Un dernier adieu

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Tu étais là, peu importe le moment, peu importe l’heure. Dans tes yeux, je n’y voyais aucun jugement. Toi, l’autisme, le TDAH ou l’anxiété tu ne connais pas ça. Tu nous acceptes avec nos hauts et nos bas. Lors de crises, tu t’allongeais à côté de moi, le regard rassurant.

Nous nous étions perdus après une séparation, mais malgré ça, je m’assurais que tu ne manques de rien. Tu étais comme un phare lointain, parfois je pouvais sentir ta présence, malgré que tu sois dans une autre maison, dans une autre ville.

Il y a quelque mois, je t’ai retrouvée enfin. Ton odeur rassurante n’avait pas changé. Ton regard empathique me donnait encore cette sensation de bien-être.

Mon fils a enfin retrouvé cette joie de pouvoir de nouveau jouer avec toi. Ton cœur est resté jeune malgré le poids accumulé et tes hanches qui n’en font qu’à leur tête. La vieillesse a pris ton corps en otage.

On a bien essayé de freiner cette élan de vieillesse en toi, mais tes os se fragilisent aussi vite que mes yeux peinés se remplissent d’eau.

Tu as été ma meilleure amie longtemps. Tu as accepté mon coco, même en crise, tu ne lui as jamais tourné le dos. Tu étais là, non loin de nous. Mon anxiété ne te faisait pas peur, tu t’imprégnais de moi quand j’avais l’impression de me perdre moi-même.

Tu as toujours été là, même lorsque tu étais absente.

Ces derniers mois, on les a vécus en symbiose, comme si on savait toutes les deux que ça finirait beaucoup trop vite.

Alors mon cœur, bientôt tu ne seras plus là lorsque mon anxiété viendra me visiter. Je chercherai ta lourdeur à côté de moi, ta chaleur qui me tenait au chaud.

Tu as été une très bonne amie, la meilleure qui soit. Maintenant, c’est à mon tour d’être la meilleure des amies pour toi. Je sais que ce poids que ton corps t’apporte est rendu trop lourd pour toi. Alors je ferai ce que je t’avais promis lors de notre première rencontre, je serai là jusqu’à la fin.

Cette semaine, après avoir vécu tes plus beaux souvenirs, nous irons voir le vétérinaire. Et cette fois-ci, je te promets que cette seringue sera enfin le médicament qui enlèvera toutes tes souffrances, au complet.

Et lorsque tu me verras pleurer dans ton dernier soupir, je sais que tu voudras encore me réconforter. Mais ce sera à mon tour. Dans tes yeux, je me souviendrai de la petite boule de poils, il y a 6 ans, qui me regardait parmi ses frères et sœurs. Ce médicament injecté te donnera des ailes qui te permettront enfin de courir vers la balle, de retourner dans les champs. Courir à plein poumons, à en perdre haleine. Te rouler dans l’herbe. Ne plus être prisonnière de ton corps. Juste habiter ton âme.

Et s’il est vrai que tu te réincarneras, s’il-te-plaît, reviens-moi. Je te promets de prendre soin de toi, une autre fois, jusqu’à la toute fin.

Zaho, je t’aime mon chien.

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Je suis maman d'un merveilleux garçon qui a un TDAH et un TSA sans déficience intellectuelle. J'ai toujours été sensible à la maladie et aux troubles mentaux, je suis d'ailleurs préposée aux bénéficiaires. Mon fils réussit à faire ressortir le meilleur de moi-même. Le but de mes textes est d'évacuer mais surtout de conscientiser le monde à la différence et aux troubles mentaux ainsi qu'à leurs aspects dans la vie de tous les jours. J'espère vous toucher par mes écrits autant que moi je suis touchée en les écrivant.