Violence cautionnée

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Voici ce que j’ai publié sur mon Facebook…

« L’éducation, ça commence à la maison. Le respect de l’autre, ça s’apprend à la maison.

Je vous avoue que là, là, je bouille. Je viens de voir une photo qui me bouleverse. Un enfant comme le mien qu’un autre enfant a projeté au sol tellement fort qu’il se retrouve avec des points de sutures. Au front. La raison du geste de violence? Il était «tanné de l’avoir sur le dos». La réponse du parent de cet enfant? «Votre enfant a trouvé chaussure à son pied.» AUCUNE PAROLE D’EXCUSES. AUCUN SIGNE DE REMORD.

Calvaire (non, je ne m’excuse même pas de mon langage), on le sait que nos enfants ne sont pas toujours faciles à vivre. On le sait qu’ils peuvent royalement taper sur le gros nerf (trop) souvent. Mais on pourrait peut-être apprendre aux autres enfants autour comment réagir adéquatement au lieu de cautionner ainsi un geste de violence???!!!

J’ai recommandé au parent du jeune blessé de porter plainte car pou un enfant de moins de 12 ans, la responsabilité du geste repose sur le parent. Nous sommes responsables en tant que parents des gestes posés par nos enfants. Nous sommes responsables de les éduquer à vivre en société.

Et le camp de jour? J’attends une réponse du parent à savoir ce qui se passe de ce côté. Car personnellement, je crois qu’un tel geste mérite une expulsion. Nos enfants différents sont expulsés de l’école pour bien moins qu’un front ouvert… »

Douze heures plus tard, je vous avoue que je bouille encore. Mon cerveau, qui tourne habituellement à 10 milles tours d’écureuil à la seconde, fait du sur-temps, ça surchauffe, la boucane me sortira bientôt par les oreilles je crois… Parce que moi, comme parent d’un enfant différent qui a été pointé du doigt par d’autres parents, je bouille. Bon, qu’on s’entende sur un point. Si la mère de l’agresseur avait eu une réaction toute autre, une réaction où elle aurait fait preuve de remord vis-à-vis le geste posé par son enfant… Si elle avait démontré une volonté de faire en sorte que son enfant apprenne et comprenne que ce qu’il a fait est inacceptable et inexcusable, ma réaction serait tout autre. Mais voilà, ce n’est pas le cas. «Il a trouvé chaussure à son pied. » Voilà le commentaire totalement insensé et déplacé qu’elle a lancé au parent de l’enfant blessé. Je bouille encore.

Je ne peux m’empêcher de penser à tous ces apprentissages perdus dans une telle situation. Voici comment je vois la situation, avec ma vision extérieure.

Premièrement, l’agresseur n’apprend aucunement que son geste est inacceptable. Qu’arrivera-t-il une prochaine fois où un enfant l’embêtera? Un autre geste de violence cautionné par le parent? Où est l’apprentissage de la tolérance pour cet enfant? Au premier constat, pas caché derrière l’éducation parentale…

Et pour l’enfant agressé, que retiendra-t-il? Que son agresseur s’en sort sans véritable conséquence? Que la violence est une réalité permise? Que les autres ont le droit de réagir de façon violente envers lui s’il les agace de façon non-contrôlée car il s’agit de tics ou traits reliés à son diagnostic?

Je ne blâme pas les parents de la jeune victime. Je comprends leurs raisons de ne pas nécessairement vouloir porter plainte à la police puisque je vivrais sans doute les situations qu’ils ont énumérées pour ne pas le faire. Mais en même temps, c’est un peu toutes ces raisons, trop vécues par moi-même enfant, qui font qu’aujourd’hui, si une telle situation se présentait où un jeune agressait Fiston et que le parent cautionnait le geste de cette façon, la lionne en moi rugirait.

Oui, il y aurait de l’information et de la sensibilisation qui se ferait et j’y verrais. Mais en même temps, je ferais la démonstration à mon fils que la violence n’est pas cautionnée et ne doit pas l’être, qu’il y a (comme je le lui explique depuis toujours) des conséquences aux gestes qu’on pose. Et ce, pour tous, peu importe la victime ou l’agresseur.

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Éducatrice à la petite enfance depuis une vingtaine d’année, adepte de l’entrainement en force pour ne pas perdre complètement la tête, Nancy Ringuet, très possiblement TDAH, est maman de deux garçons à diagnostics : un grand TDA sévère et un plus jeune SGT, TDAH impulsivité mixte et TOP. C’est un long combat qui aura mené aux diagnostics du plus jeune, et un long combat qui s’engage pour faire reconnaître ses besoins. Passionnée de recherches et assoiffée d’en apprendre plus, elle fouille le net sous toutes ses coutures. Elle partagera ici des textes et réflexions sur ce vécu différent de mère chef de famille, avec un conjoint dont le travail l’amène à être absent.