Suis-je la seule?

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Lorsque nous devenons parents, nous avons l’impression d’enfin faire partie d’un grand club sélect d’adultes qui se comprennent, qui vivent sensiblement les mêmes émotions et qui s’encouragent. Lorsque j’étais enceinte de mon premier enfant, je me disais que j’allais maintenant comprendre et partager les conversations de mamans, que j’allais pouvoir demander conseil et échanger certains trucs avec d’autres femmes comme moi. Pourtant, lors de tempête, je ne me suis jamais sentie aussi seule dans mon petit bateau parental. Et, je dois l’avouer, je me suis sentie encore plus seule quand j’ai su que mon enfant avait un trouble du spectre de l’autisme.

Finalement, j’ai réalisé que dans ce grand club sélect de parents, il y avait beaucoup d’hypocrisie, de jugement, de vanité et de non-dits. Comme partout dans la société, nous devons paraître en contrôle et comblée. Alors, voilà, je mets au grand jour toutes les questions que je me pose en secret et que je n’ose pas formuler haut et fort par peur de trahir l’omerta familiale. À votre guise d’y répondre au non!

Suis-je la seule à parfois être jalouse des parents qui ont des enfants neurotypiques?

Suis-je la seule à parfois me dire que mes propres parents ne comprennent rien à mon quotidien, car ils n’ont pas eu d’enfants différents, eux?

Suis-je la seule à trouver injuste que l’autisme tombe sur notre famille, moi qui aie toujours tout fait selon les normes et recommandations?

Suis-je la seule à parfois me sentir un brin coupable de ne pas essayer la diète sans gluten et sans caséine?

Suis-je la seule à parfois être écœurée des pictogrammes, des dessins, des séquences, des tableaux, des scénarios sociaux, des rendez-vous, des recommandations et des conseils?

Suis-je la seule à parfois avoir l’impression de ne jamais en faire assez, de stimulations, de devoirs, d’observations?

Suis-je la seule à qui les spécialistes leur tapent parfois sur les nerfs, car je me dis qu’ils ne savent tellement pas c’est quoi vivre avec l’autisme 24h/24h?

Suis-je la seule à parfois être exaspérée d’entendre des « ça paraît pas », des « ça pourrait être pire », des « oh que vous êtes courageux! » ?

Suis-je la seule à parfois ne plus être capable d’entendre les problèmes des autres?

Suis-je la seule à parfois comparer l’autisme de mon garçon à l’autisme des autres enfants et à me réconforter  en me disant que ça pourrait être pire?

Suis-je la seule à parfois me demander : « Et si nous avions su? » ?

Suis-je la seule à me dire que je n’aurai jamais la paix?

Suis-je la seule à parfois me dire que c’est tellement de la merde tout ça?

Suis-je seule?

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Enseignante au primaire depuis 11 ans, j’ai la chance d’être maman de deux beaux enfants. Ma grande fille de 8 ans a reçu un diagnostic de TDAH à l’âge de quatre ans. Avec sa folie et son énergie, elle nous fait vivre des montagnes russes d’émotions. Mon garçon de 4 ans a un TSA. Malgré cette différence, il charme tout son entourage. En équipe avec mon mari, j’arrive maintenant à vivre pleinement la vie un jour à la fois, et ce, au travers les hauts et les bas du quotidien. Écrire me permet maintenant de partager mon expérience de vie, mes questionnements, mes doutes mais aussi tout mon amour pour les enfants.