Une source d’inspiration

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Ensemble, sensibilisons notre entourage au Syndrome de Gilles de la Tourette. Partagez-nous votre histoire!

Collaborateur : Francis Gascon

Quand j’avais 6 ans, je faisais des crises de colère lorsqu’on me disait non à une demande ou à la suite d’un refus. Je lançais des objets, je criais, j’insultais mes parents, les menaçais, tentais de les étrangler, de les mordre, de les frapper. À l’école, j’étais bon, j’arrivais à me contrôler. Un jour vers l’âge de 8 ans, j’ai commencé à racler de la gorge. Mes parents me donnaient du sirop, mais le raclement était toujours présent. Heureusement, mon père travaillait à l’époque à l’hôpital Ste-Justine comme technicien en loisir avec une multi-clientèle. J’ai pu être référé par des spécialistes, passer des évaluations par différents professionnels et à 9 ans, le Dr. Yvon Lacroix pédopsychiatre, émet le diagnostic du Syndrome de Gilles la Tourette.

Heureusement, j’arrivais à bien contrôler mes tics à l’école, j’avais quelques amis. Par contre à la maison, le soir, les weekends, durant les congés, je faisais vivre l’enfer à mes parents : menaces, crises de rage, agressions physiques, lancer des objets, briser des objets… Souvent causés par une déception, un refus ou de l’anxiété… Ma plus grande difficulté à l’époque. J’anticipais tout ce qui pourrait arriver… Je voyais des problèmes où il n’y avait rien… Maudite anxiété… Le sentiment de vouloir plaire à tout le monde et la peur que les gens me haïssent…

En 2002, par une augmentation des comportements colériques envers mes parents, avec les centres jeunesses, je vais passer un weekend complet en centre fermé. Comme dans une prison. Pour réfléchir… Mes parents étaient à bout de souffle et ne savaient plus quoi faire… En revenant à la maison, j’ai serré ma mère et mon père dans mes bras. Je me sentais tellement désolé… Même pas une semaine plus tard pourtant, les mêmes comportements se reproduisaient causés par les mêmes déclencheurs…

À 14 ans, je rencontre un super pédopsychiatre Dr. Jacques McKay qui ajoute de nouvelles médications qui ont permis de diminuer l’intensité des comportements problématiques envers ma famille…

Aussi, j’ai oublié de vous mentionner que je suis un passionné de soccer, je suis gardien de but, j’y ai joué tout mon adolescence, été comme hiver… Le sport me permettait de défouler mon trop plein d’énergie. Cela m’aidait beaucoup à me contrôler, même s’il y avait des périodes plus creuses, où la colère, la déception et l’anxiété de plaire prenaient le dessus, mais moins intenses qu’avant le changement de médication par Dr. McKay.

Pendant tout mon secondaire, j’avais l’aide d’une orthopédagogue qui m’aidait surtout avec les mathématiques. Mes parents se sont toujours battus pour que j’aie des services. Ah oui, j’oubliais… Les maths étaient aussi source de déclencheurs de mes crises de colère. Peur de couler mes examens, pas capable de comprendre mes devoirs. Je peux vous dire que j’en ai passé des boîtes de crayons HB à force de les casser et de les lancer en accusant la professeure de donner des devoirs trop difficiles… Bref, j’ai eu de l’aide pendant tout mon secondaire, j’avais plus de temps pour passer mes examens. Heureusement, j’aimais l’école et je suis déterminé.

À la fin de mon secondaire V, j’ai reçu une bourse pour ma persévérance et ma détermination. J’étais très fier. J’ai pu compléter un DEC en travail social et un autre en éducation spécialisée en 2014.

J’ai maintenant 30 ans, ça fait plus de 10 ans que je suis avec ma conjointe. J’ai un petit garçon nommé Hayden, il a 2 ans et une petite fille qui s’appelle Maïna, elle aura 4 mois en mai prochain. J’ai ma voiture et je travaille présentement sur la route, entre le domicile familial et les garderies, comme éducateur spécialisé pour un centre de réadaptation pour une clientèle TSA âgée de 0 à 5 ans. J’adore mon travail, je me sens épanoui de pouvoir aider ces enfants et leur famille avec une approche plus constructive que punitive, contrairement à ce que j’avais vécu à l’époque avec les centres jeunesses.

Maintenant, il m’arrive d’être encore anxieux et d’avoir des tics souvent reliés à des problèmes normaux d’adultes. J’ai une conjointe en or, qui me comprend et qui m’aime pour qui je suis, malgré mes difficultés. Oui mes enfants ont respectivement 50% et 30% de chance d’avoir le SGT, mais je vais tout faire pour qu’ils reçoivent des services. Comme l’ont si bien fait mes parents avec moi, il n’y a pas si longtemps.

Que le temps passe vite, je suis très fier de ma qualité de vie familiale et professionnelle en espérant devenir une source d’inspiration pour les autres.

Francis Gascon       

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