Le temps d’une rentrée scolaire

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Je suis d’un naturel qui souhaite donner la chance aux coureurs. Je n’aime pas les décisions précipitées, les jugements hâtifs et sans nuance. Et malgré les cahots connus au fil des ans avec mes deux fistons, qui savent m’apporter une bonne dose de défis dans la vie, j’ai toujours voulu croire que chaque rentrée scolaire était la possibilité de beau et de positif pour l’année à venir. Même si, en cours de route, j’ai eu plus que mon lot de batailles à mener pour mes garçons.

En ce début d’année scolaire, j’aime à penser la même chose. Parce que cet été fut l’un des plus beaux pour mes deux merveilleux garçons. Une maturation et une intégration des outils et solutions pour Antoine, qui m’a impressionnée au plus haut point cet été. Même son accompagnatrice au camp de jour, qui s’en occupait pour une quatrième année d’affilée, a remarqué les changements et les progrès majeurs. Pour Charles, qui est de trois ans le cadet de la famille, il est normal que la maturité n’ait pas encore autant d’emprise sur lui ni que les outils et solutions pour contrer son anxiété et son impulsivité soient intégrés au même titre que pour Antoine. Mais même lui progresse de belle façon, à son rythme.

Donc en cette rentrée scolaire 2016, j’aime croire qu’Antoine continuera à progresser dans son autocontrôle. Déjà, beaucoup de stabilité pour lui : il monte d’une année mais conserve la même enseignante, la meilleure qui soit. Il l’aime et entretient un lien de confiance plus fort que tout avec elle. Et ça, ça vaut tout l’or du monde. Aussi, pour une troisième année consécutive, il a le même chauffeur de berline scolaire, qui a appris à bien connaître et décoder mon petit homme. Et on n’insistera jamais assez sur l’importance d’un bon début et d’une bonne fin de journée, avant l’arrivée et au départ de l’école, pour déterminer de la bonne réceptivité d’un enfant face à son environnement. Au niveau du service de garde, je m’en voudrais de passer sous silence que son ancienne (merveilleuse) TES a laissé un dossier du tonnerre à la nouvelle TES, à qui je n’ai pratiquement rien eu à expliquer par rapport à mon petit homme pour qu’elle le comprenne et crée déjà un beau lien avec lui. Donc cette année, je pars avec une belle formule gagnante pour Antoine. Et même si l’expérience m’a appris qu’il y aura des hauts et des bas pendant l’année scolaire, je sais que cette stabilité nous permettra de surmonter les difficultés qui se poindront par-ci par-là au fil des prochains mois. Et ça, c’est un sentiment indescriptible dans le quotidien d’une maman d’enfants à besoins particuliers.

Quant à Charles, il y a quelques semaines de cela, il a commencé un suivi en psychologie pour l’aider à mieux gérer ses émotions, ses sentiments, son anxiété. Nous n’en sommes qu’à quelques séances, mais il a déjà créé un beau lien avec la psychologue et je me sens un peu moins seule à devoir l’accompagner dans cet apprentissage. Parce qu’on a beau être dévouée pour ses enfants et avoir acquis sur le tas bien des connaissances en psychoéducation avec fiston # 1, reste que je ne suis qu’une maman, avec ses émotions et sa faillibilité. On ne peut porter tous les chapeaux à la fois en tant que maman d’enfant différent. C’est simplement impossible à demander à un parent. Donc oui, le soutien d’une personne externe est très souvent nécessaire pour permettre d’aider nos enfants à évoluer face à certaines problématiques. Aussi, nous avons recommencé à avoir le soutien d’une TES du CLSC pour Charles. Puisqu’il fréquente pour sa part une classe régulière, il vit les changements normaux qui viennent avec une nouvelle année scolaire : nouveaux copains de classe, nouvelle enseignante. Cette année encore, je voyais bien que cela lui amenait une certaine anxiété mais au moins, il n’a pas tenté de s’enfuir lors du rassemblement de la première journée de classe. Je n’ai pas eu à le rentrer de force dans l’école en le portant dans mes bras après avoir couru après lui dans le boisé de l’école, comme l’an dernier. Je n’ai pas eu à attendre qu’il se calme dans le local de la TES pendant que je pleurais dans le bureau de la directrice, comme l’an dernier. Je n’ai pas eu de bleu sur le sternum parce qu’il m’avait frappée, comme l’an dernier. Non, cette année, il insistait pour que je lui prenne la main et l’accompagne à chaque pas qu’il faisait, mais il a su contrôler son anxiété. Il a aussi retrouvé quelques bon copains dans sa classe, ce qui a beaucoup aidé. Et surtout, j’ai perçu de sa nouvelle enseignante une personne douce et calme, comme ce dont a besoin Charles pour bien s’épanouir en classe. Il a bien versé quelques larmes au moment où les parents devaient quitter la classe (et j’aurai su à la fin de la journée qu’elles ont duré une bonne partie de la matinée), mais il s’est bien repris en après-midi et c’est avec un sourire aux lèvres qu’il est venu me rejoindre à la fin de la journée. Et les deux autres journées se sont bien déroulées aussi. Donc pour lui aussi, j’ai espoir d’une année scolaire plus sereine.

