Toi. Oui, TOI!

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Toi.

Oui, toi, le parent qui regarde arriver la rentrée plus vite qu’une Formule 1 et qui a l’impression de n’avoir rien fait d’autre qu’éteindre des feux tout l’été.

Oui, toi.

Je sais que tu te reconnais assis dans ton divan à faire la patate pendant que ton fils reste stické sur sa Wii.

Toi, assise à ta table de cuisine, qui regarde le p’tit du voisin dans sa piscine avec tous les autres enfants du quartier qui joue à Marco Polo pendant que tu crèves ta vie devant une « ixième » crise de bacon.

Oui, oui, TOI.

Je le sais, après deux mois de vacances à endurer le chamaillage de c’est-moi-qui-l’avait-en-premier, le lyrage, les oreilles en chou-fleur (mon fils ne l’a toujours pas compris celle-là), le pleurnichage quand ce n’est pas carrément les explosions de colère à la Hulk… tu te dis que si vous sortez faire une activité en famille, la Terre va arrêter de tourner. Que quelque chose de terrible va arriver. Tu as un pressentiment, des visions, des rêves prémonitoires. Et là, on parle juste d’aller au McDo avec des jeux-tellement-cool un mardi matin.

Allez en road-trip jusqu’au Village du Père-Noël ou se taper deux heures d’attente à la Ronde te semble tout à coup insurmontable. Tu vois ça comme si on te demandait de sauter d’un avion sans parachute. Ou descendre un fleuve infesté de piranhas, en équilibre sur un tronc d’arbre, ton bébé en portage.

Je compatis. Je ne te juge pas et je te comprends. Je suis passée par où tu passes.

La sueur te coule dans le dos juste à l’idée de prononcer à haute voix les mots définitifs, Finaux. Sans-retour : « Les enfants… on s’en va en vacances! »

Parce qu’à partir de ce moment, ta vie n’est plus jamais la même.

Jusqu’au jour J, ils te harcèleront sans relâche et surtout, sans pitié : « C’est quand on part? Pourquoi je ne peux pas apporter mes-2-millions-de-Shopkins-Trash-Pack-machin avec moi? Quand est-ce qu’on arrive? J’ai faimmmmmmm ! »

Tu te sens coupable. Tu regardes les vacances idylliques de tes amis via leur fil Facebook. Tu désespères devant l’irrésistible mirage de Pinterest. Tu commences à ressentir de la pression. Et si ma fille n’avait pas UNE SEULE chose intéressante à dire de son été? Parce que sérieusement, ton enfant se fait déjà assez remarquer comme ça à l’école, tu veux qu’il s’intègre, qu’il « fasse partie de la gang« . Et rien n’est plus humiliant qu’un kid qui dit qu’il n’a rien fait de son été à part jouer aux jeux vidéo.

Humiliant pour les parents, on s’entend. C’est quasi automatique, en une fraction de seconde, la prof va te catapulter dans la catégorie des parents flan-mou-qui-sont-trop-occuppés-par-leur-petite-personne-et-qui-ne-voit-pas-au-besoin-de-base-de-leur-enfant. Et j’exagère à peine.

Mais tu sais quoi? J’ai LA solution pour toi! Attache ta tuque, le marathon de l’organisation de dernière minute vient de débuter :

  • Commence par ouvrir ton cell ou tiens, ta page Facebook.
  • Puis, passe en revue tes contacts jusqu’à ce que tu trouves un body qui a un enfant à besoins particuliers. Un bon ami de la famille toujours wheeling pour de nouvelles aventures peut aussi faire l’affaire.
  • Prends ton courage à deux mains et initie le premier contact.

Dis-toi que tu n’as rien à perdre, il risque fort bien d’être dans le même merdier que toi…

  • Propose lui d’aller faire une activité gratuite abordable, les deux familles ensemble.
  • Conclue l’entente… et vous êtes sauvés en business!

