !

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Enseignante en adaptation scolaire, spécialisée auprès de la clientèle vivant avec un trouble du spectre de l’autisme (TSA), je côtoie la différence au quotidien depuis plus de 20 ans. Mère monoparentale de 3 magnifiques enfants, un garçon et deux filles, le hasard (ou le destin) aura voulu que fiston naisse avec un trouble envahissant du développement non-spécifié (ancienne appellation pour le TSA). Un trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH), beaucoup d'opposition, d'anxiété et d'impulsivité se sont également manifestés chez lui au fil des années. Suite à un parcours et à une scolarisation difficiles, de récentes évaluations ont été poussées plus loin, dont un test génétique, où il apparaît que fiston est porteur du syndrome XXYY, en plus de deux nouveaux diagnostics de SGT et de dysphasie. En mai 2013, j'ai créé la page Facebook Aide à domicile afin de trouver un accompagnateur pour fiston lors de la période estivale. La page changera plus tard de vocation, pour devenir Enfants différents besoins différents qui se veut davantage un réseau de recherche et de partage d’informations pour les parents, intervenants et toutes personnes concernées par la différence de nos enfants. Ce site Web est donc l’aboutissement de ma page et a pour objectif de sensibiliser le plus grand nombre de gens possible face à la différence sous toutes ses formes.