Notre fils hurle, frappe, répond, se mord… C’est la crise…
Je suis là. Tu es là. En mode parents différents en urgence, on gère ensemble ce quotidien.
Et au milieu de cette crise je te regarde… Ton front plissé par la colère, les yeux tristes par la souffrance de ton fils et tant d’autres émotions qui se bousculent…
Tu me regardes et au milieu de ce chaos, tu arrives à me sourire. Et mon cœur se brise pour toi.
Voilà donc la vie que j’ai pour toi. Voilà ce que je peux t’offrir : des larmes, des cris et des problèmes. Ce n’est pas vraiment la vie de famille dont je rêvais pour toi.
Cette culpabilité de t’avoir donné cet enfant-là et de t’avoir piégé dans une vie que tu ne pouvais vouloir m’a tant rongée toutes ces années.
Et que reste-t-il de nous au milieu de tout cela? Que reste-t-il de notre amour, de notre complicité et de notre couple d’avant tout cela?
Des lambeaux, des morceaux épars auxquels je me raccroche pour espérer encore. Mais toi, tu as lâché tout cela et je t’en ai voulu. Ne voyais-tu donc pas que nous mourions? Que ce que nous étions disparaissait?
Et pourtant, j’avais tort et tu avais raison. Voilà une phrase que je ne te dis pas souvent, mais tu as bien fait de lâcher, car ces gens-là n’existent plus. Et nous avons recréé un autre nous… Plus fort et plus profond. Pas un nous comme dans les romans d’amour, mais un nous qui grandit au-delà de nous.
Ce qui compte aujourd’hui, ce n’est plus un bouquet de fleurs ou des mots doux, mais que tu sois encore là après tout cela.
Ce qui compte, ce n’est plus de me dire je t’aime et de préparer un repas romantique, mais de m’attendre pour manger quand je suis en train de le soigner. Ne jamais me laisser seule après une mauvaise journée.
Ce qui compte, ce n’est pas que tu me dises que je suis jolie, mais que je suis si forte que tu voudrais prendre ma faiblesse dans tes bras et que quoi qu’il arrive, tu me soutiendras.
Ce qui compte, ce n’est pas que tu me dises combien tu m’aimes, mais que tu me dises que cette vie-là, tu veux la vivre avec moi malgré le chaos et l’enfer et tout ce qu’on y perd… Parce qu’on ne choisit pas son enfant, mais on choisit d’être à deux pour affronter ça.
Ce qui compte, c’est que tu me vois au-delà de tout cela, car je ne suis pas que cette mère-là pour toi. Je suis aussi ta femme, fragile et fatiguée, que tu as appris à aimer.
Sans ta force, nous ne serions pas.
La vie de famille face aux troubles est dure, mais plus douce quand on l’affronte à trois. Quelle chance il a mon enfant d’avoir encore ses deux parents et de voir l’amour entre nous comme une barrière protectrice autour de lui.
Alors je te regarde et je te souris aussi.