Enfin, élément non négligeable dans l’équation, il y a la « nouvelle » (entre guillemets car elle est entrée en poste au cours de l’hiver 2016) direction d’école qui joue beaucoup sur l’impression que je n’aurai pas à expliquer autant les besoins de Charles pour qu’on le comprenne. Un soir cette semaine, au service de garde, la directrice est venue voir Antoine (qui fréquente le service de garde de l’école de quartier, le soir) alors qu’il était en légère désorganisation pour une histoire d’image à imprimer. La situation était somme toute sous contrôle mais elle est venue le voir, non pas pour lui faire sentir qu’il devait se calmer, mais pour lui démontrer une présence empathique. Et ça a fonctionné. Non seulement est-elle allée voir Antoine, mais elle s’est ensuite dirigée vers Charles voyant que j’étais assez occupée avec Antoine. Et la voir aller vers Charles simplement pour s’assurer qu’il allait bien et lui jaser ça tranquillement, bien je ne vous dis pas le baume et la bouffée d’air frais pour mon cœur de maman. Parce que par ce simple geste, je sais qu’elle comprend la réalité de Charles en tant que fratrie d’un enfant TSA. Un quotidien qui n’est pas toujours facile à vivre pour lui et qui n’est pas sans avoir de lien avec ses propres défis.

Oui, j’ai envie de croire que cette année sera meilleure que l’an dernier. Que les acquis sont là pour rester. Que mes petits hommes continueront à m’impressionner par la maturité qu’ils prendront tranquillement au fur et à mesure que les mois passeront. Et que leur entourage, à l’école, saura les accompagner dans ce chemin tout autant que moi, à la maison. J’ai toujours cru à l’importance d’une bonne collaboration entre la maison et l’école et j’ai toujours agi en ce sens. Mais les éléments me permettent de penser que par rapport au quotidien scolaire de mes fistons, je l’aurai un peu plus facile cette année. Je pourrai vous en rejaser dans quelques mois, mais d’ici là, c’est sur cette vague que je souhaite surfer. Un bon début d’année scolaire à tous, chers parents!

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Maman de deux petits trésors de sept et neuf ans, deux garçons merveilleux qui ont chamboulé sa vision de la vie (pour le mieux). D'une conception idéalisée de la maternité, elle est passée à la maman conscientisée qui souhaite faire une différence dans la compréhension des troubles invisibles. Deux maternités qui l'ont en effet projetée dans l'univers parallèle de l'autisme (de haut niveau). Et du trouble d'opposition. Et du trouble anxieux. Et du trouble de modulation sensorielle. Et du... bref, vous voyez le portrait! Depuis quelques années, elle s'implique activement sur les forums de parents d'enfants autistes afin de partager son expérience de maman d'une famille hors-norme, bénéficier de l'expérience des autres et participer au mouvement qui tente de changer la perception de l'autisme et autres diagnostics. Elle a vite constaté que les mots peuvent faire une différence et c'est pourquoi elle a accepté sans aucune hésitation l'invitation à participer à ce blogue. Elle partagera ici sans pudeur des tranches de son quotidien, inspirée par ses deux petits joyeux lurons.