Quand l’avenir inquiète…

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Fiston n’a pas été à l’école depuis près d’une semaine. Un bon rhume, rien de plus! Seulement, puisqu’il est incapable de se moucher (vive la dyspraxie bucco-faciale), ses rhumes se compliquent régulièrement. Ses nombreuses hospitalisations pour bronchiolites, bronchites et pneumonies en font preuve, tout comme ses 69 otites. Ces derniers jours d’absences s’ajoutent d’ailleurs aux nombreux autres depuis le début de l’année scolaire. Les semaines complètes qu’il a fait se comptent sur les doigts d’une seule main.

Fiston est enrhumé? On doit le garder à la maison.

Il est hors de question pour nous de demander à l’enseignante ou à l’éducatrice spécialisée de le moucher. Outre le fait que cela ne fait pas partie de leurs tâches, il serait catastrophique pour son estime personnelle qu’à 10 ans, fiston se promène la morve au nez ou se fasse moucher par une tierce personne, devant tous ses amis!

Fiston a des maux de ventre? On ne l’envoie pas à l’école.

Pour une raison X, à travers l’un de ses 6 diagnostics, il y en a un qui fait en sorte que fiston est incapable de s’essuyer quand il va aux toilettes. Encore là, il est hors de question pour nous de demander à l’enseignante ou à l’éducatrice spécialisée de pallier à cette difficulté. Parce qu’elles n’ont pas à le faire, mais bien aussi parce que je n’ose pas envisager l’effet dévastateur que cela aurait sur l’estime de soi de fiston.

Fiston a un rendez-vous? Il s’absente de l’école toute la journée!

En effet, dès qu’un rendez-vous a lieu à l’intérieur des heures de classe, fiston doit s’absenter toute la journée. Son incapacité à gérer le « bris de routine » fait en sorte qu’il est impossible de l’envoyer en classe et d’aller le chercher en plein milieu de la « séquence scolaire », tout comme il est impossible de le retourner à l’école suite à un rendez-vous. Arriver en plein milieu de la journée? En plein milieu d’une activité? Ne pas savoir ce qui s’est passé avant? Risquer d’avoir toute l’attention sur lui? C’est hors de question…

Fiston a souffert d’insomnie et a mal à la tête? Il reste au chaud dans son lit.

Mieux vaut une absence d’une journée qu’une absence devant se prolonger car les conséquences d’un malaise ou d’un mal-être non-décelé seraient trop importantes et prolongeraient la convalescence. Les signes de détresse que fiston présente lorsqu’il n’est pas dans un milieu sécurisé et sécurisant sont particulièrement ardus à déceler. Par conséquent, une seule enseignante depuis le début de sa scolarisation a été en mesure de les repérer et donc, d’intervenir au bon moment. Comme cela n’est plus le cas depuis belle lurette, nous ne pouvons l’envoyer à l’école car personne ne verra qu’il ne va pas et lui, il ne le verbalisera pas.

Fiston a une sortie scolaire? Il ne participe pas et reste à la maison.

Le manque de repères dans ce type d’activité est catastrophique pour fiston. Ajoutons à cela la crainte de l’inconnu, la présence d’un mal des transports (combiné à une phobie de vomir), l’anticipation de tout ce qui selon lui pourrait mal se dérouler et le manque de confiance qu’il a dans les intervenants scolaires qui gravitent autour de lui. Alors une sortie scolaire est inimaginable.

Par chance, à travers tous ses diagnostics et toutes ses difficultés, fiston n’a jamais présenté d’indice quelconque d’un trouble d’apprentissage, quel qu’il soit. Bien au contraire, même. Malgré toutes ses absences, fiston a toujours été parmi les premiers de classe. Seulement, plus il vieillira, plus ce sera difficile et plus ses absences auront des conséquences.

Des conséquences au niveau de ses résultats scolaires, les notions devenant de plus en plus complexes (et le nombre d’intervenants se multipliant).

Des conséquences au niveau de la gestion de son horaire, ses moments de pause devant éventuellement être occupés à reprendre les travaux manqués (sa psychorigidité en prendra pour son rhume).

Des conséquences au niveau de sa dyspraxie, car en travaillant d’arrache-pied pour reprendre son retard, il se fatiguera (et la fatigue accentue les signes de dyspraxie).

Des conséquences au niveau de son anxiété, car l’anxiété le rend malade et la maladie le rend anxieux (quel beau cercle vicieux!).

Et là, je ne parle que des conséquences pour lui, pas des conséquences sur sa fratrie, sur sa famille, sur les boulots de papa et maman. Je ne parle que des conséquences à court terme, pendant ses années d’école… Je ne suis pas rendue au moment où il fera son entrée sur le marché du travail…

Je n’ose pas me projeter dans l’avenir…

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Enseignante en adaptation scolaire au secondaire, sur la Rive-Nord de Montréal. Mariée depuis 4 ans à mon complice des 16 dernières années, je suis la maman de trois merveilleux anges cornus. Passionnée par mon métier et ma famille, je cherche à conjuguer le tout sans y laisser ma peau, tout en tentant de favoriser l'épanouissement de mon enfant à besoins particuliers... sans négliger qui ou quoi que ce soit au passage!