J’imagine que rendu là, tu te dis « C’est pas sérieux, là? Je suis à boutte, j’ai toute la misère du monde à aller au dépanneur sans que la troisième guerre mondiale éclate pis elle pense que je vais me coltiner les enfants à problèmes des autres en plus? Mais elle est folle! »

D’accord. Je l’avoue, ça peut paraître un peu sado-maso. Ok, beaucoup.

Mais attends, laisse-moi t’expliquer mon idée avant de monter sur tes grands chevaux.

Il y a des avantages insoupçonnés de se lancer dans le vide avec des gens qui vivent les mêmes défis quotidiens que nous. Ferme les yeux deux secondes. Allez, ton chéri d’amour va passer ses nerfs sur son lézard lourd de toute manière. Attentif?

Faire un pot luck avec d’autres ADULTES qui vivent dans la même galaxie que nous, ça veut dire avoir un stock de support et d’empathie infini. Non mais sérieusement, ils ne vont jamais te juger quand tu vois rouge après que ta fille t’a gossé avec sa chasse aux grenouilles pour la 36 597 fois de la journée. Ils comprennent, c’est aussi leur quotidien.

Deux familles à besoins particuliers ensemble, ça veut aussi dire être sur la même longueur d’onde côté routines et interventions. Ils ne vont pas te regarder de travers si tu donnes un hot-dog le-pain-et-la-saucisse-à-part-avec-juste-de-la-relish-à-part-aussi-dans-une-assiette-de-Dora. Ils vont trouver ça normal et limite drôle que ton petit dernier cours flambette autour du campement. Envolée, la gêne de donner la dose de Risperidone du dodo. Ils comprennent, ils ont une trousse de médicaments fort garnie pour les leurs aussi.

Il y a aussi les enfants, il ne faut pas les oublier. À chaque fois qu’ils vont au parc, à la pataugeoire ou encore à la bibliothèque, ils se font juger. Pour se faire des amis, c’est triste mais souvent, ils doivent jouer les caméléons pour se faire accepter. Ils doivent se contrôler tout.le.temps. Là, pas besoin. Ils peuvent être eux-mêmes. L’espace d’un court instant, ils ont la chance de côtoyer des enfants qui partagent la même bulle, la même vision qu’eux. Parfois, la magie opère et tisse des liens indestructibles pour la vie.

Mais surtout, des papas et des mamans qui marchent dans tes pas, vont être là pour prendre les choses en main si tu as soudainement envie de faire-une-marche-parce-que-sinon-je-vais-les-accrocher-sur-la-corde-à-linge. Ils vont partir la musique full pin dans la voiture, en plein milieu de la forêt, pis te frotter le dos pour que tu puisses crier ta peine quand tu auras engueulé démesurément ta benjamine pour une bêtise de trop. Ils vont comprendre que tu essaies juste de faire de ton mieux, mais que ce changement d’environnement, ce bouleversement dans ta routine quotidienne rodée au quart de tour, te pousse bien au-delà de tes limites.

Pis vous savez quoi?

Une fois les enfants finalement couchés et en bonne compagnie, la bouteille de rouge qu’on débouche et qui passe de mains en mains autour du feu de camp a un délicieux goût de nostalgie et de liberté. Juste pour ça, je vous recommande de tenter l’expérience au moins une fois… Vous m’en donnerez des nouvelles!

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Sandra Chartier est un diamant brut aux mille facettes. Femme Phénix, maman équilibriste et amoureuse caméléon, le diagnostic TSA de son fils aîné a changé son regard sur le monde et l'a amenée à parcourir les chemins les moins fréquentés. Déménagement à l’autre bout de la province, changement d’emploi et nouvelle dynamique familiale, aucun obstacle n'est insurmontable quand on aspire au bonheur. Par le biais de l’écriture, elle s’est donné comme mission cette année de rejoindre, de sensibiliser et d’informer un maximum de gens sur son quotidien haut en couleur. Après une fructueuse collaboration avec le défunt A&ME webzine, elle est prête à affronter de nouveau défis avec notre équipe!